Homélie de la Messe tridentine du dimanche 25 juin 2023
Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,
Merci pour votre accueil. Je suis très heureux comme curé de la paroisse Notre-Dame de Luçon de pouvoir accueillir en cette église paroissiale de Ste Gemme-la-Plaine la Fraternité St Pierre et leurs abbés pour la messe traditionnelle chaque dimanche, et ainsi contribuer aux liens ecclésiaux essentiels entre frères disciples et fidèles de Notre Seigneur Jésus Christ, membres du même Corps de l’Eglise, riches de la grande Tradition de Notre Mère l’Eglise Catholique. Soyez bénis !
Et heureux de pouvoir fêter avec vous la Sainte Gemme, patronne titulaire de ce clocher. Et j’en profite pour remercier M. Dominique Gautron, historien gemmois, qui m’a offert cette semaine la première hagiographie sur « Sainte Gemme en France », remarquable travail qu’il vient de terminer. L’occasion de parler d’elle, figure somme toute assez méconnue et qui, dans le Christ, nous rassemble en ce jour. Et remercier ceux qui ont rénové la statue de Ste Gemme.
Ste Gemme et sa sœur Ste Quitterie, ont vécu à la fin du Ier siècle et au début du IIème siècle, au nord-ouest de l’Espagne, dans l’actuelle Galice. Abandonnées par leur père, un riche notable romain païen, elles sont prises en charge par une servante et esclave chrétienne qui les fait baptisées et les éduque à la nouvelle et vraie religion. Elles grandissent et développent de hautes vertus chrétiennes. Leur père les récupère et veut les marier de force. Elles sont alors emprisonnées et torturées car elles demeurent fidèles et refusent d’abjurer leur foi. Elles font preuve d’un courage admirable dans leur témoignage.
Ste Gemme est alors condamnée au bûcher mais elle est sauvée par l’intervention miraculeuse d’un ange, comme Ste Catherine d’Alexandrie sauvée du supplice de la roue par la main d’un ange. Et comme elle également, elle finit par être décapitée, comme nous le montre ce magnifique vitrail, le 15 août 109, à Orense, en Galice. Sa sœur jumelle Quitterie mourra aussi décapitée à Adure, près de Tolède.
Les païens qui assistèrent à leur condamnation à mort, devant leur témoignage, se convertirent nombreux. Et selon les lieux, Ste Gemme est fêtée soit le 15 août, jour de son « dies natalis » (de sa naissance au Ciel), soit le 20 juin, jour de la translation d’une partie de ses reliques en Saintonge. Et on peut supposer que le culte de Ste Gemme est arrivé d’Espagne en France (16 communes portent son nom, majoritairement dans l’ouest, dont 2 en Vendée) à la suite de l’invasion des Maures et du repli de la protection de ses reliques en France, zone demeurée chrétienne.
Chers amis,
Peut-être ne sommes-nous pas tous appelés au martyr du sang, au martyr rouge. Cela est une grâce accordée par le Seigneur pour donner le témoignage suprême qui ouvre grandes les portes du Ciel, à la suite du seul et unique martyr qui nous sauve, celui du Christ ;
Mais nous sommes tous invités au martyr blanc ! Au témoignage quotidien de la fidélité au Christ, qui inévitablement coûte et décape, qui fait mal et mortifie !
On pourrait même dire que ce qui provoque la montée au Ciel de Ste Gemme comme de tous les martyrs, c’est moins leur mort que d’abord leur fidélité ! Et c’est leur fidélité jusqu’au bout qui est récompensée ! Et c’est bien ce que nous demande le Seigneur : d’être fidèle !
Sainte Mère Teresa de Calcutta insistait souvent pour dire que le Seigneur ne nous demande pas d’abord de réussir mais d’être fidèle !
C’est le combat qui est source de sainteté ! Le Christ est vainqueur et c’est lui, et sa croix et sa résurrection, notre victoire ! Tout ce qui dépend de nous c’est de laisser le Christ faire son œuvre en nous, et pour cela de tout faire pour le laisser faire, et donc de mener le combat fidèlement ! De ne rien lâcher, de ne pas se décourager, de ne jamais baisser les bras !
Comme disait Ste Thérèse de Lisieux : « le découragement c’est encore de l’orgueil » car nous comptons trop sur nos propres forces et nous baissons les bras après nos chutes et nos échecs ; et nous ne comptons pas assez sur le Seigneur et sa grâce ! Et c’est bien LE combat à mener : se centrer sur le Christ, sans cesse, sans faiblir ! Lui laisser toute la place, toujours de plus en plus de place pour le laisser nous sanctifier et nous sauver !
Et la première chose à vivre dans ce combat spirituel quotidien, c’est de rendre grâce à Dieu ! C’est là l’huile de nos lampes qui leur donne de demeurer allumées jusqu’au retour de l’Epoux. L’action de grâce fidèle, comme cela se vit à chaque messe et eucharistie, et qui en est le sens le plus profond : rendre toute grâce à Dieu, offrir sa vie en sacrifice d’action de grâce, en offrande de louange pour le salut offert par la mort et la résurrection du Christ, cette action de grâce fidèle, de chaque jour, permet de demeurer dans la lumière, dans l’attente active, dans l’espérance, malgré la nuit et les ténèbres, malgré les obstacles et les épreuves…
Ne nous voilons pas la face ! Ne faisons pas l’autruche ! Les temps qui viennent vont être éprouvants et violents… Aujourd’hui nous allons bénir la statue rénovée de Ste Gemme, pour la représenter dans cette espace sacrée qu’est l’église des fidèles. Représentation nécessaire pour incarnée et rendre en partie visible le monde du Ciel afin de nous aider à prier et à croire.
Espace encore préservé…
Mais voyez, comment dans l’espace public et profane, on crée une fausse polémique pour une statue de l’archange St Michel à cause d’une minorité dite de « libres penseurs », inféodés à l’esprit du temps, païen et destructeur, et comment dans le même temps, on prépare la construction d’une immense statue païenne de l’enfer à Clisson au Hellfest, sur l’espace public, avec l’argent public, sans que personne ne trouve rien à redire… La même logique que pour Halloween et tout le reste ! On se tire des balles dans le pied !
Alors, justement, à nous, chers frères et sœurs, fidèles de Jésus Christ, de demeurer justement fidèles dans le combat, sans nous décourager, en gardant nos lampes allumées dans la nuit. Ne soyons pas de ces vierges folles et insouciantes, non-prévoyantes et naïves, qui ne perçoivent pas les réels dangers de ce monde.
Mais soyons de ces vierges sages, comme Ste Gemme et Ste Quitterie, et demeurons fidèles au Christ quoiqu’il arrive ! C’est là le vrai « quoiqu’il en coûte ! » et là ce n’est pas une formule de com’ pour graisser la patte ! C’est notre vocation chrétienne la plus profonde : témoigner, être martyr jusqu’au bout, fidèlement pour que le Christ en nous soit vainqueur et que nous partagions sa Vie au Ciel !
En dignes fils de la lumière, ne tombons pas naïvement dans les pièges de l’Ennemi ! Soyons rusés comme des serpents et doux comme des colombes, comme nous le demande le Christ.
Et pour cela, pour demeurer dans la lumière du Christ, demeurons dans l’action de grâce, pour nous centrer sur le Christ et nous décentrer de nous-mêmes. Pour laisser toute la place au Christ en nous afin qu’en nous le Christ combatte et fasse son œuvre de salut et de sanctification.
Oui, chers amis, offrons-nous avec tous les saints du Ciel, avec Ste Gemme, avec toute l’Eglise, offrons-nous en sacrifice d’action de grâce en cette sainte messe pour que Dieu en nous et à travers nous agisse. Demandons à la Reine des Vierges et à la Reine de Martyrs, par sa prière, de nous aider à demeurer fidèles.