l'Apocalypse (2) fête de la Dédicace abbaye de Solesmes 12 Octobre

Publié le 10 Octobre 2018

" Et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux."

 

    Et ce sont là les images définitives qui doivent rester dans l'esprit du lecteur . En envoyant aux églises sa terrible prophétie, Jean ne leur a souhaité que " la grâce et la paix "; car les épreuves qu'il leur annonce, et qui ne seront pour eux un danger réel que s'ils sont timides et lâches, le voyant veut  qu'il les considèrent toutes dans la tendre et radieuse lumière, qui s'épand du trône de miséricorde où siègent Dieu leur Créateur et l'Agneau leur Rédempteur.

   L'infaillible victoire de Dieu, ce sera la victoire de ses saints. Leurs prières continuelles pour que son Règne arrive amènent, comme cause seconde, l'avènement du Verbe triomphateur qui aura raison des Bêtes et du Dragon. Pourtant elles n'empêchent pas le déchainement de maux effroyables. Mais ce sont les soubresauts d'agonie du Dragon vaincu dès le premier avènement du Christ.  Bien plus, Jean a osé communiquer (ch. VIII,3-5) une vision étrangement dramatique, dont le sens est que les fléaux destructeurs sont le premier résultat des prières réclamant le règne de la paix divine.  Ce sont les charbons de l'encensoir céleste, oui, du même encensoir qui a dégagé le parfum irrésistible des prières terrestres,  ce sont ces charbons qui, jetés sur la terre, la marquent pour les ravages que vont évoquer les sonneries de trompettes angéliques, - trompette du jugement continu au long de l'histoire; Singulière contradiction à première vue. Mais on peut comprendre. Que demandent-ils les "saints", sinon que le Règne du Christ arrive? " Viens, Seigneur Jésus!" et vienne avec Toi le bonheur, pour le temps et l'éternité! D'avance, ils acceptent toutes les conditions que la Sagesse infaillible de Dieu sait les mieux appropriées à l'arrivée prompte et intégrale de ce Règne, fussent-elles incompréhensibles à leur humaine raison.

   Or, il y a des obstacles, l'opposition irréductible des Bêtes et de leurs adorateurs obstinés, qui doivent d'abord être abattus; il y a même dans les meilleurs âmes, des barricades secrètes dressées contre le progrès de la grâce , que seule fera tomber la lumière qui jaillit des épreuves . Dieu va au plus court pour combler les désirs des siens. C'est pour cela qu'il laisse Satan exciter ces bouleversements où les agents du mal se heurtent et sont détruits les uns par les autres; Babylone, c'est-à-dire la domination de la Rome païenne, le grand ennemi au Ier siècle, sera mise à mal par d'autres suppôts de la Bête qui grandiront à ses dépens, et c'est un présage de ce qui arriva toujours au cours des âges.  Jusqu'au jour où le glaive du Verbe (ch. XIX) qui est surtout la prédication évangélique, détruira les Bêtes elles-mêmes, qui symbolisent tout le dynamisme infernal . Cette victoire sera complète au temps de la Parousie, ou Second Avènement. D' ici là, les horreurs et les calamités peuvent sembler ne faire autre chose qu'exaspérer les péchés et les blasphèmes des hommes, et préparer malheur après malheur. L'Eglise en souffre dans sa chair, dans ses enfants, pourtant elle passe toujours vivante au milieu des désastres, et le spectacle de cette durée indestructible Ch.XI: l'activité et la résurrection des deux Témoins), plus efficace que n'ont été en eux-mêmes les châtiments, agrandit toujours son empire en extension ou en profondeur. Viendra le temps où la moisson du genre humain sera mûre à point (ch. XIV , 15-16) pour que se produise la résurrection bienheureuse de tous les élus.

   Quand viendra-t-il ce jour ? Dieu le sait. Les fidèles acceptent ce plan de Dieu, avec toutes ses conditions, et prient sans cesse pour qu'il se réalise exactement comme Dieu l'a établi.

   Heureux celui qui sait et accepte cela! Déjà il possède "l'étoile du matin" (ch. II, 28; XVII, 16) , il voit poindre et grandir l'aurore; il entend Jésus frapper à sa porte et demander accueil à sa table (ch. III,20), il prend conscience du "nom nouveau" que connaît seul son heureux porteur (ch. II, 17), et goûte secrètement, adoucissant toute amertume personnelle ou publique, les fruits de l'arbre de vie (ch.  XXII, 17) Aussi , quoi qu'il arrive sur le plan terrestre, il attend dans la confiance. 

   Telle est la leçon de l'Apocalypse. Il n'y en a point d'autre, parce qu'elle suffit à ceux qui ont une foi vive. Jean a écrit sa rude et tendre prophétie pour soutenir leur courage :

" Heureux celui qui lit et qui entend" (ch.1,3) .

 

R.P. Bernard Allo O.P

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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