Le patriarche de Moscou Cyrille a célébré les funérailles de l’écrivain Valentin Raspoutine
Publié le 19 Mars 2015
Le 18 mars 2015, en la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, le patriarche Cyrille a célébré les funérailles de l’écrivain Valentin Raspoutine, qui est décédé le 14 mars. Le cercueil avec le corps de l’écrivain a été placé la veille en la cathédrale du Christ Sauveur. Parmi ceux qui sont venu faire leurs adieux au célèbre écrivain se trouvait le président Poutine. Avant l’office des funérailles, le patriarche Cyrille a prononcé une allocution dédiée à la mémoire de Valentin Raspoutine. Le patriarche était assisté par le métropolite de Belgorod et Starooskolsk Jean, président du Département synodal missionnaire, de l’évêque de Solnetchnogorsk Serge, dirigeant du secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, de l’archiprêtre Michel Riaziantsev, recteur de la cathédrale du Christ Sauveur, de l’archimandrite Tikhon (Chevnoukov), secrétaire responsable du Conseil patriarcal pour la culture ; de l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, président du Département synodal pour les relations entre l’Église et la société, ainsi que plusieurs clercs de Moscou.
selon l’expression d’Alexandre Soljenitsyne, s’est mis à écrire « comme si le réalisme socialiste était inexistant ».
Originaire de Sibérie orientale, Valentin Raspoutine consacre tous ses récits au destin de la campagne russe. L'Argent pour Maria (1967) dépeint le glissement des valeurs villageoises communautaires vers l'individualisme (personne ne donnera à Kouzma l'argent dont il a besoin pour sauver sa femme). Le monde paysan vit ses derniers jours, telle Anna, simple paysanne héroïne du Dernier Sursis (1970). Mes leçons de français (1973) rendent un dernier hommage à la bonté de ces gens simples, à travers la figure d'une institutrice, tandis que Vis et souviens-toi (1974) met en scène une femme incapable de survivre à la faute de son mari, déserteur : tous deux sont rejetés par la communauté. Le titre de l'Adieu à Matiora (1976) est emblématique : ce village englouti par les eaux, au nom du progrès, symbolise la fin de l'univers patriarcal – rupture trop brutale qui trouve en quelque sorte son châtiment dans l'Incendie (1985). À partir des années 1980, Raspoutine publie surtout des essais et des nouvelles. [Dictionnaire mondial des littératures, Larousse]
Contre cette vision purement “sociétaire” qui ne reconnaît aucune présence ni récurrence potentielle aux moments forts du passé, qui ignore délibérément toute “saveur diachronique”, Raspoutine et les ruralistes défendent le statut mythique de la nation, revalorisent la pensée archétypique, réhabilitent l’unité substantielle avec les générations passées.
Contre l’idéologie dominante, qui veut nous arracher nos histoires pour nous rendre dociles, l’œuvre de Raspoutine, sa simplicité poignante et didactique, son universalité et sa russéité indissociables, sont des armes redoutables. À nous de nous en servir, à nous de diffuser son message. Qui est aussi le nôtre.
Robert Steuckers,
Les femmes avaient de tout temps joué un grand rôle en Russie, sans doute plus grand que les hommes. Certes, les hommes allaient à la guerre pour défendre la Patrie, travaillaient aux champs, dans les forges et faisaient le gros des travaux domestiques. Mais c’étaient les femmes qui s’occupaient des enfants et étaient gardiennes du foyer. Même quand notre foi était persécutée, elle a finalement survécu grâce aux femmes. Elles conservaient la pureté de la langue et la parlaient mieux que les hommes. Quand je le dis, je pense surtout à ma grand-mère et au vieilles femmes de mon village que j’écoutais avec une véritable délectation! C’était une source de langue russe authentique et une mine de sagesse. Les femmes avaient sans doute la possibilité de réfléchir davantage à la vie et avaient une âme plus généreuse et plus pure.