les nombres du Rosaire.
Publié le 10 Mars 2010

Les nombres du Rosaire doivent eux-mêmes attirer notre attention.
Venus du ciel, ils ont une grande importance, et on découvre en eux plusieurs significations mystiques. Elles pourront paraître ridicules à ces esprits terrestres qui ne savent apprécier que la terre; mais elles ont une sagesse toute céleste pour les âmes bien nées qui portent en elles-mêmes ce pieux sentiment que saint Paul appelle le sens de Jésus-Christ.
Disons que le Rosaire dans ses trois parties rappelle très ingénieusement, on peut même dire renouvelle continuellement dans l'Eglise la triple offrande que les mages, ces prémices des croyants, présentèrent devant la crèche à Jésus et à Marie. En effet, ne leur offrons-nous pas de l'encens précieux, en méditant dans la première partie de leur vie, suave et délicieux parfum de prières, de sacrifice et de sainteté? Nous leur offrons aussi une myrrhe d'un grand prix, en nous rappelant dans la seconde leur passion, amer bouquet de travaux, d'afflictions et de douleurs. Enfin n'est-ce pas l'or très pur du paradis que nous leur présentons, en médiant dans la troisième leurs gloires incomparables et leur triomphe?
Les dix Ave Maria qui, dans le Rosaire, suivant le Pater, nous apprennent que si nous voulons obtenir quelque grâce de Dieu, nous devons recourir à Marie sans jamais nous lasser, et nous disent aussi que tout acte de dévotion, toute prière à Jésus ou à Marie, doit être accompagné du son mystique de la harpe à dix cordes dont parle le prophète David dans ses psaumes PS. XCI,4, c'est-à-dire, comme l'expliquent les Pères de l'Eglise, de l'observation des dix commandements, ou du désir sincère de les observer.
Mais une autre signification de la plus haute importance est contenue dans les dizaines du Rosaire: nous voulons parler des dix drachmes de la femme de l'Evangile, dans lesquels saint Grégoire le Grand trouva symbolysés les neuf choeurs des anges et le genre humain déjà perdu par le péché.
Oui, le Rosaire avec ses dizaines nous rappelle que, par les mystères de notre rédemption, nous avons été faits semblables aux anges; qu'en le récitant comme nous devons, nous nous unissons aux anges pour louer Marie, et que nous deviendrons des anges par l'innocence et par la pureté de nos moeurs; qu'enfin en persévérant dans cette dévotion, nous serons un jour dans le ciel associés aux anges dans la béatitude éternelle.
Quant aux quinze dizaines qui composent le Rosaire, nous observons qu'elles se trouvent assez bien représentéess dans les quinze degrés par lesquels, dans la loi antique, on montait au temple de Jérusalem, et qui étaient le symbole des degrés des vertus par lesquels on monte à Dieu, comme dit le Psalmiste: Qui montera à la montagne de Dieu? ...Celui qui est innocent et pur de coeur. PS XXIII
Le Rosaire bien récité est, comme nous le verrons, une échelle de quinze degrés apportée du ciel par la Vierge sainte, par laquelle les fidèles croissent continuellement en charité, vont de vertu en vertu jusqu'à la vision divine sur la montagne sainte. PS. LXXXIII
Aussi le souverain pontife Urbain VIII appelle-t-il le Rosaire l'augmentation des chrétiens, et a-t-on toujours jugé aussi ingénieux que vrai l'anagramme suivant: Rosarium Mariae, Aerarium amoris, parce qu'à tout point de vue le Rosaire de Marie est un trésor de charité.
Nous ferons encore observer avec un grave auteur que le Rosaire, un et triple en même temps, nous rappelle l'unité et la trinité de Dieu, en qui nous avons l'existence, le mouvement et la vie; que ses trois parties nous rappellent aussi la triple virginité de la Mère de Dieu, que nous invoquons comme vierge avant l'enfantement, pendant l'enfantement et après l'enfantement; que le nombre des cinquante Ave Maria de chacune de ses trois parties, pareil au nombre du jubilé séculaire, qui veut dire rémission, nous dit de quelle manière le Rosaire, comme un triple jubilé, nous délivre des péchés, de leur peine et des misères de cette vie. Enfin, les cent cinquante Ave Maria, unis ensemble, nous rappellent les cent cinquante jours après lesquels les eaux du déluge commencèrent à diminuer, parce que par le Rosaire les fléaux de Dieu sont détournés, nous sommes délivrés des eaux de la tribulation, et l'ar-en-ciel apparait.
Concluons enfin par ces paroles du grand archevêque et cardinal saint Charles Borromée sur le sens mystique du Rosaire:" Quant à ses parties, dit-il, les cinq pater signifient les cinq plaies; les dix Ave Maria les dix commandements de Dieu, le nombre de cinquante Ave Maria se rapporte à l'année du jubilé, qui signifie dans l'Ecriture rémission des péchés. Quiconque avec ce nombre de prières supplie Notre-Seigneur Jésus-Christ et salue sa sainte Mère, demande que Dieu, par la passion de Jésus-Christ et par les mérites et l'intercession de sa Mère, lui accorde la pleine rémission et le pardon de tous ses péchés, et lui donne le secours pour accomplir avec courage les divins commandements."
R.P. Chery
O.P.