Vacances: la prière de demande.

Publié le 8 Juillet 2020

 

 

 Nous disons que la prière est un devoir; mais nous allons plus loin, nous disons que la prière est un besoin. 

   Dût-il faire injure à sa raison qui le presse de quitter le monde visible pour s'élever vers le monde invisible, dût-il oublier sa grande nature dans le commerce profane des créatures, et négliger le commerce sacré de la divinité, l'homme sentirait en lui-même l'aiguillon de la nécessité, et lèverait encore ses yeux, ses mains, son esprit et son coeur vers le ciel. 

   Admirable disposition de la Providence qui place le besoin à côté du devoir, qui fait du devoir un besoin, afin que le besoin garantisse l'accomplissement du devoir. 

   Dieu veut que nous recourions à sa paternelle libéralité. Il ne nous refusera rien, mais à la condition que nous lui demanderons tout; et lorsque nous nous étonnerons d'avoir le coeur et les mains vides, il nous faudra entendre ces douces et graves paroles : Jusqu'ici vous n'avez rien demandé : Usque modo non petistis quidquam; demandez et vous recevrez: Petite et accipietis. 

    Demander pour recevoir, voilà la loi.

   Dieu nous l'impose parce qu'il se doit à lui-même de traiter ses créatures proportionnellement à leurs facultés. Il n'attend pas que les êtres inférieurs qui ne peuvent ni connaître, ni exprimer leurs besoins , lui adresse une prière; il les prévient, se penche vers eux, et leur dit à chaque instant : Je suis votre père. Il n'est pas entendu, il n'est pas compris; mais son infatigable bienveillance interprète chaque mouvement, chaque mouvement est pour lui comme un désir auquel il répond par un bienfait. A l'astre glorieux qui roule sur les cordes silencieuses de son écliptique, à l'atome obscur qui gravite dans l'ombre, à l'arbre qui fait chanter son feuillage sonore, à la toute petite fleur qui tend sa corolle au soleil, au géant qui remplit le désert de ses cris, au ciron qui va se noyer dans une goutte de rosée, il envoie incessamment sa féconde bénédiction. Il est vraiment père, et le vrai père n'oublie pas un fils idiot qui ne peut ni le connaître , ni lui demander son assistance. Mais au sommet de la nature, nous voici. D'un côté, besogneux comme le reste du monde; d'un autre côté , riches de lumières pour voir ce qui nous manque, connaître la source de tout bien et comprendre notre dépendance. 

   N'est-il pas juste que tout cela soit exprimé par un acte d'humble soumission, dont le propre est d'établir une religieuse correspondance entre nos besoins et la libéralité divine? Cet acte, c'est la prière de demande. Dieu le réclame par cette loi inscrite dans la charte de son gouvernement :" Demandez et vous recevrez: Petite et accipietis". Et en même temps qu'il le réclame, il en garantit l'accomplissement par un mouvement profond, spontané, universel, irrésistible, le mouvement de l'instinct; car tout être intelligent qui peut voir, comprendre, sentir son indigence, a l'instinct de la demande, de la supplication, de la prière. Appelons-en à notre expérience.

   Que fait l'enfant trop faible encore pour étendre la main, et attirer à soi les premiers biens dont son instinct lui révèle la nécessité? Il demande, il prie, les yeux levés vers sa mère, et, s'il ne peut la séduire par ses caresses et ses baisers, il la fléchit par l'importunité de ses cris et de ses larmes. Que fait le pauvre, lorsque le besoin , plus fort que la honte, le jette dans la rue qu'il traversait naguère avec la sainte fierté du travailleur? Il tend la main, il supplie, il conjure, et si l'amour de Dieu qu'il invoque n'a pas assez d'énergie pour attirer vers lui nos coeurs égoïstes, il demande au nom des calamités que sa colère nous prépare, et cherche à arracher l'aumône de nos mains lâches et tremblantes. Que faisons-nous, nous-mêmes. Pauvres à l'égard de ceux de nos semblables qui peuvent donner et répandre sur notre vie quelque chose de leur gloire et de leurs faveurs, nous prions , nous demandons. Nous demandons l'amour des coeurs, l'appui des robustes, des secours, des encouragements , des consolations; nous demandons des choses bonnes et honnêtes, nous demandons , hélas ! des choses honteuses et viles; nous demandons noblement, nous demandons jusqu'à l'oubli de toute pudeur et de tout sentiment généreux.

   Prenons donc conscience de nous-mêmes, et nous reconnaîtrons combien sont multipliés nos besoins et profonde misère, surtout si nous les comparons à la plénitude divine; par conséquent, combien il est nécessaire que nous dirigions vers Dieu le mouvement instinctif qui nous porte à demander.    

 

   Qu'est-ce que l'homme ?

   - Un être vivant de la vie du corps et de la vie de l'esprit. - Eh bien , dans son corps, comme dans son esprit; dans ce  qu'il a de plus vil, comme dans ce qu'il a de plus noble, l'homme est un pauvre, un grand pauvre. Son corps si merveilleusement organisé ne peut subsister par lui-même; il est obligé d'emprunter autour de lui ce qui le protège contre les forces ennemies de son bien-être et de son intégrité.

   Il est vrai  que la nature se prête assez docilement encore à ses exigences; mais il est vrai aussi qu'au-dessus des lois de la nature , règne une force souveraine qui, par de mystérieux ralentissements de son concours, ou par de justes permissions, peut nous rappeler sa présence et trahir ainsi nos désirs et nos espérances. Il est vrai qu'un travail intelligent et opiniâtre peut féconder les terres stériles, et tirer des entrailles de la matière les trésors qu'elle recèle; mais il est vrai aussi que le travail n'a de puissance, de fermeté et de constance qu'autant que l'organisme fonctionne régulièrement et que la santé répond à la bonne volonté. Et la santé, richesse des travailleurs, est à la merci des plus vulgaires accidents. 

   Il est vrai que les favoris de la fortune peuvent se croire affranchis des besoins qui tourmentent la masse des plus petites gens; mais il est vrai aussi qu'aucune puissance de ce monde ne peut les mettre pour toujours à l'abri des surprises et des coups de l'adversité, et que, s'ils étaient sages, ils chercheraient plus haut que ce monde, une garantie et une protection contre les éventualités d'avenir qui les menacent de plus près, peut-être , qu'ils ne pensent. 

   Il est donc vrai que nous ne devons jamais oublier, jamais cesser d'invoquer cette puissance supérieure qui dispose de toutes les lois de la nature, de toutes les fonctions de notre organisme, de tous les évènements de l'avenir; jamais cesser de recourir à Dieu; car cette puissance c'est Dieu.

   

Rédigé par Philippe

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