dans les pas des martyrs: o bone Jesu, miserere nobis.

Publié le 6 Mars 2019

   " Il sera mené à la mort comme une brebis, et il n'ouvrira pas la bouche, à l'instar de l'agneau muet devant son tondeur."

   Isaïe , ayant prophétisé les souffrances et les causes des souffrances du Messie, annonce également la manière admirable avec laquelle il endurera ses souffrances. Puis il nous rend attentifs sur la grandeur de cette innocente victime. Comment le divin libérateur souffrira-t-il ? Comme une brebis qui n'ouvre pas la bouche pour se plaindre, ni gémir sous la dent des loups et sous le couteau de l'égorgeur, ou comme l'agneau calme et paisible, sous les ciseaux du tondeur. Dans la toute violente faite à l'agneau divin, ce n'est pas seulement la laine, le vêtement qui lui est enlevé, mais la peau, la chair, le sang, la vie, par la flagellation , la couronne d'épines, le crucifiement; et il souffre ces horribles tourments, sans se plaindre, sans gémir, ni résister, avec une patience inaltérable. Aussi lorsqu'on décompose le nom de Jésus dans la langue grecque on trouve par anagramme " Vous êtes la brebis, l'agneau, la victime par excellence."

   La vue d'une brebis et celle d'un agneau qu'on conduisait à la tonte ou à la boucherie faisait fondre en larmes saint François d'Assise. L'image lui rappelait le divin modèle . La patience inaltérable de la victime du Calvaire enfantera des imitateurs. Les apôtres, les martyrs, les confesseurs de tous les temps et de tous les lieux s'efforceront de l'imiter en face de leurs persécuteurs et de leurs supplices. Au Christ, le père du siècle futur, commença une nouvelle race d'hommes. Ils marcheront sur leurs traces, ils se laisseront égorger sans plainte ni résistance, même avec joie, pour la cause de Dieu et de la vérité.

  Le prophète , ayant annoncé les souffrances indicibles et la patience admirable du Sauveur , nous rend attentifs sur l'incomparable grandeur de celui qui a été retranché de la terre des vivants par suite de ses angoisses et de la sentence inique de ses juges.

   Il demande hardiment au ciel et à la terre :" Qui racontera sa génération? Il défie toute intelligence créée de pouvoir la comprendre et la définir .

   Oui, la génération divine et la génération humaine du Christ sont mystérieuses et ineffables. Qui peut les sonder et les comprendre? La génération divine est éternelle dans le sein de son Père : sa génération humaine dans le temps est opérée par le Saint-Esprit dans le sein d'une vierge, ayant comme après l'enfantement; génération où l'humanité et la divinité sont pour toujours unies d'un lien indissoluble et ne forment plus qu'une personne divine.

   Le prophète nous a rendus attentifs sur celui qui souffre, sur ce qu'il souffre et comment il souffre, sur la grandeur de la victime et sa charité inépuisable, qui l'a porté à être mis au rang des scélérats, à être crucifie entre deux voleurs, et à prier pour ses ennemis. Isaïe nous annonce aussi ce qui se passera à son Sépulcre et les merveilleux effets de ses souffrances.

   Le Seigneur donnera des impies pour garder son Sépulcre et des riches pour l'ensevelir après sa mort.

   N'est-ce pas ici, avec une clarté aussi évidente que celle du soleil, la prophétie littéralement accomplie de l'enseignement de Jésus-Christ, et celle des soldats gardiens de son sépulcre, ainsi que nous le verrons?

   Quels seront les merveilleux résultats du supplice volontaire et honteux du Christ? De sa mort sortira une postérité innombrable, qui embrassera tous les temps et tous les lieux. Il sanctifiera cette nouvelle humanité, par son exemple, sa doctrine, ses sacrements; il lui distribuera les dépouilles des forts; il vaincra par elle Satan et les puissances aériennes, les monarques, les chefs des peuples , et lui donnera les richesses et les temples enlevés à ses ennemis. Il sera le vrai froment qui se multipliera en terre; le vrai pélican qui vivifiera ses enfants.

   Dum perit, parit; il sera le vrai Abraham, dont les générations seront plus nombreuses que le sable de la mer et les étoiles du ciel.

   O âme chrétienne, à l'imitation de saint Bernard :" Souvenez-vous donc toujours de ce qu'a souffert le divin Maître, dans ses prédications, dans ses courses, dans ses jeûnes, ses veilles et ses larmes; : n'oubliez jamais les insultes, les crachats, la flagellation les épines, les plaies de ses mains, de ses pieds, de son coeur. Ce souvenir sera votre force et votre stimulant, afin de n'être pas complice du sang du juste versé sur la terre. "

   Suivant la recommandation de saint Augustin :" Voyez sans cesse les plaies du crucifié, le sang du mourant, le prix du rachetant, les cicatrices du ressuscité. Il a la tête inclinée pour vous baiser, les bras étendus pour vous recevoir, tout le corps exposé pour vous racheter. En pensant à ces choses, mettez-les dans la balance de votre coeur, afin que Jésus-Christ soit tout entier dans votre coeur, comme il fut tout entier sur la croix."

abbé Bernard

Rédigé par Philippe

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