Publié le 30 Novembre 2012
Saint Temps de l'Avent.
C'est que la venue de Jésus sur terre évoque pour nous l'Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie, qui se produit une fois pour toutes, et, seulement "lorsque les temps furent accomplis.
Mais pourquoi cette incarnation, pourquoi la rédemption elle-même?
Au dire de saint Jean, il n'y a point de doute possible: si le Christ vient d'abord nous sauver de nos péchés, cette libération ne représente que le côté négatif de sa tâche. De façon plus positive, le Fils unique vient nous faire connaîitre sensiblement la gloire du Père (JnI,18,14).
Pareillement, le Christ affirme qu'il a bien parachevé son oeuvre dès lors qu'il nous a manifesté le Père. N'est-ce point d'ailleurs la vie éternelle que cette connaissance.
"la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul Dieu véritable, et ton envoyé, Jésus-Christ." (Jn XVII,3) Il faut donc entendre ce mot de "connaître" non pas au sens pauvre d'une science abstraite et stérile, mais dans l'acceptation riche et pleine que ce mot prend généralement dans la Bible; connaître, c'est aimer, s'unir, se transformer en celui que l'on "connait" ainsi que l'écrivait Claudel.
Les fêtes de Noël mettront pleinement en lumière cet aspect de l'incarnation.
C'est bien ce qui explique aussi qu'elle survienne si tardivement: il fallait précisément que les temps fussent accomplis; autrement dit, il fallait au projet divin le temps de murir. Non pas, on le pense bien, que le Dieu de miséricorde ait tardé à envisager les remèdes à nos péchés "In aeternum misericordia ejus": de toujours, du même coup, Yahvé a prévu la créature épouse de son fils, défaillante en Adam, puis rachetée dans le second Adam. Il n'a même pas différé d'un seul jour l'annonce de notre rédemption, de sorte qu'elle précède même l'expulsion hors du Paradis terrestre, après la faute originelle.
Ce n'est pas la bonté prévenante de Dieu qui est en retard; c'est l'homme déchu qui s'avère incapable d'une Révélation plénière immédiate.
Il a donc fallu l'éduquer
:"Ainsi la Loi" - c'est-à-dire pratiquement toute la Révélation de l'Ancien Testament. - nous servit-elle de pédagogue jusqu'au Christ." L'humanité se trouvait alors en tutelle:" Aussi longtemps qu'il est enfant, l'héritier, quoique propriétaire de tous les biens, ne diffère en rien d'un esclave. Il est sous le régime des tuteurs et des intendants jusqu'à la date fixée par son père." Gal.IV 1
Déjà Diieu avait conclu un "Testament" en bonne et due forme qui rendait le peuple hébreu "propriétaire de tous les biens". En droit. En titre,. Non pas en fait, cependant. Parce que l'humanité n'avait pas encore fini ses classes, Dieu devait auparavant révéler graduellement, amoureusement, sa haute vocation à la petite sauvageonne qu'il avait adoptée dès sa naissance. (la grande parabole nuptiale d'Ezéchiel, ch; XVI.)
L'Ecriture Sainte n'est pas autre chose que le précieux recueil de tous ces enseignements, de toute cette révélation que Yahvé prodigua aux hommes durant les siècles. Il les instruisait, soit à travers les faits eux-mêmes de l'histoire sainte d'Israël, soit plus directement par les oracles de ses prophètes: la Bible tout entière est une manifestation de Dieu.
Comment le Père se montrerait-il à nous cependant, Lui qui est par excellence le Principe, la Source cachée," l'Au-delà de tout? Nul ne peut voir Dieu.." il a donc fallu que "le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui nous le fasse connaître. (Jn I,18) Lui, il le pouvait, puisqu'il est "l'image du Dieu invisible" (Col.I, 15) Il est par définition, manifestation du Père non manifesté.
De même que, par conséquent, "ce qu'il y a d'invisible se laisse voir à l'intelligence depuis la création du monde", puisqu'à travers ces créatures, faites à la ressemblance du Créateur, on peut deviner "quelque chose de son éternelle puissance et de sa divinité" (Rom.I, 20), de même, nous sommes appelés à connaître le Père en son `Verbe, puisque celui-ci est "l'empreinte de la substance" du Père. (Hébreux I,3).
"Philippe, dit Jésus, qui m'a vu a vu le Père. " (Jn XIV,9)
Mais avant que l'Incarnation proprement dite ne rende visible et palpable le Verbe de vie (I Jn I,1), Dieu s'était déjà manifesté partiellement, de façon moins tangible, non seulement en sa création - comme l'indiquait le texte de l'Epître aux Romains que nous venons de rappeler - mais par tous les oracles, prodigué aux patriarches, puis à Moïse avec lequel Dieu parlait comme un ami avec un ami, puis aux prophètes.
En somme, si "l'on ne pouvait voir Dieu sans mourir" si même au Sinaï Moïse ne fut admis à Le voir que de dos (Ex XXIII,20), du moins on pouvait l'entendre. " Voici que je mets en ta bouche mes paroles" déclare-t-il à Jérémie. Désormais, celui-ci pourra sans mentir proférer la déclaration solennelle qui l'accrédite: " Ainsi parle Yhavé.." ou encore "Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé..."
Or, quelle est donc la Parole du Père? Quelle est l'unique expression de l'amour qui est sa Vie divine, sinon le Verbe en personne?
Les figures des patriarches, des prophètes ou du peuple hébreu tout entier nous apparaissent maintenant comme nos véritables ancêtres en qui l'oeuvre de rédemption s'est réellement amorcée, tout comme s'accomplit dans l'Eglise cela qu'ils ont annoncé, espéré, préparé.