Comme des tout petits... !

Publié le 20 Janvier 2021

 

"  De la bouche des enfants et des nourrissons le Seigneur a fait sortir une louange parfaite. " 

 

   ... le divin Maître fait l'éloge des enfants et nous les donne en exemple. L'enfant, le tout petit, l'humble nourrisson, le fruit des entrailles maternelles, qui vit avec sa mère, de sa mère, en sa mère, est le modèle que nous devons suivre pour vivre avec Dieu et en Dieu. 

   Le petit enfant n'est d'abord que le fruit des entrailles maternelles, où il se forme peu à peu, vivant de la vie qui lui est perpétuellement communiquée par sa mère. 

   Une fois né, il reste longtemps encore un tout petit qui ne peut rien sans elle, qu'elle doit porter dans ses bras et nourrir de son lait. Le psaume cité par Notre-Seigneur parle de la louange parfaite que célèbre le petit nourrisson. En effet tous les compliments que l'on peut formuler à l'adresse d'une maman ne valent pas l'éloge silencieux mais éclatant, que fait d'elle ce bel enfant, fruit de sa fécondité, épanouissement de sa vie. 

   Les mois passent. L'enfant commence à marcher, il va et vient dans la maison, mais sans sortir du rayonnement maternel où il gazouille et s'amuse en sécurité. A la moindre alerte, il court dans les bras de sa mère. Il lui fait part de toutes ses joies, comme de toutes ses peines. 

   Au bout de quelques années, il sort, il va en classe, mais il revient chez sa mère pour les repas, pour le sommeil , pour les vacances au moins. Là est le lieu de son repos,  du vrai réconfort physique et moral. Là seulement l'adolescent est chez lui. 

   Mais à la fin, devenu un homme et se suffisant désormais, il quitte sa mère pour fonder un autre foyer. Il reviendra seulement de temps à autre, un moment, soit par besoin, pour demander des subsides à certains jours difficiles, soit par piété filiale, pour présenter ses devoirs aux jours de fête. 

   L'enfant de Dieu a , lui aussi, toujours des devoirs vis-à-vis du Père céleste. Mais, de plus, il en a toujours et sans cesse besoin. Il vit en sa perpétuelle dépendance. Jamais il ne se suffit. L'enfant devenu homme peut se passer de sa mère. Elle meurt et il continue de vivre. Mais nul homme, qu'il y pense ou non, ne peut se passer de Dieu pour subsister.

  Notre vie est à Dieu un perpétuel emprunt. Nous sommes en lui, nous vivons en lui toujours, comme un enfant dans le sein maternel. On se perfectionne à mesure que l'on vit davantage en Dieu et de Dieu, source première de tout notre être, surtout de notre être surnaturel qui est une véritable participation à sa vie intime.

   Et alors, pour atteindre progressivement notre idéal, nous devons procéder suivant l'ordre inverse de celui qui vient d'être décrit.

  Tandis que le tout petit en se développant devient un homme, l'homme maintenant doit travailler à devenir un enfant. Il le faut, quoi qu'en pensât Nicodème que cette affirmation de Jésus scandalisait. 

   Nous serons d'abord comme le fils établi dans le voisinage, qui vient de temps en temps embrasser sa vieille mère, s'informer de ses nouvelles, lui raconter les projets qu'il a formés, demander conseil à son expérience. C'est avec la messe du dimanche, la prière matinale que tout bon chrétien adresse au Père qui est aux cieux. 

   Puis peu à peu, faisant des progrès, on ressemblera à l'adolescent qui demeure encore chez sa mère, qui y revient plusieurs fois le jour, lui parle avec plus de simplicité, parfois très familièrement. Ces paroles de son fils, qui ne sont à certains moments que de petites phrases quelconques, sonnent plus agréablement aux oreilles de la mère que les formules polies et les compliments bien tournés des visiteurs qu'elle reçoit à  jour fixe dans son salon. Telles sont les prières, les divers exercices de piété que les personnes ferventes sèment au cours de leurs journées: oraison, messe, office divin, chapelet, visite au Saint-Sacrement, oraisons jaculatoires. 

   Ensuite on deviendra pareil à l'enfant qui ne quitte jamais ou presque jamais la présence maternelle. On vivra presque toujours avec Dieu. A la moindre joie, à la moindre peine on se tournera vers lui. On lui dira sans apprêt des mots affectueux. C'est l'oraison des âmes intérieures. Comme les bégaiements du petit enfant étouffent pour une mère les bruits de la rue, cette oraison si riche en même temps que si pauvre, " l'oraison de simplicité " , couvre et fait oublier au coeur de Dieu tous les blasphèmes du monde. 

   Dieu peut nous admettre en plus d'intimité encore. Le nourrisson qui vit en silence du lait de sa mère a paru à sainte Thérèse, à saint François de Sales le symbole " très juste " de l'oraison de quiétude, première phase des oraisons mystiques , et la vie de l'enfant dans les entrailles maternelles représente au mieux l'union parfaite des saints dont la vie est cachée en Dieu, qui n'ont d'autre vie que la sienne. 

RP Joret op + 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article