vocation
Publié le 21 Avril 2010
"Et maintenant encore, quand nous recevons ces enfants, riches ou pauvres, dans nos Petits-Séminaires, que faisons-nous, que devons-nous faire?
quelque chose de fort simple : nous les laissons tous libres; nous n'en prédestinons aucun à l'état ecclésiastique ; nous respectons ces jeunes âmes.
Nous les élevons dans l'amour de Dieu et de leurs parents ; dans la piété et dans l'innocence, dans le respect de l'autorité, dans l'oubli profond de toutes les agitations politiques ; puis nous leur révélons de temps à autre les grandeurs du sacerdoce, et aussi ses périls; nous leur déclarons que, pour porter le caractère sacerdotal, c'est-à-dire pour se dévouer tous les jours de sa vie, il faut être né grand ou le devenir.
Nous leur répétons souvent que des cœurs vulgaires, des caractères faibles, des esprits abattus, une Éducation commune n'y suffiraient pas ; qu'aujourd'hui surtout les peuples demandent autre chose à leurs prêtres, et avec raison.
Nous leur déclarons que, s'il en est parmi eux dont le cœur ne soit pas assez ferme, ils doivent s'arrêter au seuil du sanctuaire.
Nous ajoutons qu'il est d'ailleurs une gloire réservée à tous : si tous ne sont pas appelés au dévouement de l'apostolat qui prêche, qui combat, qui se sacrifie, tous sont appelés à exercer au milieu du monde le noble apostolat des vertus chrétiennes et à en perpétuer dans leurs familles la consolation et l'exemple.
Ces choses n'ont point été assez comprises par les hommes politiques, ni par les gens du monde : et je ne m'en étonne pas ; je regrette seulement que, sans les comprendre, on se soit cru fondé à en parler quelquefois avec une si étonnante assurance.
Mais nous, à qui elles sont familières, nous qui y dévouons chaque jour tout ce que nous avons d'intelligence et de cœur, nous concevons sans peine que ceux qui se présentent dans les Petits-Séminaires pour y recevoir cette forte et sainte Éducation, n'arrivent pas tous au sacerdoce ; nous concevons que les uns manquent le but par défaut de courage, et les autres parce que Dieu leur réserve des destinées différentes. Et il n'y a rien ici qui doive surprendre.
La première Éducation est le temps de l'examen et de l'épreuve : c'est alors que, sous l'influence d'une direction profondément chrétienne, le germe de la vocation sacerdotale, si Dieu l'a véritablement déposé dans le cœur, peut se développer et mûrir.
Mais cette vocation sublime, c'est Dieu, et non l'Éducation qui la donne. L'Éducation seulement doit étudier les vues de la Providence, ne les prévenir jamais, et ne les aider même qu'avec discrétion et avec respect. Si les vocations sacerdotales se rencontrent plus fréquentes dans les Petits-Séminaires, c'est d'abord parce que la Providence les y amène;
c'est aussi parce que l'Éducation les y éclaire : mais elle peut, mais elle doit y éclairer aussi des vocations différentes.
Sainte et précieuse jeunesse ! cher et dernier espoir de l'Église et de la patrie! tribu choisie et privilégiée du Seigneur, continuez à croître sous les ailes de la Religion!
Mgr Dupanloup
Mon Dieu, donnez-nous beaucoup de prêtres, de saint prêtres !