Marie étant la Mêre de Dieu, son Fils ne lui peut rien refuser. Demandez, o ma Mére, lui dit son Fils, car je dois vous écouter : Pele Mater meo ; neque enim fas est ut avertam faciem tuam (3 Reg. 2, 20).
Ainsi Marie peut obtenir de son Fils la conversion des pécheurs, la rémission des péchés aux pénitents, la consolation aux affligés, la santé aux malades, le soulagement aux indigents, l'augmentation de la grâce aux justes, la persévérance et la couronne.
Marie peut tout ce qu'elle veut. Elle peut, parce qu'elle est la Mére de Jésus-Christ; elle veut, parce qu'elle est aussi notre Mère. C'est pourquoi elle ne nous abandonne jamais sans que nous l'ayons abandonnée nous-mêmes les premiers; mais elle nous aime, nous gouverne, nous protége; elle nous porte sur le sein de sa tendresse, nous préserve des maux qui fondent sur nous dans cette vie misérable ; elle nous porte secours à tout instant, et surtout à l'heure de la mort, pour nous procurer le salut éternel comme étant les cohéritiers de Jésus-Christ notre frére.
Que celui qui est tenté par l'orgueil porte ses regards vers vous, ô Vierge puissante, dit saint Ildefonse , et par le mérite de votre humilité, l'enflure de l'esprit disparaîtra. Que celui qui est porté à la colère lève les yeux vers Vous, et votre douceur le calmera, que celui qui par erreur est sorti de la bonne voie vous regarde, ô étoile de la mer, et dans votre lumiière il reprendra le droit chemin. Votre bonté jointe à votre puissance préserve de tout danger; votre pouvoir est assez grand pour secourir.
Votre puissance peut tout à juste titre, puisque vous êtes la Mère de Dieu, la Reine du monde, l'Impératrice des cieux, l'Epouse du Saint-Esprit : Et merito quidem cum sis Mater Dei, Regina mundi, cœlorum Imperatrix, Sponsa Spiritus sancti.
Vous faites demeurer en Jésus-Christ et parvenir au ciel; vous êtes pleine de force dans l'éternité de Dieu, vous brillez dans la vérité de Dieu, vous vous réjouissez dans la bonté de Dieu. Vous arrachez du vice les pécheurs, et vous les rendez à la grâce, vous les associez à la sainteté ; vous mettez en fuite les crimes, vous purifiez les cœurs; vous rendez l'innocence à ceux qui sont tombés, la joie aux tristes; vous chassez les haines, vous préparez la concorde; vous arrêtez les guerres, vous calmez les fureurs ; vous abaissez les orgueilleux, vous chérissez les humbles ; vous portez partout la paix, vous réconciliez les ennemis ; vous comblez de dons ceux qui vous cherchent, vous ramenez ceux qui vous fuient; vous unissez la terre au ciel, vous changez la pauvreté des biens d'ici-bas en richesses divines.
Vous avez enfanté le Dieu du ciel, le Roi de la terre, le Seigneur de l'univers, le Rédempteur du monde, le Destructeur de la mort, le Restaurateur de la vie, l'Auteur de l'immortalité : Tu peperisti Deum cœli, Regem terrae, orbis Dominum, Reparatorem mundi, Morltificatorem mortis, Restauratorem vitae, perpetuitatis Auctorem.
C'est pourquoi, puisque, aprés Dieu, vous êtes la cause de tous les biens, je souhaite et veux vous louer, aimer votre beauté, vénérer votre béatitude, glorifier votre élévation, prier votre miséricorde, proclamer votre puissance.
Répandez la lumiére de vos bontés et de votre puissance, afin que mon âme souillée par le péché soit lavée par votre puissante grâce, soit illuminée par votre gloire, soit remplie de votre douceur, enflammée de votre amour, conservée par votre protection.
Que votre enfantement virginal et divin me sorte de ma captivité, me guérisse de mes péchés, détruise mon aveuglement, me ressuscite à la vraie vie, et me préserve de tout péché et de tout danger.
O ma Souveraine, je vous honorerai ; ô ma Douceur, je vous aimerai ; o ma Reine, je vous respecterai ; ô mon Epouse, je vous serai fidéle. Jetez sur moi la grâce de votre regard ; faites que je voie la lumiére dans votre splendeur, que je voie la vérité parmi les ténébres qui m'enveloppent, et qu'au milieu de la vanité des choses terrestres, je voie la vie, et que j'évite la mort.
Et comme vous êtes pleine de toutes les grâces, versez la blancheur dans mon âme, et chassez-en la malice; faites de mon cœur le temple de Dieu, purifiez-le, rendez-le, parfait, remplissez-le de votre saint amour, afin qu'en vous aimant je vous désire, qu'eu vous désirant je vous cherche, qu'en vous cherchant je vous trouve, qu'en Vous trouvant je vous embrasse, vous tienne, et que je me repose suavement en vous.
la ste Vierge d'après les Pères
Jean André Barbier.