Eloge du scoutisme

Publié le 22 Novembre 2017

 

   Si le scoutisme cultive, en effet , les qualités physiques de l'enfant, il est bien plus soucieux encore de développer sa vie spirituelle. " Tous les jeunes gens, disait Pie XI, ne sont pas capables d'être scouts: il faut à  un scout une disposition constante à la force et au courage, au calme et à la réflexion: et il faut de plus à un scout catholique un sentiment profond de Dieu, de sa divine loi, de sa divine présence dans toute la nature... Votre vocation n'est pas de rechercher les folles aventures, mais d'entraîner votre âme aux difficultés les plus ardues."

  Le scoutisme est un grand jeu où les enfants vivent ensemble comme des frères, se composant un milieu sain , s'encourageant à une activité saine qui les aide à développer ce qu'il y a de meilleur en eux. Or, ce qu'il y a de meilleur en eux, le voici: presque tous éprouvent , entre douze et seize ans, le violent désir d'être des héros. Plusieurs écrivains, en particulier M.H. de Montherlant, ont signalé les tendances héroïques , qui sont latentes chez les enfants. Ils souhaitent, les adolescents, devenir des hommes hors du commun. Ils veulent s'élever à des sommets vertigineux de grandeur morale, d'abnégation, de sacrifice; ou bien ils sont prêts à tout braver pour s'affirmer puissants, pour s'imposer comme des chefs, des conducteurs, des maîtres.

   Je sais bien que ces aspirations se mélangent à des tendances moins nobles. Pour certains, les héros auxquels ils rêveront de ressembler, ce sera ceux de leur cinéma; ils seront tentés par l'aventure, les honneurs ou l'argent. Mais il faut dire aussi que, plus souvent qu'on ne le croit, il y a de la générosité dans leurs âmes encore fraîches. Si plusieurs ne sont décidés à risquer beaucoup que pour , en échange, obtenir beaucoup, cet état d'esprit n'est pourtant pas le plus fréquent, et l'héroïsme des adolescents est , en beaucoup de cas, exempt de tout calcul. On trouverait facilement chez tous les jeunes garçons ces sentiments communs qui les font ressembler comme des frères :

- le sentiment de leur puissance, capable, croient-ils, de jeter à bas tout l'ancien pour tout reconstruire sur des bases nouvelles  ;

- le sentiment que cette oeuvre est aisée, qu'on triomphera toujours de tous les obstacles, d'ailleurs inaperçus ;

- une mise en garde vis-à-vis des gens plus âgés, parents, maîtres, amis.

   Ce sont là sans doute des défauts qui ne laissent pas d'être fort irritants. " Tout s'y fait par une chaleur inconsidérée, et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plait que dans le mouvement et dans le désordre, et qui n'est presque jamais dans une action composée? " Bossuet.

   Il le faut cependant. C'est toute la tâche de l'éducation. Mais sous cette présomption des adolescents se cachent des dons précieux d'enthousiasme et de hardiesse; il les faut cultiver avec grand soin : qui donc va se charger de  cette tâche difficile?

   Sera-ce les parents ? Sans doute beaucoup sont dignes d'être les modèles de leurs enfants, beaucoup en sont capables . Mais les adolescents sont assez farouches, ils n'éprouvent plus, comme lorsqu'ils étaient tout petits, le besoin de se confier. La contrainte leur pèse, l'obéissance leur déplait . Ils s'affranchissent volontiers de la tutelle des parents, d'autant plus qu'à mesure que leur mentalité se transforme, une certaine timidité les retient de l'avouer . Le scoutisme se propose ici en auxiliaire.

   Le scoutisme rassemble les garçons sous un idéal très haut; il leur donne un état d'âme très grand; il les maintient dans une atmosphère très pure. Ce n'est pas sans raison que Pie XI demandait aux scouts de marcher à l'avant-garde , en éclaireurs de l'Eglise militante. On les habitue à réfléchir sur la vie des héros et des saints. Avant leur " Promesse ", ils doivent avoir compris la noble grandeur des belles actions. Ils savent ou doivent savoir qu'une existence orientée vers quelque but difficile est supérieure en dignité et en mérite aux vies terre à terre que mène le commun. Pour être un vrai scout une vie sans grandeur ne vaudrait pas d'être vécue.

   On secoue les paresseux . On leur montre, par des exemples, qu'il ne suffit pas de bien accomplir sa tâche journalière, quoique ce soit elle qu'il faille faire d'abord, mais qu'il y a, pour tout homme dont le coeur est bien placé, des victoires à remporter, des actions à oser.

   Mais parce que ce ne serait que fausse bravoure de ne faire que le rêver, on veille à ce que chaque scout agisse ainsi. Chaque jour ils doivent faire une bonne action, un petit exploit qui exige d'eux de la décision et du courage. Etre héros seulement en paroles serait le fait d'insensés, poursuivre un rêve dont peu à peu on fait une réalité est une très belle entreprise.

Pour vivre au camp, il faut être en état de grâce, sans cela comment pourrait-on communier à la messe, avec ses petits frères, et comment pourrait-on s'endormir en paix après avoir chanté son cantique à la Vierge et fait sous son regard l'examen de conscience? Ainsi cultive-t-on aux scouts la générosité des jeunes garçons. Ils font, parce qu'ils sont scouts, beaucoup d'actes courageux qu'ils ne consentiraient point s'ils ne l'étaient pas.

" Je suis fier de partir avec vous au combat" .  écrivait Jacques d'Arnoux. 

La devise des scouts est la devise même des héros :" être prêt" .

   " L'homme ordinaire est rarement prêt, rarement il est en forme.. presque toujours il hésite, il doute... il se traîne.. il tremble. Le héros, au contraire, est toujours prêt parce qu'il n'est jamais seul : Le Saint-Esprit réside en lui. II est devenu celui que saint Paul nous montre revêtu des armes de lumière, cuirassé de la foi et de la charité et portant haut le casque de l'espérance . Il est toujours prêt parce que l'enthousiasme du Saint-Esprit ne le quitte jamais.

   " Il est toujours prêt à la pureté, à la douceur, à la force, toujours prêt à s'élancer dans le sacrifice avec joie, avec fougue, avec amour. Voilà l'idéal que je me fais du héros et c'est aussi l'idéal des scouts.

   " On doit reconnaître un scout entre mille. On doit le reconnaître à la flamme qu'il porte en lui et à son mépris de la douleur et de la mort.

   " Le scout doit marcher dans la vie comme un croisé. Il doit être le chevalier de Dieu. Le scout ne se résigne pas au sacrifice, il le veut. Il n'accepte pas les rudes missions, il les demande. Il ne suit pas, il entraine. "

   " Soyez donc mille et mille fois bénis, concluons-nous avec Pie XI, dans notre famille spirituelle, vous êtes les tout jeunes, les espérances généreuses, florissantes, vigoureuses de la génération future, les espérances de la religion et de l'Eglise aussi bien que de la famille et de la Patrie. "

rp Héret.

 

 

 

  

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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