4 août : st Dominique op.
Publié le 3 Août 2015
L’Eglise célèbre aujourd’hui la mémoire de saint Dominique de Guzmán, prêtre et fondateur de l’ordre des Prédicateurs, les Dominicains.
Saint Dominique fut un homme de prière. Amoureux de Dieu, il n’eut pas d’autre aspiration que le salut des âmes, en particulier de celles qui étaient tombées dans les filets des hérésies de son époque ; imitateur du Christ, il incarna radicalement les trois conseils évangéliques en joignant à la proclamation de la Parole le témoignage d’une vie pauvre ; sous la conduite de l’Esprit-Saint, il progressa sur la voie de la perfection chrétienne. En tout temps, la prière fut la force qui renouvela ses œuvres apostoliques, les rendant toujours plus fécondes.
Le bienheureux Jourdain de Saxe, mort en 1237, son successeur à la tête de l’Ordre, écrivait ceci : « Pendant la journée, personne ne se montrait plus sociable que lui... Inversement, la nuit personne n'était plus assidu que lui à veiller en prière. Il consacrait la journée à son prochain, mais il donnait la nuit à Dieu » (P. Filippini, San Domenico visto dai suoi contemporanei, Bologne 1982, pag. 133).
En saint Dominique, nous pouvons voir un exemple d’intégration harmonieuse entre contemplation des mystères divins et activité apostolique. D’après les témoignages des personnes qui lui étaient le plus proches, « il parlait toujours avec Dieu ou de Dieu ». Une telle observation montre sa communion profonde avec le Seigneur et, en même temps, son engagement constant pour conduire les autres à cette communion avec Dieu. Il n’a pas laissé d’écrits sur la prière, mais la tradition dominicaine a rassemblé et transmis son expérience vivante dans une œuvre intitulée : « Les neuf manières de prier de saint Dominique ». Ce livre a été composé entre 1260 et 1288 par un frère dominicain ; il nous aide à comprendre quelque chose de la vie intérieure du saint et il nous aide aussi, avec toutes nos différences, à apprendre quelque chose sur la manière de prier.
Il y a donc neuf manières de prier selon saint Dominique et chacune d’elles, qu’il pratiquait toujours devant Jésus crucifié, exprime une attitude corporelle et une attitude spirituelle qui, intimement liées, favorisent le recueillement et la ferveur. Les sept premiers modes suivent une ligne ascendante, comme des pas sur un chemin, vers la communion avec Dieu, avec la Trinité : saint Dominique prie debout, incliné pour exprimer l’humilité, étendu par terre pour demander pardon pour ses péchés, à genoux en signe de pénitence pour participer aux souffrances du Seigneur, les bras ouverts, en fixant le crucifix pour contempler l’Amour suprême, le regard levé vers le ciel en se sentant attiré dans le monde de Dieu. Il y a donc trois positions : debout, à genoux, étendu par terre ; mais toujours le regard tourné vers le Seigneur crucifié. Les deux autres modes, eux, sur lesquels je voudrais m’arrêter brièvement, correspondent à deux pratiques de piété habituellement vécues par le saint. Avant tout, la méditation personnelle, où la prière acquiert une dimension encore plus intime, fervente et rassérénante. A la fin de la récitation de la Liturgie des heures, et après la célébration de la messe, saint Dominique prolongeait sa rencontre avec Dieu, sans se donner de limites de temps. Assis tranquillement, il se recueillait en lui-même dans une attitude d’écoute, lisant un livre ou fixant le crucifix. Il vivait si intensément ces moments de relation avec Dieu, que l’on pouvait aussi, de l’extérieur, saisir ses réactions de joie ou de pleurs. Il a donc assimilé, par la méditation, les réalités de la foi. Les témoins racontent que, parfois, il entrait dans une sorte d’extase, le visage transfiguré, mais aussitôt après il reprenait humblement ses activités quotidiennes, raffermi par la force qui vient d’en-haut. Il y avait aussi sa prière pendant ses voyages entre un couvent et un autre ; il récitait les laudes, l’heure médiane, les vêpres, avec ses compagnons et, traversant monts et collines, il contemplait la beauté de la création. Alors, jaillissait de son cœur un chant de louange et d’action de grâce envers Dieu pour tous ses dons, surtout pour sa plus grande merveille : la rédemption opérée par le Christ.
Chers amis, saint Dominique nous rappelle qu’à l’origine du témoignage de la foi que tout chrétien doit donner dans sa famille, au travail, dans son engagement social, et aussi dans les moments de détente, il y a la prière, le contact personnel avec Dieu : seul ce rapport réel avec Dieu nous donne la force de vivre intensément chaque événement, en particulier les moments plus douloureux.
Ce saint nous rappelle aussi l’importance des attitudes extérieures dans notre prière. Se mettre à genoux, se tenir debout devant le Seigneur, fixer son regard sur le crucifix, s’arrêter et se recueillir en silence, ne sont pas des attitudes secondaires, mais cela nous aide à nous mettre intérieurement, par toute notre personne, en relation avec Dieu. Je voudrais rappeler encore une fois la nécessité pour notre vie spirituelle de trouver chaque jour des moments pour prier tranquillement ; nous devons prendre ce temps pour nous, surtout pendant les vacances, avoir un peu de temps pour parler avec Dieu. Ce sera aussi une manière d’aider ceux qui nous sont proches à entrer dans le rayonnement lumineux de la présence de Dieu, qui porte la paix et l’amour dont nous avons tous besoin.
Benoît XVI