Papôlatrie...
Publié le 19 Janvier 2011
"Il n'est désormais pas de lieu où le Pape aille où l'on ne se sente en devoir d'aller, pas d'endroit où l'on ne se sente en devoir de parler de lui, d'évoquer ses qualités, d'accrocher sa photo, de vendre ses ouvrages, sans paraître parfois réfléchir à leur contenu. Tout cela, au fond,
pour un seul fait : la place que le Pape a reconnue à l'ancienne forme liturgique dans l'Eglise.
A y regarder pourtant de près, la "papolâtrie" d'hier, celle qui était fustigée, la papolâtrie en la forme ordinaire, si l'on peut dire, était moins ridicule que celle des nouveaux fans. Au moins avait-elle pour elle d'être sincère et loyale, qui n'entretenait généralement pas trop d'ambiguïtés sur son adhésion complète au magistère, y compris celui issu du deuxième Concile du Vatican.
La papolâtrie en la forme extraordinaire, elle, a fait mine d'ignorer la perpétuation du discours du Pape Jean-Paul II par le Pape Benoît XVI, pourtant d'une évidence solaire, sur des chapitres majeurs, tels que la réception nécessaire du dernier Concile, la liberté religieuse, les droits de l'homme, le dialogue oecuménique.
A jouer ce jeu-là, on en avait oublié, jusqu'à l'indignation d'aujourd'hui, que le même Pape Benoît XVI n'était pas traditionaliste et qu'il avait déjà célébré dans la rencontre d'Assise de 1986, tellement honnie, un "message vibrant en faveur de la paix" et "un événement destiné à laisser un signe dans l’histoire de notre temps".
HERMAS.Info
L'émotion manifestée par certains groupes à l'annonce du voyage du Saint-Père à Assise est éclairante à plusieurs égards.
En premier lieu, elle manifeste - une fois de plus - leur volontarisme idéaliste, qui les porte, au lieu de chercher la vérité des choses, à envahir la réalité de leurs fantasmes, quitte à se mentir à eux-mêmes sur ce qu'elle est, à masquer ce qui les dérange et à s'illusionner, au fond, sur la consistance réelle de leurs fidélités, dont ils font si grand bruit contre les autres.
En second lieu, elle instruit chacun sur l'attitude prudente à laquelle il faut toujours se contraindre.
"Prudence chrétienne" ne veut pas dire auto-aveuglement, ni dans l'acceptation, ni dans le refus de ce qu'on peine objectivement à saisir.
Devant la complexité des choses, elle signifie qu'il faut se résoudre à être interrogé par elles, à leur ouvrir notre intelligence, à admettre que l'on puisse ne pas tout comprendre, à accepter surtout d'être éclairé par d'autres, en particulier, en l'occurrence, par l'Eglise elle-même, maîtresse de vie et de vérité, qui a grâce d'état pour cela, dans une recherche de bonne foi, loyale, et un authentique souci catholique de discernement.
Le Pape Benoît XVI insiste, sur tous les tons, sur la nécessité du rapport de l'intelligence à la foi.
La fidélité de chacun à l'Eglise ne consiste pas à moutonner benoîtement, si l'on peut dire, à proportion des approbations, appuis ou encouragements pontificaux que nos propres convictions ont pu recevoir, en quelque domaine que ce soit, en particulier liturgique, comme si le triomphe de notre subjectivisme en était la mesure.
Elle consiste, comme toute obéissance humaine vertueuse, à entrer dans l'intention du Souverain Pontife, par un effort d'intelligence et de foi, pour que cette intention devienne nôtre et serve de guide intériorisé à notre fidélité.
Il en est ainsi d'Assise comme de tout, comme de tout ce que certains groupes traditionalistes font encore mine d'ignorer, du deuxième Concile du Vatican jusqu'à nos jours.
Bien vu aussi !
en union de prières