Publié le 19 Mars 2017
yes, i am dustbin ! welcome !
zakarrontzi ongietorria
affermissons nos convictions : tous pourris ! VIVE LE ROI !
« L'homme doit être tout à fait sûr qu'à chaque instant Dieu le regarde du haut des cieux » Saint Benoît
Publié le 19 Mars 2017
yes, i am dustbin ! welcome !
zakarrontzi ongietorria
affermissons nos convictions : tous pourris ! VIVE LE ROI !
Publié le 19 Mars 2017
Celui qui n'aime pas ça , franchement ! un cancre !
Publié le 19 Mars 2017
Publié le 18 Mars 2017
que du bonheur ! merci
Publié le 18 Mars 2017
Benoît est né vers 48à à Nursie, petite ville située dans l'Apennin Romain, à quelques kilomètres à l'est de Spolète et de Foligno. Région montagneuse et austère, habitée par une population depuis longtemps chrétienne et célèbre par sa rude vertu. Il appartenait à une famille sénatoriale ou équestre, donc à la bourgeoisie provinciale et cette origine explique ce cachet de distinction, ce souci de courtoisie que l'on remarque si souvent chez lui.
Il fut envoyé faire ses études à Rome, étude des belles lettres sans doute, mais aussi du droit, cette spécialité de la Rome antique, encore en faveur au VIème siècle; sa Règle à plusieurs reprises révèle ' un sentiment délicat du droit, un coup d'oeil de juriste exercé, une grande familiarité avec la langue du droit romain."
Jusqu'à maintenant, la vie de Benoît nous a rappelé d'une manière saisissante celle d'Ambroise; les deux hommes sont à peu près de même origine sociale, tous deux Romains de vieilles familles chrétiennes; tous deux semblent bien devoir à une éducation profondément sérieuse d'avoir mené une jeunesse pure; leurs études supérieures s'étaient pareillement orientées; les tempéraments eux-mêmes semblent assez voisins et, dans une vie comme dans l'autre, il y a la tendresse d'une soeur donnée à Dieu.
Mais il fallut forcer la main à Ambroise pour lui faire abandonner sa carrière de fonctionnaire impérial et entrer dans le clergé séculier, tandis que Benoît, avant même d'avoir achevé ses études, quitta Rome et le siècle pour se donner à Dieu.
Cette première conversion de Benoît fut dûe au dégoût que provoqua chez lui le spectacle de la licence morale qui caractérisait à Rome la vie étudiante. Le roi goth Théodoric, en s'emparant de Rome, avait voulu s'y rendre la populace favorable. Aussi continua-t-il à lui assurer panem et circenses; jamais les jeux du cirque, les pantomines et les ballets n'avaient provoqué pareil engouement et l'on sait de reste à quelle bassesse morale de pareils spectacles descendaient. La fuite de Benoît est une protestation contre cet avilissement .
Il semble qu'alors le jeune homme ait songé au clergé séculier et, à cette fin, commencé avec d'autres débutants, sous la direction d'un prêtre, l'apprentissage de la vie ecclésiiastique. L'expérience ne devait pas durer longtemps. Bientôt Benoît s'enfuyait à nouveau pour se retirer cette fois dans une complète solitude, à Subiaco, à cinquante kilomètres environ à l'est de Rome.
Saint Grégoire donne pour seul motif à cette deuxième conversion un désir de vie plus parfaite. Benoît a-t-il été déçu par le milieu ecclésiastique qui l'avait accueilli? a-t-il pris pour une illusion son désir d'apostolat dans le clergé séculier? a-t-il simplement cédé à un attrait puissant, à une vocation impérieuse? L'important est, en tout cas, de noter que cette retraite est une retraite au désert: c'est à l'imitation des grands solitaires égyptiens, dont la vie était bien connue des milieux ascétiques de Rome, que Benoît va vivre désormais.
C'est en effet une vie d'ermite, dans une grotte, adonné à la mortification et à la prière mentale, qu'il va poursuivre pendant quelques années. De vie commune point, ni donc de liturgie,: leur perfection personnelle était l'unique but de ces ermites, alors assez nombreux dans l'Italie Centrale.
La Providence voulait sans doute que celui qui devait être le patriarche des moines d'Occident fit tour à tour l'expérience de toutes les formes de vie religieuse, car, trois années plus tard, Benoît nous apparait à la tête de disciples, groupés en petits monastères isolés, chacun sous son supérieur propre. Cette formule, conciliation de l'érémitisme et du cénobitisme et s'essayant à corriger l'un par l'autre, avait déjà été expérimentée en Egypte, dont Benoît, là encore nous apparait tributaire.
A cette date en effet, Benoît, accompagné de quelques disciples choisis, quitte Subiaco et va s'installer au Mont Cassin, merveilleux site d'acropole sur la route historique de Rome à Naples. Il va y pratiquer cette fois et jusqu'à sa mort, vers 547, le cénobitisme intégral: un seul monastère, un seul abbé, une seule famille monastique, une seule vie commune. Cette idée non plus n'était pas nouvelle : on la trouvait déjà réalisée, toujours en Egypte, dans les monastères pacômiens.
Mais Benoît, riche d'expérience, ayant tour à tour fait l'épreuve de toutes les formes de vie religieuse connues de son temps, prend enfin conscience de son génie propre; il n'emprunte plus que pour transformer et la Règle qu'il donne au Mont Cassin est, cette fois, une règle originale et qui fait date dans l'histoire de la vie monastique.
E. Delaruelle.
(à suivre )
Publié le 17 Mars 2017
comme s'il n'y avait que des Chinois non mais ! Bravo Vlad. j'ai rien contre les chinois mais font un peu "animaux de cirque".. alors que là c'est vraiment la classe.
Publié le 17 Mars 2017
un peu long saint Benoît mais passionnant. t'as pas d'autre chose à lire quand même ! évidement ça change des histoires de costumes !!!! très beau. ça donnerait envie d'être politique, euhhh.. moine, dis-donc. bon on a pas eu encore de guerres et tout le reste mais ça va viendre. patience. les gens peuvent encore partir au ski ou en vacances si c'est pas beau.
Publié le 17 Mars 2017
Nous avons parlé de François de Sales et de sa réforme morale. Mais après tout, cette protestation contre les observances, cette invitation à une vie plus intérieure , ce sentiment que le Christianisme est avant tout esprit, c'est d'abord chez Jésus lui-même qu'il faut les chercher. Et l'on pourrait dire à ce point de vue que la spiritualité bénédictine est tout simplement un retour à l'Evangile.
La Règle ne nous apporte pas une technique nouvelle de sanctification, mais se borne à rappeler les préceptes et les conseils du Christ.
L'étude des sources de la Règle ne laisse sur ce point aucun doute: on y relève en effet soixante cinq passages des Synoptiques, contre quanrante-huit de saint Paul et cinq seulement de saint Jean. L'Evangéliste le plus souvent utilisé est saint Matthieu (35 citations portant sur 30 versets dont 12 pris dans le Sermon sur la Montagne.) Ces chiffres sont significatifs : Benoît a médité l'enseignement moral de Jésus de préférence aux textes où saint Jean rapporte les propos du Maître sur sa vie intime et ceux où saint Paul présente à ses fidèles le Mystère. Jusque dans l'utilisation des Epîtres pauliniennes ce souci apparaît, puisque Benoît en a surtout dégagé des consignes morales de charité, d'humilité et de patience plutôt que des suggestions mystiques ou des intuitions théologiques.
Saint Benoît a donc vu surtout dans le Christ le réformateur moral, celui qui invite à une conversion. l'héritier du nomisme de l'Ancien Testament, le prédicateur du Royaume qui pose des conditions à l'entrée du salut :"
Seigneur, qui habitera sous ta tente et qui reposera sur ta sainte montagne?
Celui qui a les mains innocentes et le coeur pur. "
L'entrée au monastère lui apparait donc comme le moyen providentiel d'assurer cette conversion à laquelle le Christ appelle et de vivre désormais sous sa loi.
Que chacun cherche pour son compte dans l'Ecriture ce qui satisfera ses besoins d'âme, mais que tous commencent par satisfaire aux commandements communs.
C'est en effet d'un redressement moral que l'Occident du VI° siècle avait besoin. Les invasions barbares et la reconquête de Justinien, des années et des années de guerre et de pillages, de trahisons et d'assassinats y avaient entretenu l'anarchie morale. Le problème n'était pas de mettre en circulation des idées nouvelles sur les rapports de l'homme et de Dieu et d'en faire la théorie, ni de prêcher à des Chrétiens bien frustres les sublimités de la vie mystique, mais de freiner une décadence en rappelant les exigences sine qua non de l'Evangile.
Ce siècle avait besoin de s'entendre redire des préceptes éternels et communs et non de recevoir accès à une sagesse ésotérique, à des voies spéciales de sainteté.
Publié le 17 Mars 2017
rôle de saint Benoît dans la spiritualité.
Si l'on veut comprendre l'originalité profonde de la spiritualité bénédictine, son apport à la civilisation chrétienne et , pour tout dire , la mission historique de saint Benoît, il faut le comparer, me semble-t-il aux deux grands réformateurs religieux du XVI° et XVII° siècles: Benoît est à la fois l'Ignace et le François de Sales de l'Occident au VI° siècle.
Le rôle de st Ignace avait été de mettre fin à la disposition de l'Eglise de son temps, déchirée par l'hérésie et menacée par le schisme, éclatant de toutes parts sous la poussée des nationalismes religieux, confinée encore dans un petit coin du monde alors que se découvraient de nouveaux continents, rongée du dedans par l'immoralité ou la médiocrité de ses clercs, impuissante au monde nouveau en formation et comme frappés de stérilité, exclue pour ainsi dire de la société nouvelle qui s'élaborait - " la Cour et la Ville " - une milice rigoureusement hiérarchisée sous le commandement d'un général lui-même étroitement soumis au pape. Un voeu d'obéissance lie tous les soldats de cette Compagnie à leur Chef suprême; une mystique enthousiaste les entraîne sous leur " étendard " à l'établissement du " Règne " du Christ; la spiritualité du nouvel ordre est une spiritualité de service: non plus contemplation désintéressée, mais se mettre à la disposition de l'Eglise, en lui laissant le soin de gérer elle-même les ressources que nous lui apportons, et en nous efforçant de donner à notre humanité une plus-value qui multiplie le rendement et l'efficacité de notre service.
Au siècle suivant, saint François de Sales s'essayant à constituer une spiritualité adaptée aux besoins de notre pays, avait utilisé pour ce travail les spiritualités antérieures et celles des pays voisins en les purifiant, en quelque sorte, de ce qu'elles avaient d'inassimilable pour la France du XVII° siècle. D'une part, il avait déchargé la vie monastique de toutes les observances, pénitences, prières vocales, règles particulières, - dont l'avait accablée parfois le Moyen-Age, - en y montrant une vie avant tout intérieure, soucieuse d'intention plutôt que de dévotions: travail d'intériorisation. D'autre part, il avait soigneusement filtré les mystiques espagnols, néerlandaise et italienne pour les humaniser , en retenir et en dégager l'élément moral, afin d'éviter à ses lecteurs la tentation du quiétisme et de ne pas les détourner de leurs tâches immédiates; la vie chrétienne apparaissait ainsi avant tout comme faite de petites vertus de tous les jours, plutôt que de grandes contemplations, comme faisant appel à la nature autant qu'à la grâce: travail d' humanisation.
Saint Benoît est l'Ignace du VI° siècle. Il connait, du moins en gros, les besoins de l'Eglise de son temps, non seulement comme tout chrétien qui en a entendu parler, mais encore par ses relations personnelles avec les acteurs du drame : Tolida, le roi barbare qui conquiert l'Italie; Germain, évêque de Capoue, mêlé aux négociations relatives au schisme d'Alsace . Il sait la décadence morale de Rome : il a eu à souffrir à plusieurs reprises de la jalousie ou de la révolte de prêtres ou de moines. Il va mettre à la disposition de cette Eglise en besoin et en danger une milice.
C'est bien une milice que saint Benoît a voulu constituer: c'est le sens du mot schola par lequel il définit le monastère en même temps qu'il reprend la comparaison paulinienne de la vie chrétienne avec un service guerrier: militia Christi. Et la Règle, comme plus tard les Exercices de Saint Ignace, emprunte volontiers au vocabulaire militaire. Et comme il n'y a pas de milice sans chef, saint benoît insiste sur les prérogatives de l'abbé: les mots de praeesse, praecipere, imperare, jubere, ordinare, coercere, corripere sont singulièrement significatifs, et , pour n'en prendre qu'un, on sait le sens très riche qui s'attachait à Rome au mot d'imperium.
Pour mieux assurer cette cohésion de la milice et cette autorité de l'abbé, comme pour les établir sur un terrain proprement religieux, Benoît introduisit en Occident les voeux de stabilité et d'obéissance.
Par la stabilité le moine est, une fois pour toutes et sans esprit de retour, attaché à un monastère; la retraite lui est coupée; il s'agit d'un engagement définitif, comme l'était chez les Romains le serment militaire. Par le voeu d'obéissance le moine devient un soldat discipliné qui , au lieu de poursuivre une réussite personnelle, met toutes ses forces à la disposition du chef responsable.
L'on comprend mieux désormais la place que la spiritualité bénédictine fait aux vertus de service et par exemple à l'humilité. On retrouve aussi dans cette conception de la vie monastique un sens social de la vie de groupe qui nous rappelle que Benoît est un vieux Romain. Rien dans sa Règle ne favorise l'individualisme religieux. Pourtant il s'est arrêté en route dans l'organisation de cette milice monastique. Au contraire de saint Ignace, il n'a pas songé à un Ordre centralisé et hiérarchisé; il n'a légiféré que pour un seul monastère.
Milice donc, mais dont le but est la prière et non l'apostolat.
Le monastère bénédictin assure un service public, celui de la louange divine et de l'imploration: c'est l'opus Dei, l'oeuvre par excellence. Ce mot d'opus courant dans toutes les règles monastiques antérieures, y désignait les divers travaux du monastère, Saint Benoît, tout en lui maintenant ce sens, y fait entrer une idée nouvelle: le travail par excellence c'est de prier.
Cette prière n'est pas laissée , qu'elle que soit par ailleurs la liberté d'un chacun, à l'initiative personnelle.
Elle a un caractère collectif, social, c'est la prière d'un corps organisé et qui vaut, pour ainsi dire, par sa masse beaucoup plus que par les éléments qui la composent. Aussi saint Benoît a t-il réglementé minutieusement la vie liturgique du monastère. Il n'est pas sans intérêt de souligner que le rite bénédictin est essentiellement une adaptation de celui de Rome, et ici encore l'on pense à saint Ignace. Saint Benoît connaissait pourtant les autres liturgies et leur a fait des emprunts; sa préférence ne peut-elle s'expliquer pour une part par le sentiment qu'il n'y a de prière véritablement efficace qu'en union avec le saint Siège?
C'est en connaissance de cause que Benoît, ayant pourtant pratiqué personnellement l'érémitisme, en vint à la conception d'un monastère qui fût une schola dominici servitii. C'est avec la même lucidité qu'il procède, dans l'organisation même de cette schola, à une révolution qui va substituer à la vieille conception égyptienne de la vie monastique de nouvelles formes. Si l'on compare en effet le monachisme de saint Benoît aux types qui l'ont précédé et qu'il a connus, on s'aperçoit qu'il a délibérément abandonné les grandes austérités corporelles - la psalmodie prolongée - la vie purement contemplative sans travail défini. - Cette révolution est en tous points comparable à celle opérée par saint François de Sales aussi bien pour les gens du monde que pour les religieuses. Saint François ne veut pas en effet que les gens du monde cherchent leur perfection dans l'imitation servile de ces contemplatifs qui peuvent consacrer des heures chaque jour à la vie d'oraison. Et Benoît jugeant irréalisable en Occident la contemplation des moines d'Egypte, fait place dans sa Règle à un travail défini.
Ce n'est pas par la prière seulement que le moine se sanctifie, mais aussi bien par le travail. Il y a plus: les religieuses elles-mêmes, poursuit François, ont d'autres moyens de sanctification que la mortification ou de longues prières vocales, qui sont seulement des exercices parmi d'autres, dans lesquels il ne faudrait pas, en les multipliant exagérément , voir l'élément essentiel de la vie religieuse, en oubliant qu'il n'y a de sainteté que dans la charité, qu'il n'y a de perfection qu'intérieure. La tentative de Benoît est sensiblement la même. Il adoucit considérablement l'austère régime de vie qu'avaient jusqu'alors connu tous les couvents; il ouvre son monastère à des santés moyennes et veille à ce que ses moines aient nourriture et sommeil suffisants. De même abrège-t-il dans des proportions considérables - le psautier ne sera récité dans son entier que chaque semaine et non plus chaque jour - le temps à donner à la psalmodie.
Ainsi le centre de gravité pour ainsi dire de la vie monastique se déplace : la perfection est intériorisée .
Nature et Grâce
Tentative singulièrement opportune, car on était à la veille de l'expansion du monachisme irlandais qui allait faire déferler sur l'Occident, il faut bien le dire, une vague de ritualisme étroit et de pharisaïsme. (comme on le rencontre aujourd'hui dans certains milieux).
Contre la lettre il appartiendrait au monachisme bénédictin de maintenir les droits de l'esprit. Il est significatif que ce soit un pape bénédictin, Urbain II, qui ait plus tard introduit dans le droit canonique la féconde théorie de la dispense, seule capable de concilier les exigences strictes du droit avec les condescendances de la charité. Théorie dont s'emparera bientôt saint Dominique pour en faire un article essentiel de sa Règle. Eternel problème de passer d'un idéal abstrait et d'une lettre morte à des réalisations vivantes et de faire entrer l'Evangile intégral dans la vie de chaque jour.
Il ne serait pas imprudent de poursuivre ce parallèle, en montrant que la doctrine spirituelle de la Règle, comme celle de saint François, est un humanisme théocentrique, s'efforce de réaliser un équilibre, mais par en haut. Saint Benoît ne déprécie pas et ne détruit pas systématiquement la nature humaine sous prétexte de réaliser l'oeuvre de la grâce.
Il fait au contraire une large place aux vertus et aux sentiments simplement naturels : ce représentant de la noblesse provinciale romaine n'a pas méconnu le rôle de la courtoisie et de la tenue dans la vie d'une communauté religieuse; le frère très tendre de Scholastique s'est interdit d'exhorter au renoncement des affections de famille et a invité l'abbé à aimer ses religieux et à se faire aimer d'eux.
Son idéal est donc un idéal de modération de pauvreté, mais de parcitas. Saint Grégoire a fait l'éloge de cette discrétion qui évite l'excessif, qui proportionne l'effort, qui a le sens exact du possible. Pour tout dire, il y a dans la Règle une humanité qui en a assuré , plus que toute autre qualité le succès prolongé.
Mais cet humanisme est un humanisme théocentrique, si l'on peut employer des mots qui ne sont ni dans le vocabulaire, ni dans la pensée de Benoît. Je veux dire qu'il ne saurait être question pour ce réformateur de naturaliser le Christianisme et la vie monastique. Il maintient l'idéal surnaturel à atteindre. Toute son oeuvre de réorganisation du monastère est ordonnée à l'idée religieuse. On pourrait même dire que saint Benoît n'est si large envers la nature que pour avoir mis plus de confiance dans la grâce.
Il est exactement le contemporain des controverses semi-pélagiennes qui partagèrent au début du 6° siècle le Midi de la Gaule et qui furent définitivement apaisées en 529 par le concile d'Orange réuni à l'instigation de saint Césaire d'Arles et approuvé par le Saint Siège.
Il s'agissait de savoir quelle est la part respective de l'homme de Dieu dans le salut et si l'initiative même et le premier effort de l'homme, en marche pour sa destinée, ne dépendent pas de lui seul. Certains monastères, comme celui de Saint-Victor de Marseille, dont l'abbé était Cassien, par goût de l'effort ascétique , pour exalter en l'homme la volonté, pour le pousser à un détachement plus généreux, tendaient à diminuer le rôle de la grâce.
Benoit sur ce point se sépare très délibérément de son maître Cassien qu'il suit pourtant sur tous les autres :" si le moine voit en soi quelque bien, qu'il l'attribue à Dieu, non à soi. Quant au mal, qu'il sache que c'est toujours lui qui le fait et se l'attribue." (Règle IV, 42, 43 )
(à suivre )
Publié le 17 Mars 2017
la règle de saint Benoît
Un esprit moderne n'est pas déconcerté par la lecture de cette règle. Le désordre semble y régner, les chapitres sur le gouvernement du monastère, la vie religieuse des moines, l'administration des biens temporels et l'organisation liturgique de l'office se suivant et s'emmêlant en une confusion qui défie l'analyse.
Toutes les tentatives faites pour retrouver dans ce texte un plan logique ont échoué. C'est que, il faut bien l'avouer, les esprits de cette époque n'avaient pas les mêmes exigences que les nôtres: il suffit pour s'en rendre compte de parcourir les décrets conciliaires et les collections canoniques rédigés sans aucune suite apparente dans les idées. C'est aussi que la Règle a été composée empiriquement, au fur et à mesure des problèmes et des besoins, et non selon une idée préconçue. C'est d'ailleurs grâce justement à ce caractère empirique que la Règle a pu s'imposer peu à peu: elle était oeuvre d'expérience, elle avait été essayée avant d'être imposée, elle bénéficiait aussi des longues réflexions de Benoît et de sa connaissance des hommes. Encore faut-il ajouter que cette Règle faisait date par rapport à toutes les règles antérieures ou contemporaines. Elle est en effet un code et non seulement une simple liste de statuts, un recueil de sentences spirituelles ou un traité ascétique. Elle contient une législation systématique qui est bien de style romain et sans que le souci du Droit à établir fasse oublier le fondement moral dont il se réclame: les prescriptions essentielles sont en effet accompagnées d'expositions de principes, et par exemple, Benoît ne se contente pas de définir l'autorité de l'abbé, mais y ajoute ses idées sur l'art de gouverner et l'esprit paternel qui doit l'animer.
Ce n'est pas à dire que tout soit clair dans la Règle et qu'elle ne présente aucune difficulté d'interprétation. On sait au contraire que des observances très diverses en sont sorties, toutes se réclamant d'elle avec la même ferveur... et parfois le même exclusivisme. L'interprétation de Cluny n'est pas celle de Citeaux; Mabillon et Rancé n'ont jamais pu s'entendre. Mais cela même est significatif. Le silence de la Règle sur un certain nombre de points, l'imprécision de certaines solutions ou de certaines directives, laissent entrevoir que Benoît n'a pas voulu tout définir, a laissé place à une liberté assez large. Bien loin d'enserrer toute la vie de ses moines dans un réseau d'observances strictes ne varietur, il laisse à la Règle une certaine élasticité et aux abbés successifs la possibilité et le droit de l'infléchir selon leurs conceptions personnelles et les besoins de leur époque.
la personnalité de saint Benoît.
Par là-même sommes-nous invités à nous faire de Benoît une impression moins rigide que celle donnée peut-être par ce qui a déjà été dit de sa vie et de son oeuvre.
Les vertus fortes du vieux Romain sont tempérées chez lui par je ne sais quel souffle de liberté et de douceur. Benoît est énergique et certaines anecdotes de saint Grégoire le montrent même irascible, mais il fait preuve pour ses frères de tendresse et de condescendance;
il est très exigeant quant au détachement et n'a pas pour rien pratiqué lui-même les exercices de l'ascèse égyptienne; mais il sait détendre la rigueur de cette discipline par la place faite aux intimités et aux suavités de l'amour divin; il règle minutieusement l'organisation de l'office liturgique, mais s'interdit de fixer limitativement des heures pour la prière personnelle; il fait de l'office un service public, une tâche à accomplir chaque jour, mais évite de lui donner l'aspect d'une corvée monotone et fait preuve dans la distribution des éléments liturgiques d'un sentiment esthétique délicat qui n'hésite pas à enrichir l'austère rite romain d'ornements empruntés à l'Orient et à Milan; aussi qu'on n'aille point demander à saint benoît la classification méthodique et " les déductions rigoureuses auxquelles les grands scolastiques nous ont habitués. Laissons-lui son allure toute simple et très libre de primitif. "
Mais il ne faudrait pas que la variété même de ces dons et la largeur d'esprit de ces directives fissent perdre de vue en Benoît une personnalité singulièrement forte.
L'obstination avec laquelle il a poursuivi sa perfection personnelle et rompu successivement avec les milieux divers, qui l'avaient l'un après l'autre accueilli ou sollicité, pour assurer la réalisation d'une vocation dont il prenait chaque jour mieux conscience suffirait déjà à révéler un esprit et un caractère exceptionnellement vigoureux. Non moins la netteté de la conception monastique qu'il va proposer de sa propre initiative et qui se substituera rapidement aux règles alors en usage en Occident.
Si l'on recherche les notes dominantes de cette physionomie morale, on est amené à redire, après saint Grégoire lui même ou d'autres interprètes :
discretio, c'est-à-dire équilibre, sens de la mesure et du possible, pondération; gravitas, avec ce que le mot évoque d'autérité, de calme, de virilité; patientia, qui est libre acceptation de la souffrance, abnégation, petites vertus quotidiennes de fidélité et d'humilité; aequitas dont l'expression n'est pas à chercher seulement dans une Règle qui est un monument de droit, mais dans une vie intérieure attentive aux devoirs envers Dieu; pudor enfin, je veux dire cette réserve dont s'enveloppe une haute vie mystique peu désireuse d'expansion et par là moins attachante que cette d'un François d'Assise, mais peut-être non moins profonde.
Il est vain sans doute de chercher à forcer le secret de la ' montagne " mystique de saint Benoît, au dernier chapitre de la Règle, désigne à son disciple comme le but à atteindre au-delà d'une Règle qui n'est qu'un "tout petit commencement" et qu'il a sans doute gravie lui-même.
Mais puisque le saint disparait derrière son oeuvre comme le soleil dans son halo, il est plus sûr de chercher à marquer quelle révolution spirituelle cette Règle avait apportée.
(à suivre )