O grand mystère, ô sacrement admirable,
Les animaux contemplent le Seigneur nouveau-né, couché dans sa Crèche;
Heureuse Vierge dont le sein a mérité de porter le Christ, le Seigneur,
Salut, ô Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi .
L'Incarnation est l'apparition de la grâce et de la beauté, Jésus est le charme de Dieu mis à la portée des hommes.
L'incarnation est donc bien le miracle des miracles dans lequel Dieu, selon le langage de la sainte Vierge, a déployé toute la force de son bras, fecit potentiam in brachio suo, l'oeuvre exquise entre toutes qui suppose de la part de notre Dieu autant de puissance que d'amour.
L'Eglise (catholique) anathémise les autres hérésies, elle continue d'adorer, de louer et d'aimer le Christ, vrai Dieu et vrai homme, personne unique en deux natures dont chacune garde après l'union ses propriétés, son opération distincte, sa volonté distincte; et Jésus-Christ, le Dieu-Homme reste toujours au sein de l'humanité - nous pouvons le redire ici encore - Celui que l'on adore, que l'on aime et pour qui l'on meurt. !
On peut définir ce mystère: l'union singulière et admirable de la nature divine et de la nature humaine en la seule personne du Verbe, union de laquelle résulte ce terme unique et adorable qu'est le Christ Jésus.
Nous l'appelons singulière, parce qu'il n'y a pas d'autre exemple dans tout l'ordre de la nature ni dans l'immense domaine de la grâce; admirable ou miraculeuse, parce qu'il a fallu pour la réaliser un amour infini et une puissance infinie.
Union des deux natures: nous devons reconnaître dans l'Incarnation deux substances complètes qui demeurent intactes, sans jamais se confondre, en sorte que Jésus-Christ possède entièrement toute la nature divine et toute la nature humaine, véritablement homme et véritablement Dieu, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité.
Dans l'unique personne du Verbe: le mystère consiste précisément en ce que deux substances ou deux natures complètes ne constituent qu'une seule personne.
Nous voyons bien que l'âme et le corps s'épousent en un seul moi, mais ils ne sont que des substances partielles, et la personne est unique parce que la nature complète est unique aussi.
Dans l'Incarnation, au contraire, l'union est personnelle sans être essentielle, c'est-à-dire les deux substances sont et restent complètes, elles forment une seule personne, mais ne se fusionnent pas en une seule nature. Le Verbe de Dieu, sans changer, sans s'appauvrir, sans recevoir aucune perfection nouvelle, supplée la pesonnalité humaine et s'approprie si bien l'humanité que celle-ci, avec toutes ses facultés et toutes ses opérations, est au Verbe, est du Verbe, mérite d'être adorée avec lui et en lui.
L'union de l'Incarnation est a-dessus de l'union commune avec la création, de l'union spéciale de la grâce, même couronnée par l'habitation divine.
La personne du Verbe prend ainsi avec l'humanité sainte quatre sortes de contacts.
Premier contact, à titre de Créateur, avec les deux autres personnes, pour lui donner l'être, la vie, le mouvement, commune à toutes les créatures.
Second contact, à titre d'agent surnaturel, pour produire et conserver en elle, avec le Père et le Saint-Esprit, la grâce, les dons et les vertus infuses.
Troisième contact, à titre d'ami, par l'habitation substantielle, qui est commune aux trois personnes.
Quatrième contact, propre à la personne du Verbe, l'union hypostatique; c'est même plus qu'un contact, car la nature divine et la nature humaine s'enlacent dans une étreinte si étroite que la personnalité créée devient impossible: le Verbe prend si bien à lui l'humanité qu'il la fait sienne, elle ses propriétés et ses oeuvres, et que l'on peut dire: c'est Dieu qui s'incarne, Dieu qui naît, Dieu qui souffre, Dieu qui meurt et ressuscite selon la nature humaine!
De cette union résulte le Christ Jésus. Notre-Seigneur, en effet, est cette personne unique, qui subsite dans la nature divine et la nature humaine unies indissolublement dans le suppôt du Verbe.
On voit par là que l'Incarnation dans son terme 'n'est pas autre chose que le Christ lui-même; et comme Marie pouvait dire: Je suis l'Immaculée Conception, Jésus peut dire dans un sens plus plénier: Je suis l'Incarnation.
L'homme, merveille divine a été brisé, l'artiste pour le réparer, le ramène à son idéal, le jette de nouveau dans le moule primitif; car c'est le même moule qui sert à faire l'oeuvre et à la refaire,, à la former et à la réformer, à la préparer et à la réparer après sa ruine.
La fin de l'Incarnation, c'est de réintégrer l'homme dans son premier état, c'est à dire dans cette filiation surnaturelle dont le péché nous avait fait déchoir. Ne convenait-il pas que la filiation adoptive et gratuite nous fût rendue par Celui qui est Fils naturellement et nécessairement? Nous seronns, de cette manière, héritiers par grâce avec Celui qui est héritier par nature et nous aurons pour frère aîné le Fils même de l'Eternel!
Enfin, l'homme était tombé pour avoir cherché indûment la science divine et avoir aspiré à une sacrilège et chimérique égalité avec Dieu.
Sublime revanche de l'amour! Nous voici relevés par Celui qui est à la fois la science infaillible, infinie, et l'image substantielle, adéquate, du Père.
Cette personne divine, que nous venons de contempler et d'adorer dans l'Incarnation, nous ne la quitterons plus désormais, car c'est elle qui embaume toute la vie et tous les mystères du Sauveur.
r.p. Hugon OP.
.....................................................
Il est une pensée qui a vivement frappé l'Eglise ancienne et que nous rencontrons chez les Pères et dans les textes liturgiques; elle se présente sous forme d'antithèse: Dieu s'est fait homme afin que l'homme devienne Dieu.
Dieu a pris la nature humaine afin de nous faire participer à la nature divine. Dieu est devenu enfant des hommes pour que nous devenions enfants de Dieu.
Ainsi la fête de la Nativité du Christ est le commencement de notre naissance divine. Nous sommes devenus aujourd'hui avec le Christ enfants de Dieu.
Dieu s'est fait Homme. C'est là une chose tout à fait incompréhensible. Le Dieu éternel que le ciel et la terre ne peuvent contenir, qui porte dans sa main l'univers comme une coque de noix, devant lequel mille ans sont comme un jour, ce Dieu éternel, infini devient Homme!
Ne serait-ce pas déjà une condescendance s'il avait envoyé un ange pour racheter l'humanité; ne serait-ce pas déjà une oeuvre de miséricorde, s'il était apparu un instant devant le monde, dans l'éclat de sa majesté, dans le tonnerre et les éclats, comme sur le mont Sinaï? Non, cela était trop peu pour son amour et sa bonté, il voulut être enfant des hommes comme nous et deplus un enfant des hommes pauvre, un fils de pauvres artisans, né dans une étable, à l'étranger, sans un toit hospitalier. Le vent glacial, la paille nue, des animaux sans raison, voilà tout ce qu'il trouva à son arrivée parmi l'humanité. Quand nous songeons à tout cela, nous ne pouvons que garder un silence de stupeur et tomber à genoux, dans un acte d'adoration, devant la Crèche.
Ce n'est qu'au ciel que nous connaîtrons tout le sens profond des actes rédempteurs du Christ. Ce sera l'une des plus grandes joies de notre béatitude éternelle. Mais la Sainte Eglise notre Mère nous en laisse déjà pressentir quelque chose, elle qui est éclairée des lumières de l'Esprit-Saint. Elle est cette Mère sensée qui "réfléchit sur toutes les paroles de Dieu et les conserve dans son coeur". Elle nous dit: Dieu s'est fait homme pour nous faire participer à la nature divine:" Vous serez comme des dieux", chuchotait Satan à l'oreille de nos premiers parents, "connaissant le bien et le mal"; et ses paroles ont trouvé un écho.
L'homme fut honteusement trompé. Sans doute il a connu le bien et le mal, mais il n'est pas devenu dieu. Des millénaires d'éloignement de Dieu durent lui apprendre qu'il s'égarait dans la recherche de la divinité. Ce n'était pas par l'orgueil qu'il pouvait devenir Dieu, mais par l'obéissance et l'humilité.
La nuit de Noël le lui a montré. Dieu s'est revêtu de haillons, il est devenu un petit Enfant vagissant, afin de nous montrer le chemin que nous devons suivre pour devenir Dieu.
dom Pius Parsch
ndlr: ce n'est pas le propro de service du coin qui vous parlera de filiation surnaturelle, ça c'est clair. Ce qui nous oppose aux modernistes, en ce sens le père Henry avait raison.