la marche des Rois.

Publié le 27 Décembre 2008



L'auteur des paroles n'est autre que Joseph Domergue, curé doyen d'Aramon de 1691 à 1728, mort à Avignon en 1729.

Elle a été publiée pour la première fois en 1763 dans un recueil de noëls provençaux de Saboly.

La musique empruntée à la messe de turenne, est attribuée à Lulli.




Qui a fait la «Marche des Rois » ?
 
Un vrai tonneau des Danaïdes que cette question, tonneau sans fond dans lequel chaque controversiste apporte en pure perte son seau, toujours absolument vide de sérieux arguments.
Et chaque année depuis bientôt seize ans de la première édition de ce volume ; après de patientes recherches sur les objections diverses présentées, je n'ai éprouvé nul besoin de changer d'avis sur ma première opinion, si simple, si naturellement vraie.
Le curé doyen d'Aramon, Domergue, est-il l'auteur des paroles du célèbre Noël qui sert d'épigraphe à ce chapitre et de texte à la Marche des Rois ?
- Oui, incontestablement.
- Peut-on lui attribuer la musique aussi ?
- Non, trois fois non ; car Domergue n'était pas plus musicien que le menuisier Peyrol, que Puech et d'autres qui ont adapté des Noëls par eux composés sur des airs connus, anciens ou nouveaux. Domergue n'a pas une ligne dans le grand dictionnaire des musiciens de Fétis, pas plus d'ailleurs que dans Larousse comme poète ; et le digne homme vous le dit lui-même en écrivant tout simplement en tête de son oeuvre : « Air de la Marche de Turenne », car, c'est incontestablement une marche, une marche militaire bien caractérisée ; vous n'avez qu'à vous en assurer en faisant siffler devant vous l'air sur un fifre et en scandant les mesures sur un ou plusieurs tambours.

Il n'y a que deux phrases dans l'air , et ce qui prouve encore mieux que l'air existait avant la confection du poème, c'est la difficulté qu'a éprouvé l'auteur de plaquer les paroles sur la seconde phrase où elles doivent être légèrement contorsionnées par le débit.

Le curé Domergue mourut en 1728, quarante ans après Lulli, l'auteur prétendu de la Marche de Turenne. Et nous ne voulons rien affirmer sur ce point qui doit, pour un moment, être éloigné du débat; mais le poète connaissait évidemment l'air de cette marche, puisqu'il indique que c'est sur cet air qu'il faut chanter sa composition.
Les éditeurs, qui imprimèrent dix, quinze ou vingt ans après sa mort, des recueils de Noëls, Séguin, Aubanel à Avignon, Pontier à Aix, Mossy à Marseille, répètent tous l'indication « air de la Marche de Turenne », aucun n'en publie la musique; l'air était donc bien connu, il suffisait de l'indiquer.

Et comment le poète connaissait-il cet air au fond d'un village du Comtat ?
Pourquoi n'aurait-il pas été rapporté par un des soldats de l'armée de Turenne, où nombre de Provençaux avaient été enrôlés pendant les campagnes du Roussillon et des Cévennes ? Demandez plutôt au petit pâtre que vous rencontrerez dans une excursion sur les cimes alpestres, en l'entendant siffler la marche bien célèbre aussi dans sa banalité de la Casquette au père Bugeaud, s'il connaît l'auteur des paroles et de la musique et qui lui a appris cet air ?
Et dans un siècle ou deux, si les tambours de nos régiments ont cessé de battre cette marche ou ce pas accéléré, si on retrouve dans un vieux recueil de chansons sur lequel nos petits-neveux puissent lire : Air de « As-tu eu ! la casquette ! la casquette ! » les mêmes dissertations ne pourront-elles pas se produire ?

M. Henri Maréchal, inspecteur du Conservatoire, auteur de l'opéra de l'Opéra Calendal, a déclaré à Mistral qui le consultait à ce sujet, n'avoir rien trouvé dans la bibliothèqûe du Conservatoire et ne voit dans l'indication de l'air que la fantaisie d'un auteur désireux de donner un titre ronflant à son œuvre, et il ajoute que le cas est fréquent dans les airs populaires. Mais Mistral ne s'est pas déclaré convaincu avec cette déduction par trop hardiment spécieuse.

Castil-Blaze, un bien érudit chercheur, n'hésite pas à attribuer l'air à Lulli ; on ne prête qu'aux riches : Nous serons moins affirmatif et sans avoir la preuve que le musicien génial, qui dirigeait à la cour de Louis XlV le groupe des petits violons du roi, ait composé cette marche et qu'elle ait précédé le cortège du grand capitaine dans sa rentrée à Paris plus ou moins solennelle ; ce qui ne résulte d'ailleurs d'aucune chronique de l'époque, nous ne nous refusons pas à admettre que cet air fut un de ceux adoptés par la musique régimentaire du grand capitaine, orchestre très simplifié de fifres et de tambours pour l'infanterie, les trompettes, alors comme aujourd'hui, étant déjà l'apanage exclusif de la cavalerie.
Mais pourquoi cet air ne se trouve-t-il pas dans les archives du Conservatoire ? ce qui étonne spécialement M. Maréchal.
Avant de démontrer la simplicité presque banale de ce déficit dans les dites archives, nous trouvons une aussi simple explication de la trouvaille du curé d'Aramon qui n'était pas musicien, nous en fournirons bientôt une nouvelle preuve.
Le bon curé n'avait-il pas pu entendre chanter ou siffler le dit air par un des soldats de l'armée de Turenne, de retour dans ses foyers à Aramon ? un des fifres ou un des tambours du régiment qui avait cette marche dans son répertoire ?
M. Laforgue, avocat marseillais, qui a, comme tant d'autres, apporté son seau à ce tonneau des Danaïdes, dit qu'il ne faut point demander à Paris des documents sur la matière et voudrait que le dit air fut provençal.
M. Cargier de Lourmarin voudrait qu'on dirigea les investigations vers la ville d'Aix, soit aux archives de la maitrise, soit à la bibliothèque Méjanes; nous lui réservons une réponse stupéfiante.
M. Vincent, membre érudit de l'Académie de Marseille, qui a repris naguère la même thèse, réserve toute opinion contradictoire et se borne â désirer qu'un fureteur patient puisse établir d'une façon certaine l'état civil de la vénérable marche et bien mériter ainsi de l'art provençal.
 
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Rédigé par philippe

Publié dans #divers

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