In principio erat Verbum
Publié le 28 Décembre 2008

Francesco Furini
[Florence, 1603 - Florance, 1646]
Saint Jean l'Evangéliste
Un jeune garçon est assis à sa table de travail. Si aucun attribut traditionnel (auréole, aigle) ne permet de reconnaître dans cette image le plus jeune des apôtres du Christ, quelques mots lisibles sur le livre ouvert renvoient cependant au début du quatrième Évangile du Nouveau Testament qui lui est attribué : "In principio erat Verbum" ("Au commencement était le Verbe"). Le visage songeur aux yeux noyés dans l'ombre, le bras nu reposant sur un livre fermé, se détachent d'une épaisse obscurité. Un rayon de lumière issu d'une ouverture sur la gauche effleure les carnations modelées par le clair-obscur. Il illumine les détails précieux de l'encrier et de la plume posés sur la table, ou de la manche bouffante travaillée en rehauts de blanc à la pointe du pinceau. La draperie d'un éclatant vermillon, lourd morceau d'étoffe théâtralement drapé sur l'épaule, retombe en plis cassés. Seule note colorée, elle confère une imposante dignité à ce jeune modèle d'atelier qui apparaît dans d'autres peintures de Francesco Furini. Ce peintre, qui devint prêtre en 1633, ne renonce pas ici à la sensualité et à la virtuosité qui caractérisent sa production antérieure. Influencé par l'art du Caravage, il compose, par un jeu de clair-obscur, une représentation intériorisée et sensible.
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"Le Verbe est en dehors, il ne se meut pas; il demeure: "Il était". Pour lui, ni passé, ni à venir; il est tout entier au présent, mais à un présent qui n'est pas le nôtre, si ténu et insaisissable. De là cet imparfait:" Il était." Il ne désigne pas une imperfection en lui, mais en moi, dans ma pensée impuissante, dans mes mots trop courts. ...
... écouter, dans cet abîme et ce silence, la Parole qui ne commence pas et par laquelle tout a commencer, entrer avec elle dans l'immensité où elle retentit, qui est sa demeure, où elle veut que je demeure, avec elle et que je dise ce qu'elle dit!"
dom Guillerand.