L’oraison du dixième dimanche après la Pentecôte nous rappelle ce mystère en s’adressant à Dieu qui manifeste sa toute-puissance en pardonnant et en faisant miséricorde.
Un mystère omniprésent, un mystère incompréhensible aussi, car nos vies témoignent trop souvent que notre cœur préfère mettre en œuvre la justice bien plus que la miséricorde. Le Seigneur, lui, nous engage à être miséricordieux comme le Père est miséricordieux. (cf Lc 6,36)
Un mystère omniprésent et incompréhensible, un mystère aussi libérateur. Combien de fois depuis notre enfance avons- nous déposé le fardeau de nos vies au cours du sacrement de pénitence, afin de recevoir le pardon du Seigneur par le ministère du prêtre.
Mais qu’en est-il pour Marie ? De tous les enfants des hommes, Marie la toute pure est celle qui a bénéficié de la miséricorde de Dieu dans une mesure unique. Dieu a décuplé pour elle sa puissance.
Comme créature, elle était dans la pensée de Dieu avant même que le monde fût créé. L’Église aime à le rappeler, en lui appliquant un verset tiré du livre des Proverbes :
Nondum erant abyssi et ego jam concepta eram – Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée. (8,24)
Mais puisant dans les trésors inexplorés de sa miséricorde, Dieu lui réservait un privilège unique : dès le premier instant de sa conception, la Sainte Vierge a été préservée de toute atteinte du péché originel, en considération des mérites de la Passion de son Fils, et afin d’offrir à celui-ci une demeure digne de lui aux premiers instants de sa vie terrestre.
Peut-être pourrait-on oser dire que Dieu, voulant s’incarner dans le sein d’une vierge, souhaitait bénéficier avant l’heure des conséquences de son œuvre de rédemption. Destiné à subir dès sa naissance le rejet et la méchanceté des hommes, il s’est incarné dans le sein paisible d’une Vierge, et a goûté durant neuf mois la maternelle et douce protection d’une enceinte toute pure, toute belle. En Marie, Dieu s’est complu d’une manière unique.