Marcos Pou Gallo : le passage d'une étoile
Publié le 2 Mars 2015
Le 22 février 2015, mourait un jeune séminariste du diocèse de Barcelone [une semaine et demie après son entrée au séminaire], lié au mouvement Communion et Libération, Marcos Pou Gallo, dans un accident de moto, à l’âge de 23 ans.
Le cardinal Martínez Sistach a célébré la messe pour le repos de son âme le dimanche suivant, au séminaire de Barcelone. Lors de la messe d’enterrement, son oncle, le Père Iago Gallo, a prononcé l’homélie suivante, dont nous traduisons des extraits.
La personnalité de ce jeune homme, et son charisme, sont un bel aliment pour l'espérance. Les "temps sont mauvais", comme disait saint Paul [en a-t-il jamais été autrement ?] mais les saints sont toujours présents.
Le Petit Placide présente à toute sa famille ses sincères condoléances et l'assurance de ses prières, en cette année de la vie consacrée.
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« Nous étions quelques privilégiés, parce qu’il en avait décidé ainsi, j’ignore combien, peut-être deux ou trois, à savoir depuis quelque temps déjà, voire des années, que Marcos préparait une surprise. Une demi-surprise, en vérité, parce que là où il allait on lui demandait déjà s’il était séminariste. Nous savions qu’à la fin de ses études de physique, Marcos ferait la surprise d’entrer au séminaire diocésain de Barcelone.
Et il en fut ainsi. Son rêve de voir arriver ce jour s’est réalisé. Ce beau jour qui allait lui permettre de communiquer à tous pourquoi il vivait comme il vivait. Enfin il révélait ce qui était caché. “Et maintenant que tu as fini tes études, qu’est-ce que tu vas faire ? Et il nous menait en bateau les uns et les autres".
La nouvelle était : « je veux être prêtre ». « Je veux entrer au séminaire ». Voyez-vous, cela a été précieux de pouvoir accompagner Marcos pendant ces semaines. De voir comment ce rêve s’accomplissait, dont il avait fait son trésor, sur lequel il avait tellement veillé et qu’il chérissait tellement. Il se joignait aux prêtres, il regardait les prêtres. Mais il ne voulait pas être prêtre pour l'exercice de la fonction sacerdotale, il voulait l'être pour le visage de Jésus-Christ.
Il nous a expliqué, pendant ces semaines – bien que nous ayons déjà vu comment il avait vécu tout cela au cours des dernières années de sa vie – ou, plus exactement, il nous a montré comment, pour lui, dans son expérience, Jésus-Christ était quelqu’un de tout à fait réel, de tout à fait concret, de tout à fait expérimentable, à la manière dont saint Jean parle de "ce que mes yeux ont vu, de ce que mes oreilles ont entendu, de ce que j’ai pu toucher de mes mains". Le Christ était si beau et si présent pour lui que Marcos n’a pas craint de lui dire oui, oui pour toujours.
Il a risqué ses amours humaines, il a risqué son honneur, il a tout risqué. « Je vais être prêtre », dans ce temps de l’histoire. « Je vais être prêtre ». C’est comme s’il nous disait – prêtez-y bien attention et vous comprendrez ce que je veux dire - « ce n’est pas vrai que deux mille ans se sont écoulés. Le Christ est vivant. Le Christ est vivant. Le Christ – comme nous le disons tous les jours dans l’Angelus – habite au milieu de nous ».
Le prêtre, ce n’est pas une description théologique du Christ. Le prêtre, c’est celui qui, selon la manière d’être et d’agir parmi les hommes que le Christ a inventée, étend les bras, étend beaucoup les bras, étend les bras autant qu’il le peut, avec un bras, avec une main vers Dieu, et avec l’autre main vers l’homme pour les réunir dans la communion.
Le prêtre est celui qui, malgré ses misères humaines, et par la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, permet à l’homme et à Dieu de se rencontrer. Marcos, voyez-vous, n’a pas reçu le sacrement de l’ordre. Mais cela n’a pas été nécessaire à notre Seigneur. Marcos était déjà prêtre en quelque manière. Toute sa façon d’agir, son itinéraire, sa façon de parler, étaient sacerdotaux.
La plupart de ceux qui sont ici le connaissent. Vous lui avez parlé. Vous savez qu’il était absolument impossible d’être avec Marcos plus d’une demi-heure sans qu’il vous parle de Jésus-Christ.
Il était impossible de suivre un peu la piste de ses voyages, de voir comment il employait son temps, impossible de voir comment il souriait, comment il plaisantait, comment il taquinait – spécialement Mathieu et Jean, ses petits frères – sans découvrir ce que tout cela contenait de grand. Il était impossible d’être avec Marcos et de ne pas tenter de surprendre la présence de Celui qui faisait qu’il était ainsi.
Marcos lui a dit oui, oui pour de bon. Marcos – ne nous habituons pas à cela – a dit oui à Dieu. Dieu, selon ses desseins, qui dépassent heureusement les nôtres, a accueilli ce oui. Et comme ce oui était gratuit, sans conditions, Dieu en a fait selon sa volonté. Parce que Marcos a donné son oui à Dieu, ce oui appartenait à Dieu. Dieu a dit : de ce oui je fais ce que je veux. Alors nous nous tournons vers le Seigneur et nous lui disons : « Zut alors, Seigneur, on dirait que tu ne manques pas de prêtres ! Nous sommes si peu, et celui-là, qui valait la peine, pourquoi tu nous le prends ! »
Mais le Seigneur nous répond : « Parce que je vais vous bénir d’une autre manière ; parce que je vais prendre soin du diocèse de Barcelone et de l’Église d’une autre manière, parce que moi aussi je peux le faire ». Parce que Marcos peut le faire du haut du ciel. Parce que Marcos peut nous accompagner du haut du ciel. Marcos, de la main de notre Seigneur, peut le faire.
(…) Quelqu’un a-t-il dû payer quoi que ce soit pour être ami de Marcos ? Non, ce don était gratuit. Et personne ne nous l’a arraché. Il nous a été donné gratuitement, et il continue de l’être. Parce qu’il en est ainsi : Dieu ne donne pas pour ensuite enlever. Il donne pour donner. Et il nous a donné Marcos, pour toujours (…). »
©, traduit de l'espagnol, pour le petit Placide.