Quand votre Église se réunit, j’entends dire que, parmi vous, il existe des divisions, et je crois que c’est assez vrai, car il faut bien qu’il y ait parmi vous des groupes qui s’opposent, afin qu’on reconnaisse ceux d’entre vous qui ont une valeur éprouvée. (1 Co 11,18-19)
Communier, c’est vouloir vivre de la vie de Dieu, et vivre de la vie de Dieu implique de vivre en cohérence avec les enseignements de Dieu qui, dans le Christ, s’est fait serviteur et a offert sa vie pour ses amis. « Faites cela en mémoire de moi. » (ib v.24 et 25)
L’institution des sacrements de l’eucharistie et de l’ordre s’achève par un long discours rapporté par saint Jean. Retenons de ces enseignements que l’appartenance à l’Église se fait dans la communion au Christ. Il est la vigne, nous sommes les sarments. Le Christ n’est pas divisé contre lui-même. En lui, nous sommes et nous devons être un. Entendons cet appel à favoriser l’unité au sein de l’Église par nos actes et nos paroles.
Après ce moment unique d’intimité, il est temps de gagner le Mont des Oliviers. Bientôt Judas arrive avec la troupe. Les disciples se dispersent. Que restera-t-il du testament de Jésus ?
Qu’en sera-t-il aussi pour nous ce soir ? Qu’en est-il à chaque fois que nous recevons le Corps et le Sang du Christ ? Demeurons-nous en Dieu ? Dieu demeure-t-il en nous ? Sommes-nous un dans le Christ, serviteurs de son amour ?
Dom Delatte, troisième Abbé de Saint-Pierre de Solesmes, écrivait :
La transsubstantiation qui s’accomplit sur l’autel entre les mains de chaque prêtre, entre nos mains, met le Seigneur à la portée de chacun. Encore nous faut-il observer que la conversion merveilleuse qui s’accomplit sur l’autel n’est pour le Seigneur qu’un moyen. Elle est ordonnée à une autre transsubstantiation, définitive, celle-là : « sicut misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : et qui manducat me, et ipse vivet propter me. – De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » (Jn 6,57) Le Seigneur ne vient en nous que pour nous changer en lui. Celui qui est acte [il s’agit de Dieu] ne peut être simplement témoin et spectateur. Il a pour dessein d’orienter et de gouverner lui-même notre vie et notre activité, de nous transformer spirituellement en lui, et de nous transsubstantier à notre tour : « qui adhæret Domino unus spiritus est. – Celui qui s’unit au Seigneur ne fait avec lui qu’un seul esprit. » (1Co 6,17)
(Dom DELATTE, Notes sur la vie spirituelle, ch. 3, VII.2, § 181)