st Nicolas, patron des enfants. 6 décembre

Publié le 5 Décembre 2008










La légende de st Nicolas


Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Tant sont allés, tant sont venus
Que le soir se sont perdus
Ils sont allés chez le boucher
Boucher, voudrais-tu nous loger ?

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Ils n'étaient pas sitôt entrés
Que le boucher les a tués
Les a coupés en p'tits morceaux
Mis au saloir comme pourceaux

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Saint Nicolas au bout d'sept ans
Vint à passer dedans ce champ
Alla frapper chez le boucher
Boucher, voudrais-tu me loger ?

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Entrez, entrez Saint Nicolas
Il y a de la place, il n'en manque pas
Il n'était pas sitôt entré
Qu'il a demandé à souper

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Du p'tit salé, je veux avoir
Qu'il y a sept ans qu'est dans le saloir
Quand le boucher entendit ça
Hors de la porte il s'enfuya

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Boucher, boucher, ne t'enfuis pas
Repens-toi, Dieu te pardonnera
Saint Nicolas alla s'asseoir
Dessus le bord de ce saloir

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Petits enfants qui dormez là
Je suis le grand Saint Nicolas
Et le Saint étendant trois doigts
Les petits se lèvent tous les trois

Ils étaient trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs

Le premier dit "j'ai bien dormi"
Le second dit "Et moi aussi"
Et le troisième répondit
"Je me croyais au Paradis"

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Saint Nicolas mon bon patron



    Saint Nicolas mon bon patron,
    Apportez moi des macarons,
    Des biscuits pour les p'tites filles,
    Des marrons pour les garçons,
    Des mirabelles pour les d'moiselles,
    De beaux rubans pour les mamans,
    Du tabac pour les papas,
    Des lunettes pour les grands pères,
    Des halettes pour les grands mères
    Un pot de fleurs pour ma chère soeur
    Un baiser pour mon petit coeur.

Saint Nicolas en Lorraine.

Pour Saint-Nicolas, plus que pour tout autre, il y a lieu de distinguer soigneusement entre son histoire, bien lointaine et peu sûre, et le culte millénaire qui lui a conféré en quelque sorte la nationalité lorraine. C'est d'ailleurs sur ce second point que nous trouverons le plus de choses charmantes et de détails inédits.

De la vie de notre Saint, il n'existe pas d'ouvrage qui soit historiquement valable. Tout le Moyen Age a vécu, dans ce domaine, de ce que lui rapportaient des traductions d'auteurs grecs du VIII' siècle et la légende ne se fit pas faute d'y ajouter encore.
Dans la Chrétienté entière et en notre Lorraine en particulier, Saint Nicolas a gardé constamment une grande faveur, c'est par rayonnement de la bonté même de Dieu qui transparaît dans toute sa vie. Mais il le doit aussi aux charmes de la légende qui ont fait de cette vie un livre d'images aux merveilleuses teintes de vitrail.

Saint Nicolas naquit, dans la seconde moitié du IIIe siècle, à Patare, petit port de Lycie, province d'Asie Mineure, voisine de l'île de Rhodes. Comme bien on pense , il appartenait à une famille riche et distinguée de la ville, ce qui lui fournit bientôt la "matière " de son premier beau geste.

Mais nous retiendrons surtout, au compte de son milieu familial, cette autre richesse d'une foi chrétienne, puisée à bonne source. Saint Paul, en effet, avait séjourné à Patare, au retour de son troisième voyage.
Le jeune Nicolas fut-il frappé quelque jour d'entendre proclamer à l'église le précepte et l'éloge à la fois, que l'Apôtre fait, dans son Épître 1 aux Corinthiens, de la charité qui est patiente et bonne et ne s'enfle point d'orgueil (XIII, 4) ?

Apprenant par la rumeur (ce fut de tout temps l'apanage des petites villes) qu'un notable du pays, atteint par un revers de fortune, envisageait de livrer ses trois filles à la prostitution, faute de pouvoir les doter convenablement, à la faveur de la nuit, Saint Nicolas se glisse vers la demeure et, par la fenêtre ouverte, lance une grosse bourse remplie de pièces d'or.
Le geste fit son effet, car bientôt notre homme mariait fort honorablement son aînée. Restaient les deux cadettes. Pris à ce jeu, tout à fait dans le genre Scout ou Cœur Vaillant, dirions-nous aujourd'hui, Saint Nicolas, toujours incognito, renouvela son geste par deux fois. Mais il se fit prendre la dernière nuit et, tout confus, supplia son obligé de n'en rien dire.

Le secret fut-il bien gardé ? En tout cas, personne ne fut surpris de voir ce sympathique jeune homme devenir prêtre, vivre quelques années dans un monastère et en sortir bientôt pour accéder à l'évêché de Myre, capitale de la province.

Dans ce nouveau ministère, Saint Nicolas put donner libre cours, et sur un plan considérablement étendu, à cette bonté d'âme qu'il tenait de sa nature et que la grâce, les miracles aidant, ne fit qu'exalter. Tous les traits de sa vie, retenus par les chroniqueurs - nous ne saurions ici les contester, tant ils sont simples - portent la marque de cette générosité inlassable, gratuite et souriante, qui le rendait infiniment sensible à la moindre détresse matérielle ou morale. Ainsi, le voit-on s'intéresser avec prédilection aux enfants de son diocèse, intervenir auprès de l'empereur, en faveur de trois officiers, libérer, en se jouant, des prisonniers, ravitailler miraculeusement en blé sa ville en proie à la famine, sauver du naufrage des matelots qui sombraient.

Même si nous négligeons toutes les naïves enluminures dont la légende a cru devoir, pour illustrer sa mémoire, entourer chaque scène, il reste que la charité foncière fut la caractéristique de sa sainteté. Par là s'explique sans peine l'extension prodigieuse de son culte à travers le monde et jusqu'à nos jours.

Tendre et compatissant pour les personnes, à l'exemple du divin Maître, Saint Nicolas n'en fut que plus intransigeant sur les questions de doctrine. Défenseur de la foi auprès de ses ouailles, il combattit avec vigueur cette hérésie sournoise dont Arius infestait alors l'Asie Mineure, avant de gagner tout l'Occident. La politique s'en mêlant, les empereurs de Constantinople favorisaient dangereusement les entreprises de l'Arianisme. A ce titre, Saint Nicolas subit la persécution de 316, se vit exiler de Myre et jeter en prison. Trop heureux de souffrir comme les siens, il se garda bien de faire miracle pour s'en tirer. Du reste, la victoire de Constantin vint bientôt renverser la situation. Bien que son nom ne figure pas dans la liste des 318 signataires, la tradition rapporte que Saint Nicolas assista au 1er Concile œcuménique de Nicée, réuni en 325, sur l'initiative de Constantin, et qui condamna l'Arianisme.

Saint Nicolas mourut fort peu de temps après et fut inhumé dans sa cathédrale. Sa disparition fut davantage ressentie par ceux qu'il avait tant obligés. Poussée à la fois par le besoin et par la certitude qu'au-delà de la mort le Saint Évêque restait lui-même, la foule des malades et des déshérités se pressa de plus belle à son tombeau, On y accourut non seulement de Lycie, mais de toutes les provinces d'Orient où il n'était point allé.

Au moment d'aborder l'histoire du culte de Saint Nicolas, précisons qu'à l'inverse de sa biographie, encombrée de légendes, il existe d'innombrables documents historiques touchant ses reliques et les pèlerinages auxquels elles donnèrent lieu.

La renommée du grand thaumaturge se répandit très vite. Dès la fin du siècle, Saint Jean Chrysostome lui fait une belle place dans la liturgie nouvelle qu'il instaure en son diocèse de Constantinople, et l'empereur Basile vient à Myre prier sur la tombe. D'autres s'y intéressèrent à leur tour, mais diversement. Lors d'une expédition sur les côtes d'Asie Mineure, les troupes du calife de Bagdad, Haroun-al-Raschid, assaillirent la ville et tentèrent de profaner les restes précieux. L'alerte fit grand bruit, jusqu'en Occident où déjà - nous le verrons - des reliques de Saint Nicolas étaient vénérées. On sait que, bien avant les Croisades, et à partir d'Italie notamment, les relations commerciales, qui ont souvent si bien servi le culte des Saints, entretenaient une liaison étroite entre les deux bassins de la Méditerranée.

Passé l'an mil, les incursions musulmanes se firent plus dangereuses sur tout le littoral aussi bien qu'en Palestine.

C'est ainsi que des marchands de Bari, ville de l'Italie méridionale sur la côte Adriatique, faisant escale à Myre, présentèrent leurs bons offices pour mettre en sûreté le corps de Saint Nicolas. Les choses n'allèrent pas toutes seules, car les Vénitiens convoitaient aussi ce trésor, s'estimant même prioritaires pour avoir opéré, dès 815, pareil sauvetage en faveur de Saint Marc, orgueil de la grande Cité patricienne. Ce fut donc à Myre une lutte de vitesse où le chauvinisme tenait sans doute autant de place que la piété d'ailleurs sincère. Les roués Barisiens supplantèrent de justesse leurs rivaux et le corps de Saint Nicolas, en 1087, débarqua à Bari, où il est encore de nos jours.

On fit à ces reliques un accueil triomphal, et le pape Urbain II présida, deux ans plus tard, leur installation solennelle dans une opulente basilique construite tout exprès.

Peut-on, sans irrévérence, penser que Saint Nicolas est demeuré là, facétieux et bon, comme il avait été, jeune homme, à Patare, jadis ?... - Toujours est-il qu'un miracle extraordinaire et permanent s'opéra, comme pour légitimer le pieux larcin des gens de Bari. De ses ossements, suinte depuis des siècles une sorte de liquide huileux, la fameuse "manne" des pèlerins du Moyen Age qui, colportée à travers le monde, produisit d'innombrables guérisons.
Du point de vue scientifique, le phénomène parait difficilement explicable. Aussi est-il délicat de se prononcer sur ce cas, assez semblable, du reste, à celui de Saint Janvier, à Naples. Notons que c'est toujours en Italie.

L'arrivée de ces reliques, d'autant plus vite divulguée qu'on était au siècle des Croisades, donna au culte de Saint Nicolas une impulsion nouvelle dans tout l'Occident. En 1018, la présence de parcelles de son corps est signalée à Trèves. Quelques années plus tard, on les trouve dans deux abbayes près de Cologne et d'Aix-la-Chapelle.
On attribue ce fait à la dévotion spéciale des empereurs Ottonides, d'autant que nous voyons consacrer en, 1049, à Saint Nicolas, l'église de l'Hospice du Grand-Saint-Bernard, le col des Alpes que franchissait le grand axe carolingien en direction de l'Italie.

Au siècle suivant, Saint Bernard, qui fut pèlerin de Saint-Nicolas du-Port, recommandera chaudement à ses moines de Cîteaux la dévotion au grand saint de Myre, toujours dans la même perspective d'une sauvegarde efficace : "Lorsque quelque danger nous menace, dit-il, recourons avec confiance à Saint Nicolas".
Rome qui, évidemment, s'honorait de posséder une église au nom suggestif de " Saint-Nicolas-in-Carcere ", tint à l'enrichir d'un titre cardinalice, toujours en usage. Par la suite, on voit le nom de Saint Nicolas donné à travers l'Europe, et par les Espagnols dans le Nouveau Monde, à de nombreuses villes, à des sites géographiques. La Russie l'adopte comme patron national et l'Irlande lui dédie 40 églises.

Mais ce qui nous intéresse par-dessus tout, c'est l'entrée dans ce vaste mouvement de notre Lorraine. Ce fut à l'occasion fortuite d'une menue relique rapportée d'Italie.

Déjà, le pape lorrain, Saint Léon IX, y avait certes préludé, en consacrant un autel à Saint Nicolas au Mont Sainte-Odile, probablement lors du même voyage où il avait, en 1050, consacré les églises d'Épinal et de Remiremont. A cette date, note Georges Durand, l'absidiole nord de cette dernière avait déjà Saint Nicolas pour titulaire.

En 1098, un chevalier lorrain, Albert de Varangéville, revenant de la I° ;Croisade, s'arrêta à Bari par dévotion. Il eut la surprise d'y rencontrer un clerc lorrain, originaire de Port, attaché au service de l'insigne église, et put ainsi obtenir comme relique un doigt du Saint. En moins de trois ans, on édifia sur les bords de la Meurthe une église spéciale que Pibon, évêque de Toul, consacra en 1101.
Événement qui marqua la naissance du bourg dénommé Saint-Nicolas-de-Port, et qui allait prendre une grande extension, à la fois comme centre de pèlerinage et comme place commerciale. Entre-temps, Pibon se faisait l'apôtre convaincu de la dévotion à Saint Nicolas, lui dédiant un autel à Toul même, en l'abbaye Saint-Léon, à Pjerre-la-Treiche, à Neufchâteau.

L'épisode de la délivrance miraculeuse, en 1240, d'un croisé, le comte lorrain de Réchicourt, prisonnier des musulmans, accrut encore la renommée du pèlerinage, et c'est pour commémorer le prodige que fut instituée la procession aux flambeaux du 5 décembre au soir.

Revenant de la Croisade, le bon roi Saint Louis fut pris avec sa famille par une violente tempête. Joinville raconte, au chapitre 124 de son Livre, la suggestion qu'il fit à la Reine pour échapper à ce péril :" Dame, promettez un pèlerinage à Monseigneur Saint Nicolas de Varangéville, et je vous garantis que Dieu vous ramènera en France avec le Roi et vos enfants. "La tempête s'apaisa".
Quand la Reine fut revenue en France, elle fit faire une nef d'argent à Paris. Il y avait dedans le Roi, la Reine et les trois enfants, le tout en argent ; les mariniers, les mâts, le gouvernail, les cordes et les voiles toutes cousues à fil d'argent. La Reine me l'envoya à Joinville pour la faire porter à Saint Nicolas ; ce que je fis. "

Sur le point de partir pour sa prodigieuse chevauchée, Sainte Jeanne d'Arc s'en vint, un jour de février 1429, à Saint-Nicolas-de-Port, en compagnie de Jacques Alain et de Durand Laxart, implorer le céleste patron des voyageurs.

Tous nos Ducs de Lorraine ont voué un culte de fidélité au Saint Évêque de Myre. Si le Roi René, à son retour de captivité, lui offrit un bras-reliquaire en argent, tout rehaussé de pierreries, son arrière-petit-fils, René II, fit mieux encore. Parti de Saint-Nicolas-de-Port avec ses troupes, pour prendre à revers Charles le Téméraire qu'il devait tailler en pièces, sous les murs de Nancy, le 5 février 1477, notre Duc s'était placé sous la protection de Saint Nicolas et avait distribué aux compagnies des fanions à son image. La victoire une fois acquise, "il en appropria l'honneur, dit la chronique, à Monseigneur Sainct Nicolas, le réputant Père du Pays, Duc et déffense de Lorraine".

Cette citation à l'ordre de l'armée est considérée comme la charte décrétant, pour des siècles, Saint Nicolas Patron officiel de la Lorraine. Et le monument qui le commémore, toujours debout, est l'une des plus remarquables églises de l'Est de la France.
La basilique de Saint-Nicolas de-Port, immense vaisseau de cathédrale, fut construite de 1481 à 1518, grâce aux générosités de la famille ducale, des Cantons suisses, de la riche bourgeoisie de Port et de la Lorraine entière. Et l'empereur Charles Quint s'intéressait encore personnellement en 1547, à des travaux d'embellissement. Les siècles y ont accumulé des trésors d'orfèvrerie, la plupart, hélas ! dilapidés à la Révolution.

Si la vénérable église subit l'outrage des guerres, elle s'honore d'avoir été continûment le sanctuaire national de notre petite patrie. Nombreux aussi furent les Rois de France, les Empereurs, les Princes de toute l'Europe venus s'agenouiller sous ses voûtes.

Cependant, l'église était avant tout centre de pèlerinage. En 1583, le cardinal Charles de Vaudémont y amène en procession tous les habitants de Toul. Quatre mille Allemands y arrivent aussi en groupe. Le jubilé de 1602 y attire 200 000 fidèles avec 6 000 prêtres. Mais, ce à quoi le bon Saint demeurait sans nul doute le plus sensible, c'était le concours incessant des pèlerins individuels.
On y venait de très loin ; des prisonniers libérés, entre autres, apportaient leurs chaînes en ex-voto. L'envoyé du roi de Bohème, passant à Port en 1434, estimait que 50 chariots ne suffiraient pas à emporter cette ferraille. Saint-Nicolas-de-Port était aussi un pèlerinage expiatoire auquel les tribunaux flamands condamnaient certains de leurs clients.
Plus sympathiques nous apparaissent ces pèlerins des Vosges qui, s'en allant pieds nus à Saint-Nicolas faisaient escale à l'hôpital routier de Domptail.

Par fierté patriotique, les Lorrains voulurent avoir à Rome, comme les Français à Saint-Louis, leur sanctuaire national. En 1622, ils obtinrent du Pape Grégoire XV que l'église de la place Navone fut affectée " au service de la nation des Lorrains ". C'est ainsi que les Vosgiens allant à Rome ne manquent pas de visiter ce sanctuaire, dont le plan même figure une croix de Lorraine. Il nous souvient de l'accueil chaleureux que nous y faisait naguère Mgr Fourier Bonnard, recteur de Nicolas-des-Lorrains ,enfant de Mattaincourt. Et quelle émouvante surprise de découvrir, sur les dalles, les noms de Vosgiens originaires de Belmont-sur-Vair, de Girecourt, de Parey-sous-Montfort reposant là !


.... et la suite.




Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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