D'autres Christ. " Tu es sacerdos in aeternum." dédicace à mr. l'abbé Humm !

Publié le 26 Juin 2020

 

 

 

   Etant baptisés, vous avez en vous une première grâce inaliénable, gratiam quae est in te. Il est de foi que, par le Baptême, vous avez été retirés de l'état de péché où naissent les fils d'Adam; établis dans le bienfait de la Rédemption, pénétrés de la beauté et de la valeur des mérites du Christ , prédisposés par des influences secrètes à accepter les vérité de l'Evangile, à en accepter aussi, pour coûteuses qu'elles dussent être, toutes les applications. Que vous y songiez ou non, que vous le vouliez ou non, cela est. Quod est, disent les scholastiques, non sans quelque apparence de pléonasme et de tautologie, nous pouvons le redire après eux: Ce qui est, est . Votre vie physique n'est pas plus réelle, depuis l'enfantement de vos mères, que votre vie surnaturelle depuis la régénération baptismale. 

   Etant prêtres, vous avez en vous une seconde grâce, distincte de la première, qui se surajoute à la première et du degré élémentaire de l'ordre chrétien vous fait monter au plus haut sommet. Avant l'ordination, vous bénéficiiez des fruits généraux de l'Incarnation et de la Rédemption; depuis vous êtes entrés dans les puissances mêmes du Christ, pour en faire bénéficier vos frères. Vous servez d'instrument visible et d'agent à la plupart de ses opérations sur la conscience humaine. Suivant le mot bien connu, vous êtes devenus " d'autres Christ" .

  D'autres Christ ! Notre-Seigneur Jésus-Christ est prêtre. Il l'est essentiellement, nécessairement, depuis son premier souffle  jusqu'à la Croix et à jamais. Il l'est tellement, qu'à vrai dire, il n'est rien d'autre. Il l'est, et ne peut pas ne pas l'être, la rencontre et la fusion, en lui, de la nature humaine avec la nature et la personne divine, en vue de la Rédemption, constituant le caractère spécifique du sacerdoce proprement dit. Incessamment dans sa vie théandrique , Jésus offre à Dieu l'humanité repentante et purifiée, et donne Dieu, sa grâce et son pardon à l'humanité. Cela, c'est exercer la religion la plus parfaite. Cela, c'est être prêtre. Jésus ne devient pas prêtre à un moment ou à l'autre de son enfance, de son adolescence, de sa jeunesse, par un degré quelconque de dignité et d'excellence surajouté à ses qualités primitives, par une addition supplémentaire de puissance et de mission. Dès le premier instant de son existence, précisément à cause de l'absolue sujétion en lui de l'humanité à Dieu et de la pénétration souveraine de l'humanité par Dieu, il réalise toutes les conditions, il a toute la plénitude du sacerdoce. 

   Nous sommes prêtres, nous aussi, non plus de plein droit, d'essence et de nature, mais par une association gratuite au sacerdoce du Christ. Il n'y a pas deux sacerdoces, celui de Jésus et le nôtre. Il n'y en a qu'un, le sien, dont , par le sacrement de l'Ordre, nous sommes participants. Si je disais que notre nature humaine n'est en nous que l'écoulement de la nature divine, je serais passible d'hérésie, je serai panthéiste. Si je dis que notre sacerdoce est en nous l'écoulement du sacerdoce du Christ, j'exprime la plus indéniable vérité. Ce que Jésus a fait, nous le faisons. Lui avec nous, Lui en nous, Lui par nous, continue de donner Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. 

    Nous nous succédons à travers le temps et l'espace; il le faut bien, la caducité de nos vies nous condamne à paraître et à disparaître. Mais Lui demeure et nous prêtons à la pérennité de son sacerdoce le moyen de s'exercer à jamais. 

   D'autres Christ!  Notre sacerdoce, notre prêtrise, cette communion authentique à l'être et aux puissance de Notre-Seigneur souverain prêtre, n'est point une qualité d'emprunt jetée comme un manteau d'honneur sur notre vie. C'est un caractère nouveau, profond, intime, irréductible. C'est, en nous, une réalité et une entité de plus. C'est une addition d'être mêlé à notre être propre, un surcroît ontologique , d'où résultent pour nous des facultés et des droits, des énergies et des fécondités d'un ordre à part. Ce que nous ne pouvions pas comme simples chrétiens, nous le pouvons comme prêtres, comme représentants du Christ, comme autre Christ. C'est ainsi , par exemple, qu'en son nom, en répétant les mêmes paroles que Lui, nous créons l'Eucharistie, nous octroyons le pardon des péchés. 

   Comparez, votre dignité de prêtres aux dignités les plus vantées dans le monde. Certes, je suis loin de mésestimer les distinctions honorifiques attachées aux diverses situations sociales. Celui-ci est chef d'Etat; celui-là est ministre; cet autre, magistrat; cet autre, juge .... 

   Aucune de ces qualifications, aucun de ces prestiges, n'atteint l'intime de l'être, pour le relever et le transfigurer. Il y a superposition, point compénétration. Sous les plus brillants dehors du personnage, il reste ... un homme, purement et simplement un homme. Et, quand viendra la mort, tout s'écroulera devant le cercueil . Non sumet omnia quum interierit dives. 

   Pour nous, il en va autrement. La qualité sacerdotale, une fois conférée par le sacrement, une fois acquise, envahit tout notre être, y adhère, en est désormais inséparable. Sacerdos in aeternum. 

   D'autres Christ ! Oui, nous le sommes. Pour répéter ce que nous disions tout à l'heure, que vous le vouliez ou non, qu'habituellement ou non vous y pensiez, que votre foi, demeurée vive, vous émeuve quand elle vous affirme cette réalité, ou qu'elle vous laisse indifférents, parce qu'elle s'est voilée et commence peut-être de s'obscurcir, le sacrement de l'Ordre , gratiam quae est in te, a fait de vous, a fait de vous tous, prêtres de tous les pays et de tous les temps, d'autres Christ. 

abbé Planus. 

   

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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