l'or, l'encens et la myrrhe .
Publié le 2 Janvier 2019


" Je pense, sauf meilleur avis, que la myrrhe est la première offrande des commençants; ensuite l'encens est le présent de ceux qui progressent; et enfin l'or est le don des parfaits. " abbé Guerric disciple de st Bernard.
Ce dernier don supérieur à tous les autres, symbolise la sagesse. La Bible ne la compare-t-elle pas à l'or, cet or que l'on cherche laborieusement en creusant jusqu'aux entrailles de la terre. Aux parfaits seulement saint Paul parlait sagesse, Saint Grégoire et saint Thomas d'Aquin croient donc que c'est la sagesse que représente cet or. C'est la charité, dit Bossuet et d'autres avec lui. Mais il est facile de tout accorder. La sagesse qu'est-elle autre chose que l'expérience savoureuse d'une charité très parfaite et l'instinct qui en procède pour nous donner le sens des vérités éternelles et nous conduire à leur lumière.
Où le prendre, cet or de l'amour ardent et pur qui fructifie en sagesse? Ame tiède écoute la réponse de Jésus dans l'Apocalypse :' Je te conseille d'acheter de moi cet or", en m'aimant, moi qui pour gagner ton coeur ai revêtu ma divinité impénétrable des charmes sensibles d'une ravissante humanité. Par là tu arriveras à goûter la sagesse :" Voici que je me tiens à la porte et je frappe: Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. "
L'encens est le second présent.
" Qu'est-ce que l'encens du chrétien ? dit Bossuet. L'encens est quelque chose qui s'exhale, qui n'a son effet qu'en se perdant: exhalons-nous devant Dieu en pure perte de nous-mêmes, puisque celui qui perd son âme la gagne:: celui qui renonce à soi-même, celui qui s'oublie, qui se consume lui-même devant Dieu, est celui qui offre de l'encens: épanchons nos coeurs devant lui: offrons-lui de saintes prières qui montent au ciel, tout ensemble qui se dilatent dans l'air et qui édifient toute l'Eglise. Disons avec David :" J'ai en moi mon oraison au Dieu de ma vie" : j'ai en moi l'encens que je lui offrirai et l'agréable parfum qui pénétrera jusqu'à lui" .
La myrrhe
Il faut y joindre le troisième présent qui est la myrrhe. Souvenons-nous de la passion et de la sépulture de notre Rédempteur . Ensevelissons avec lui notre ancienne vie de péché, mortifions en nous toutes ces convoitises qui en sont les restes vivaces.
Il est bien vrai que les commençants ont des raisons spéciales d'offrir cette myrrhe. Mais , comme le dit sainte Thérèse , il n'est point d'état si parfait où il ne soit nécessaire de revenir souvent aux commencements. Et pareillement, même au début de la vie spirituelle, dans l'âme qui tient au moins à conserver l'état de grâce, il faut que la charité soit déjà cet amour de Dieu préféré à tout qui la constitue essentiellement. Tous , donc, à quelque degré qu'ils soient, doivent offrir à Jésus le triple présent des mages.
Les parfaits continueront de pratiquer la mortification que la myrrhe symbolise . Les commençants offriront déjà à Dieu l'or de la charité. Tous élèveront leur âme vers Dieu pour lui rendre leurs devoirs et lui exposer leurs besoins.
En retour de leurs présents, et surtout en réponse à cette prière que figurait et accompagnait leur encens, les mages furent avertis en songe de prendre un autre chemin pour gagner leur pays. Qui les avertit? Le Seigneur Jésus lui-même. Sans doute le divin Enfant ne parlait pas encore. Mais déjà il était celui qui pourra dire : Je suis la Voie. Et c'est lui qui les inspira par son influence secrète.
A la suite de nos chefs, il faut nous aussi retourner dans notre patrie. " Notre patrie, dit saint Grégoire à ce propos, c'est ce paradis dont nous sommes éloignés par l'orgueil, la désobéissance, l'attache aux choses sensibles, le goût du fruit défendu .
Maintenant que nous avons connu Jésus, il nous faut changer de conduite. Pleurons nos fautes, obéissons aux commandements divins, méprisons les biens de ce monde visible, et réprimons les convoitises de la chair. C'est ainsi que nous retournerons dans notre pays.
L'humble petite lumière qui brille dans la nuit à conduit les mages et leur suite innombrable jusqu'au Christ, qui est en personne cette belle étoile annoncée comme devant sortir de Jacob. Il s'est proclamé lui-même " l'astre radieux du matin" dont l'éclat tempéré, dans la vie d'ici-bas, " rassure les fidèles sur l'incertitude du présent et de l'avenir , et les prépare à contempler dans son plein le Soleil de Justice."
Pour obtenir de parvenir enfin dans la plénitude de la lumière divine où les mages entraînent nos âmes, l'Eglise nous fait réciter, pendant toute l'octave de l'Epiphanie, une belle oraison qui résume parfaitement l'enseignement mystique de cette marche à l'étoile :"
O Dieu qui avez révélé aujourd'hui votre Fils aux nations, en leur donnant pour guide une étoile, faites, dans votre bonté, que , vous ayant déjà connu par la foi, nous arrivions à contempler l'éclat de votre gloire, "