de l'Immaculée Conception. (2)

Publié le 28 Novembre 2012

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  "Avec l'Immaculée, tournés vers les réalités d'En-Haut"

 

q u'est-ce en effet que ce privilège originel de la Bienheureuse Vierge que l'on fête si heureusement le 8 décembre, en plein Avent?

 

C'est le fait que Marie n'est pas plus tôt créée que rachetée.

 

Il n'y a pas le moindre hiatus, le plus petit moment, le plus minime écart entre sa création et sa recréation. Alors que, pour chacun de nous, il s'écoule d'ordinaire bien longtemps et parfois toute une vie, avant que Dieu puisse reprendre pleinement en mains une volonté trop facilement rebelle, par suite du Péché originiel, la Vierge, dès le premier instant de son existence, dès qu'elle point à l'être, se voit et se veut parfaitement donnée à Dieu, à son action toute-puissante, créatrice et sanctificatrice.

 

Le dogme de l'Immaculée Conception porte donc à son comble le paradoxe des préparations à la venue divine: cum essem parvula, placui Altissimo, parce que j'étais toute petite, Dieu s'est complu en moi." Et quoi de plus petit que l'Immaculée lors de sa Conception?

 

Qui est comme Yahvé, notre Dieu,

Lui qui siège dans les hauteurs,

qui s'abaisse pour regarder

sur les cieux et sur la terre,

Lui qui relève le pauvre de la poussière...

Lui qui fait habiter dans une maison la stérile,

joyeuse mère de famille! Alleluia.

 

 

C'est que la Maternité de Marie témoigne du même parfait accomplissement de l'oeuvre divine grâce à la parfaite abnégation de soi qui est celle de la Vierge de Nazareth.

 

Toute mère doit recevoir d'un autre, et dans sa dépendance, le germe qui permet sa fécondité. Marie, parce qu'elle est plus donnée que toutes les femmes dans le voeu même de sa Virginité offerte à Dieu, se voit comblée d'un Fils qui est de Dieu même. Son renoncement illimité lui vaut d'être mère sans limite, puisqu'elle enfante non seulement l'Emmanuel, mais tous les membres du Christ à venir que nous sommes.

 

C'est là sans doute ce qu'annonçait plus profondément le célèbre oracle d'Isaïe VII,14  :" Ecce Virgo concipiet..." qui est l'un des axes centraux autour duquel s'est construite la liturgie de l'Avent.  Vu sous cet angle, il prend un air plus familier, plus assuré, qui n'est pas moins constructif que la prédiction matérielle à quoi l'on aurait spontanément tendance à le réduire.

 

L'annonce en effet parait si claire, et nous somme si désireux de trouver dans les prophéties la définition précise d'évènements futurs que nous croyons avoir épuisé le sens de cette Révélation quand nous avons traduit: Une Vierge concevra....Et bien entendu si Dieu avait voulu jouer au prophète, il lui aurait été facile de nous écraser sous une infinité de prédictions toutes plus précises les unes que les autres.

 

 

En fait il n'en est rien. Contrairement à la traduction utilisée par les Pères et la Liturgie, le texte original parle seulement d'une 'Almah" qui doit concevoir. Or "almah" signifie seulement "jeune fille" ou "jeune femme", sans plus préciser, et le contexte d'Isaïe semble bien indiquer autre chose qu'une conception virginale, du moins à le prendre dans son sens direct, immédiat.

 

A quoi donc alors cette prophétie? On ne peut hésiter là-dessus: Yahvé entend donner une leçon au roi Achaz, trop soucieux des conjonctures politiques défavorables. Celui-ci ne songeait qu'à trouver dans sa politique le moyen de se tirer du plus mauvais pas, sans même penser à recourir au Dieu qui met pourtant sa Gloire à être le seul véritable Sauveur de son peuple.

 

C'est pourquoi Yahvé envoie son serviteur Isaïe lui annoncer qu'il a bien tort d'échaffauder toute une diplomatie: plutôt que sur des espoirs trop humains, qu'il s'appuie sur ce Dieu même, qui préfère "choisir ce qu'il y a de faible dans le monde pour confondre la force, et qui dans le monde est sans naissance, méprisé, humilié, afin de réduire avec ce qui semble inexistant ce qui est, afin que nulle chair n'aille se glorifier devant Dieu.

 

Ainsi comprise dans son ensemble, et non plus en s'hypnotisant sur les seuls trois premiers mots: ecce virgo concipiet  l'oracle d'Isaïe concorde parfaitement avec le sens le plus général de la Révélation scripturaire, avec cet enseignement divin, avec cette préparation, cette éducation de l'humanité par Dieu, afin qu'elle devienne capable de recevoir le Messie.

 

 

Marie répond à cette prophétie d'abord en ce qu'elle aurait le coeur assez pur de tout retour sur soi pour se fier entièrement à Dieu. Du même coup, Celui qui "renverse les potentats de leurs trônes" élève l'humble fille de David et lui donne même d'accomplir l'oracle, puisqu'elle sera une Almah Vierge, qui enfante l'Emmanuel véritable.

 

Depuis lors, elle n'a point cessé d'être ce lieu de toutes les complaisances divines, cet instrument humain seul suffisamment parfait pour préparer toutes les Venues du Fils de Dieu dans l'humanité. Car si l'Incarnation proprement dite est unique dans l'histoire, nous avons vu qu'il y a des bien des manifestations progressives du Verbe tout au long de l'Ancien Testament, nous croyons aussi que le Christ doit continuellement se manifester, en son Eglise comme en chacun de ses fidèles, comme à tout ce monde païen ou incroyant auquel il demeure encore caché.

 

 

C'est cette manifestation-là  qui s'accomplit de façon encore mystérieuse et cachée, à la fois dans la célébration du cycle de Noël, dans les conversions intérieures que sa grâce produit en nous, et dans le rayonnement enfin des missions qui doivent découvrir à tous la Présence du Seigneur, jusqu'à ce qu'elle éclate en une Parousie définitive.

 

 

En tout cela, Marie doit être présente elle aussi, non pas seulement comme le modèle achevé des préparations divines, mais comme une Mère bien vivante, qui nous prépare à cette découverte: Dieu règne! et Jésus, en nous doit assurer son Règne.

 

 

La liturgie de l'Avent est bien faite pour favoriser cette prise de conscience, et il n'y a donc rien d'étonnant si elle nous incite à une plus vive et fervente invocation du Précurseur et de la Vierge Marie.

 

 

 

 

 

dom Claude Jean Nesmy

spiritualité de Noël 1960

 

 


Rédigé par dom Claude Jean-Nesmy

Publié dans #spiritualité

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