fête de l'Epiphanie . homélie Fontgombault.
Publié le 7 Janvier 2015
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 6 janvier 2015)
Invenerunt puerum.
Ils trouvèrent l'enfant. (Mt 2,11)
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Après les bergers, après Siméon et Anne, dont les rencontres avec l'Enfant Jésus, dans la crèche et au Temple, ont été rapportées par saint Luc, les Mages, d'après l'évangile selon saint Matthieu, sont les derniers à visiter l'Enfant divin.
Parmi les premiers à recevoir la bonne nouvelle, l'évangile de la naissance du Sauveur, du roi des juifs, ces disciples sont repartis chez eux transformés par la rencontre avec l'Enfant.
C'est à un mariage qu'ils ont assisté, aux noces de Dieu et de l'humanité. Le 1er janvier, en la solennité de Marie, Mère de Dieu, l'Eglise chante : « O admirable échange ! Le Créateur du genre humain, prenant un corps et une âme, a daigné naître d'une Vierge ; et, entrant dans l'humanité, sans le concours de l'homme, il nous a donné part à sa divinité. »
Invenerunt puerum.
Ils trouvèrent l'enfant. (Mt 2,11)
Prendre part à ces noces est offert à tous.
La Constitution pastorale du Concile Vatican II sur l'Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes, enseigne :
Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au Mystère pascal. (n° 22)
Pourtant, si Dieu offre à tous la possibilité d'être associé au Mystère pascal, il ne s'ensuit pas pour autant que tous s'y associent effectivement. Souvenons-nous de la parabole des invités conviés à la noce par des serviteurs :
... Eux, n'en ayant cure, s'en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce ; et les autres, s'emparant des serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. (Mt 22, 5-6)
Aller à la noce ne suffit pas. La parabole ajoute :
Le roi entra alors pour examiner les convives, et il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces. « Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? » L'autre resta muet. Alors le roi dit aux valets : « Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. » (Mt 22, 11-14)
Trouver la crèche, trouver l'Enfant, est un don de Dieu.
Pour désigner l'endroit, Dieu utilise des médiations inattendues : une étoile, des anges, un livre, un roi ombrageux.
Le plan de Dieu n'est pas le plan de l'homme. Les moyens de Dieu ne sont pas les moyens des hommes. Dieu requiert simplement le discernement de sa Parole au milieu des paroles, l'abandon et la docilité à celle-ci, donnant à chacun la grâce pour la mettre en pratique. Voir, et ne pas faire, revêt un caractère de gravité proportionnel à la lumière donnée par Dieu.
Si Dieu donne la lumière, les exigences de la Providence paraissent parfois rudes, mettant à l'épreuve la foi et pouvant conduire au doute.
Les Mages, pour suivre l'étoile, ont dû renoncer à une vie organisée, sans aucun doute confortable – ils étaient riches –, pour prendre les chemins de l'inconnu... Le but de la route était un Enfant, « le roi des juifs qui vient de naître » (Mt 2,2). A quoi bon se déplacer pour un enfant ? A quoi bon venir l'adorer ?
L'étoile, « son étoile », a été, pour les Mages, le signe qui devait exercer leur foi. Les Mages ont compris le message de l'étoile. À travers elle, c'est le roi des juifs qui les invitait à ses noces, et c'est lui qu'ils devaient venir adorer.
Le comportement d'Hérode est tout différent. Il n'est pas loin de Bethléem, une dizaine de kilomètres. Il a dans son entourage des savants, experts à lire les saints Livres et à interpréter leurs paroles. Enfin, il y a les Mages dont la venue mystérieuse aurait dû l'inciter à se mettre, lui aussi, en route. Pourtant, Hérode ne se déplace pas.
Ainsi, ceux qui sont à deux pas de l'enfant ne le trouveront pas, alors que ceux qui sont au loin vont le trouver.
Car pour les Mages, comme pour Hérode, il s'agit bien de trouver le roi des juifs : « Allez vous renseigner exactement sur l'enfant ; et, quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage. » (Mt 2,8)
En entrant dans la crèche, les Mages ''voient'' l'enfant (Mt 2,11), selon le texte grec, suivi désormais par la Néovulgate et les traductions françaises. L'ancienne Vulgate, quant à elle, traduisait (en reprenant le mot d'Hérode) : ''Ils trouvèrent, invenerunt.''
Il est permis de souligner la richesse sémantique de ce mot invenerunt. ''Trouver'', en français, incite à considérer l'objet : ''Ils trouvèrent l'enfant''. En latin, ''invenerunt, venir-dans'', tourne plutôt l'attention sur le sujet : ''Les Mages sont venus dans'' la crèche, ils sont venus dans le mystère. Trouver, c'est ''venir dans'', c'est entrer en communion profonde. Ainsi les Mages ont vraiment trouvé Jésus.
Ces êtres cultivés ont tout abandonné pour cheminer vers un inconnu, « le roi des juifs qui vient de naître ». Dieu ne les a pas abandonnés : ils ont trouvé.
De tous ceux qui se sont rendus à la crèche, les Mages sont, sans conteste, les plus proches de nous.
Suivre les pas d'Hérode ou ceux des Mages ?
Les étoiles, au firmament de nos vies, ne manquent pas. Toute belle œuvre, tout geste de charité ou de pardon, est une étoile invitant à entrer dans la crèche et à trouver Jésus.
(nb . : Pierre et Charles en ont été sûrement dans ces fêtes de Noël morbides pour le petiit Placide où dans le rien, dans le sans joie, ils intervenaient pour lui montrer l'essentiel .ils ont montré Jésus ! même si de ceux qu'on aurait souhaité on a strictement rien eu ! tout simplement splendide ! je m'en souviendrai quand même ! .
Fermerons-nous les yeux devant les signes de la Providence ? Souhaiterons-nous les voir disparaître ? Oserons-nous les supprimer, les détruire ?
Puissions-nous, comme les Mages, trouver l'Enfant de la crèche, c'est-à-dire entrer en profonde communion avec lui, participer aux noces de l'Agneau avec l'humanité. Puissions- nous, aussi, trouver l'Église qui, selon Bossuet, est « Jésus-Christ répandu et communiqué ». Non pas la considérer comme une étrangère, qu'on dévisage et qu'on juge, mais comme une Mère par laquelle nous vient la vie.
Aux noces de Cana, Marie dit aux serviteurs : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). C'est la mise en pratique du Fiat de l'Annonciation.
Puissions-nous discerner et faire tout ce qu'il nous dira. Alors, nous le trouverons.
Amen.