Ils assistent au supplice. Stabat Mater dolorosa, aimons-nous à chanter. Le regard de Jésus se pose sur sa mère et sur le disciple aimé. Jésus s’adressant à sa mère lui dit simplement : « Femme, voici ton fils » ; puis au disciple : « Voici ta mère. »
Bientôt, le Seigneur va s’écrier :
« Éli, Éli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46)
Bientôt, il va remettre l’esprit. Alors que la violence arrive à son paroxysme et que les ténèbres sont déchaînées, Jésus ouvre son cœur à la détresse du monde en lui offrant simplement une Mère, sa Mère. Au cœur de la Passion, annonçant déjà les fleuves de miséricorde qui vont s’épancher de son côté transpercé, Jésus témoigne d’une insondable humanité.
Marie reçoit ces paroles comme elle avait reçu celles de l’ange Gabriel. Fiat de l’Annonciation, Fiat pour la Croix, Fiat pour tous ses enfants, c’est tout un. Fiat pour tout. Saint Jean n’évoque pas l’accueil de Marie à la parole de Jésus, il se borne à témoigner du sien : « À partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn 19,27)
Telle est l’invitation que le disciple aimé nous adresse : prendre Marie chez nous. Cette invitation, le Père Abbé Édouard l’a entendue et l’a transmise à ses enfants comme un précieux trésor à cultiver. Prendre Marie chez soi, ou plutôt, venir habiter chez Marie ; venir s’abreuver à la Fontaine d’Amour, Fons amoris, selon la devise qu’il a choisie pour cette maison, et dont il a écrit qu’elle lui avait été soufflée par Marie.
Le programme du Père Abbé, ou plutôt celui de Marie, il le partageait en conclusion de son toast lors du déjeuner qui suivait sa bénédiction abbatiale le 7 octobre 1953 :
Lui laisser faire de ce monastère dédié depuis toujours à sa glorieuse Assomption, et aujourd’hui ressuscité par elle, un joyeux foyer de vie mariale, une profession vivante du dogme de l’Assomption, un paradis d’enfance spirituelle, de simplicité dans la liberté des enfants de Dieu, une source jaillissante et intarissable d’eau vive, une éternelle fontaine d’amour. Fons amoris — donec lucescat dies.