mère d'amertume.

Publié le 7 Mars 2018

" Son nom, Marie, veut dire " mère d'amertume"; non pas que l'amertume lui soit naturelle, elle, plus douce que le miel, mais une triple amertume la remplit parce qu'elle remplit aussi douloureusement son Fils.

   Les Juifs, d'abord, ont fait naître son amertume quand ils ont cloué son Fils en croix; ce que visait Siméon quand, parlant d'un glaive de douleur, il disait qu'il transpercerait son âme.  Comment aurait--elle été sans amertume, en effet, quand tout ce qui faisait la douceur de sa vie fut cloué sur la croix, remplit de la double amertume de la confusion et de la douleur? ...

   Elle est encore remplie d'amertume par les pécheurs quand ils tuent son Fils non dans son propre corps, mais dans ses membres, quand un homme tue son âme et parfois, avec son âme celle d'autrui. En péchant ainsi, autant qu'il est en nous, nous  remplissons Marie d'amertume, parce qu'elle ne peut cesser d'être pleine de miséricorde ni s'empêcher d'avoir pitié des membres de son Fils, qu'elle voit déchirer.

   C'est ce que visait Noémi quand, revenant de Moab après la mort de son époux et de ses fils, elle disait aux femmes de Bethléem :" Ne m'appelez plus Noémi, appelez-moi Marah - c'est-à-dire douloureuse - car le Tout-Puissant m'a saturée d'amertume. Je m'en suis allée les mains pleines, et Dieu me ramène les mains vides. Pourquoi m'appelleriez-vous Noémi après que Dieu m'a humiliée et affligée à ce point ? "  (Ruth I, 20-21).

   Ces plaintes conviennent bien à Marie, qui embrasse comme ses enfants, dans le sein de sa miséricorde et de sa piété, tous les membres de son Fils. Comme Noémi en Moab, elle vient dans ce monde pétri de méchanceté et elle y voit mourir les hommes, les hommes enfantés à la grâce et à la miséricorde par son intercession; en eux, elle voit mourir le Seigneur, lui, le véritable époux de son âme: non pas que Dieu puisse mourir, mais parce que, comme dit saint Paul, les pécheurs " crucifient de nouveau le Fils de Dieu et le livrent à l'ignominie " . (Hebr. VI,6) , souillant et répandant le Sang de l'Alliance dans lequel ils ont été marqués, et faisant injure à l'Esprit de grâce qu'ils ont reçu.

   Elle est enfin remplie d'amertume, d'une amertume qui ne rend pas son coeur amer, mais l'adoucit et l'amollit: c'est quand elle voit les hommes avoir le coeur plein de tristesse pour les péchés qu'ils ont commis, d'une tristesse qui leur vaudra la gloire; alors elle se remplit, elle se nourrit de cette tristesse :" non parce qu'ils ont été attristés, mais parce qu'ils ont été attristés selon Dieu .(I Cor.VII,) : car elle voit que cette amertume selon Dieu et cette bonne tristesse les rendent plus attentifs à marcher sans reproche avec Dieu... Ce n'est pas par jalousie, c'est par haine du péché qu'elle se réjouit, elle qui est la mère de la piété et pour qui tout progrès d'un chrétien est un réconfort. Elle voit que le Seigneur les a "ramenés du fond de la mer " (Ps. 67 Vulg. , 23) et elle se réjouit, invitant tous les saints à se réjouir avec elle, comme cette femme qui avait perdu une drachme et qui , pour la retrouver, avait balayé toute sa maison ( Luc, XV, 8-10)

st Albert le Grand.

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article