Vacances: la prière d'adoration. (2)

Publié le 6 Juillet 2020

 

    Il n'est rien de plus nécessaire que l'élévation de notre esprit et de notre coeur vers Dieu, par l'adoration et l'action de grâces; rien de plus noble et de plus digne de l'homme.

   Bien que la matière entre dans la composition de sa nature, l'homme n'est pas condamné à végéter ou à ramper ici-bas sous l'empire des forces organiques ou des obscurs instincts de la vie animale.

   Il est esprit en même temps qu'il est corps, et par son esprit il peut s'élever, à travers les choses visibles, jusqu'à leur principe invisible. A moins que de vulgaires appétits ou de basses convoitises ne la retiennent captive, l'intelligence humaine tend à monter vers Dieu, non pour le voir déjà, cette vision est l'acte réservé d'une autre vie, mais pour savoir qu'il existe, qu'il ne tient rien que de lui-même qu'il est le principe de tout être et de toute perfection, la perfection éternelle et infinie, grand au-dessus de toute grandeur, puissant au-dessus de toute puissance, sage au-dessus de toute sagesse, bon au-dessus de toute beauté, saint au-dessus de toute sainteté.

   Remplie de cette connaissance, l'intelligence humaine ne peut demeurer immobile dans un superbe silence; mais, obéissant à l'impulsion logique qui résout pratiquement toutes les idées, il faut qu'elle exprime son ravissement par un hymne de louange, un cantique d'adoration.

   Il le faut. Dieu se doit à lui-même cette première élévation de l'âme humaine, cette première prière de sa créature. Sa majestueuse présence nous disent les Saintes lettres, a fait tressaillir les monts et les collines, et les a fait bondir comme les béliers et les agneaux des troupeaux A facie Domini mota est terra.. Montes exultaverunt ut arietes et colles sicut agni ovium. (Ps. CXIII) pourquoi n'ébranlerait-il pas ces hauteurs sacrées où la pensée humaine se lève radieuse, comme le soleil sur la cime des montagnes? 

   En répandant une lave de sa gloire sur les flancs du Sinaï, il lui fit jeter des cris qui étonnèrent le désert; pourquoi n'arracherait-il pas une prière à l'âme intelligente de l'homme ? 

  Ce n'est pas qu'il en ait besoin pour ajouter quelque chose à son être, à sa vie, à sa félicité. Il est infini, il vit d'une vie infinie, il est heureux d'une félicité infinie. Quand il se contemple , il ne peut s'empêcher de se bénir lui-même d'une bénédiction qui suffit à sa grandeur et à sa plénitude. Cependant, parce qu'il est le principe nécessaire de toutes choses, il ne peut, sans porter atteinte à sa Majesté, éviter de se rencontrer en toutes choses. 

   Rien ne le forçait de créer, mais parce qu'il a voulu par pur amour répandre le bien , il faut qu'il retrouve dans ce bien répandu son bien à lui, c'est-à-dire sa plus grande gloire. Ce n'est pas de sa part une ambition égoïste, c'est une nécessité à laquelle il ne peut se soustraire, et qui régit ses décrets. Tous doivent avoir sa gloire comme but, autrement Dieu se dépouillerait de la plus auguste de ses relations avec les choses créées , laquelle est d'être leur fin suprême, en même temps qu'elle est leur premier principe. 

   Il y a plus: Dieu ne peut se contredire dans un seul et même acte, et cependant il se contredirait si, en leur donnant l'existence, il permettait aux créatures de n'avoir aucun rapport avec lui, de ne tenir aucun compte de sa suprême causalité, de s'appartenir. Ce serait les revêtir d'une gloire insolente qui l'obligerait à leur refuser le concours nécessaire de sa puissance, à les repousser dédaigneusement loin de lui, à les anéantir: c'est absurde. 

   Non, Dieu ne peut pas sacrifier sa gloire, il l'a dit lui-même: Gloriam meam alteri non dabo. (Isaïe cap XLII,8)

   Il a donc le droit d'exiger de sa créature un acte qui ait pour but spécial de rendre hommage à sa perfection, acte que les créatures ne peuvent lui refuser, dans l'intérêt de leur propre existence; cet acte c'est la prière d'adoration. 

   Il est vrai que cette prière s'adresse à un être invisible. " Dieu est un Dieu caché".  Vere tu es Deus absconditus (Isa. cap XLV,15) Cependant , dit l'Apôtre, " Il ne nous a pas privés de tout témoignage de son existence et de sa perfection : Non sine testimonio semetipsum reliquit" . (Act. cap.XIV,16)

   Si nous projetons, à travers nos yeux de chair, la lumière de notre esprit sur le monde, nous aurons bientôt reconnu que Dieu est partout. " Il est partout, dit saint Thomas, par son essence, par sa science, par sa puissance " . 

   Par son essence, car qui donc pourrait donner et conserver à des créatures contingentes et de passage l'être et l'existence qu'elles ne peuvent avoir par elles-mêmes, si ce n'est Celui qui ne doit qu'à lui-même son être et son existence?

   Par sa science, car qui donc pourrait ordonner harmonieusement tant de créatures diverses et disparates, si ce n'est Celui qui voit d'un seul coup d'oeil tout ce qui peut être connu? 

   Par sa puissance, car qui donc pourrait conduire à leurs fins chacun des êtres et leur ensemble, si ce n'est Celui qui les tient sous l'empire d'une seule et souveraine volonté? 

   Oui, Dieu est partout, et partout, " il se manifeste à qui sait comprendre ce qu'il a fait . " Les cieux racontent sa gloire dit le Psalmiste, le firmament nous apprend qu'il est l'oeuvre de ses mains et son nom admirable est écrit sur toute la terre. " 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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