Publié le 6 Mai 2015
Que vous êtes beau, Archange Michel, sous votre armure céleste, rendant gloire au Seigneur dont vous avez terrassé l’ennemi ! Votre regard humble et ardent se dirige vers le trône de Jéhovah, dont vous avez soutenu les droits, et qui vous a donné la victoire. Votre cri sublime ; « Qui est semblable à Dieu ? » a électrisé les légions fidèles, et il est devenu votre nom et votre couronne. Dans l’éternité, il nous rappellera sans fin votre fidélité et votre triomphe sur le dragon. En attendant, nous reposons sous votre garde ; nous sommes vos heureux clients.
Ange gardien de la sainte Église, le moment est venu de déployer toute la vigueur de votre bras. Satan menace dans sa fureur la noble Épouse de votre Maître ; faites briller les éclairs de votre glaive, et fondez sur cet implacable ennemi et sur ses affreuses cohortes. Le royaume du Christ est ébranlé jusque dans ses fondements, Rome a vu détrôner dans ses murs le Vicaire de Dieu. Le règne de l’homme de péché est-il donc à la veille de se déclarer, et approchons-nous de ce dernier jour où vous devez remplir aux pieds du Juge souverain, sur les débris enflammés de ce monde coupable, le redoutable ministère de séparer pour jamais les boucs des brebis ? Mais si la terre doit vivre encore, si les destinées de l’Église ne sont pas accomplies, n’est-il pas temps, ô puissant Archange, que vous fassiez sentir au dragon infernal qu’on n’outrage pas impunément sur la terre celui qui l’a créée, celui qui l’a rachetée, et qui s’appelle le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs ? Le torrent de l’erreur et du mal ne cesse d’entraîner vers l’abîme la génération séduite ; sauvez-la, glorieux Archange, en dissipant les noirs complots dont elle est victime.
Vous êtes, ô Michel, le protecteur de nos âmes au moment de leur passage du temps à l’éternité. Durant notre vie, votre œil nous suit, votre oreille nous écoute. Tout éblouis que nous sommes de vos splendeurs, nous vous aimons, ô Prince immortel, et nous vivons heureux et confiants à l’ombre de vos ailes. Le jour viendra bientôt où, en présence de nos restes inanimés, la sainte Église, notre mère, demandera pour nous au Seigneur que nous soyons arrachés à la gueule du Hon infernal, et que vos mains puissantes nous reçoivent et nous présentent à la lumière éternelle. En attendant ce moment solennel, veillez sur vos clients, ô Archange ! Le dragon nous menace ; nous entendons les sifflements de sa rage, il voudrait nous dévorer. O Michel ! apprenez-nous à répéter après vous : « Qui est semblable à Dieu ? » L’honneur de Dieu, le sentiment de ses droits, l’obligation de Lui rester fidèles, de le servir, de le confesser en tous temps et en tous lieux : c’est le bouclier de notre faiblesse, c’est l’armure sous laquelle nous vaincrons comme vous avez vaincu. Mais il nous faut quelque chose de ce mâle courage que vous empruntiez à l’amour dont vous étiez rempli. Faites-nous donc aimer notre commun Seigneur, ô Archange ! Car c’est alors que nous serons invincibles comme vous. Le dragon ne sait pas résister à la créature qui est éprise de l’amour du grand Dieu ; il fuit honteusement devant elle.
Le Seigneur vous avait créé, ô Michel, et vous avez aimé en lui votre Créateur ; il ne nous a pas seulement créés, il nous a rachetés, et rachetés dans son sang : quel doit donc être pour lui notre amour ? Fortifiez cet amour dans nos cœurs ; et puisque nous combattons dans votre milice, dirigez-nous, échauffez-nous, soutenez-nous de votre regard, et parez les coups de notre ennemi. Vous serez présent, nous l’espérons, à notre heure dernière, ô porte-étendard du salut ! En retour de notre tendre dévotion envers vous, daignez faire la garde auprès de notre couche, la couvrir de votre bouclier. Si le dragon voit étinceler votre glaive, il n’osera approcher de nous. Assortir de son corps, puisse notre âme éperdue s’élancer dans vos bras ! Ne l’abandonnez pas, saint Archange, quand elle se pressera contre vous ; portez-la au pied du tribunal de Dieu, couvrez-la de vos ailes, rassurez ses terreurs, et daigne le Seigneur votre maître vous donner ordre de la transporter promptement dans la région des joies éternelles !
dom Guéranger.