1er dimanche de l'Avent

Publié le 1 Décembre 2013

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Messe du premier dimanche de l'Avent

Homélie prononcée

par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.

(Fontgombault, le 1er décembre 2013)

 


Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,


Rm 13, 11-14 Lc 21, 25-33

 

 


En ce jour un saint enthousiasme doit habiter nos cœurs. L'heure est venue de nous réveiller, notre salut est proche (cf. Rm 13, 11). Mettons-nous dès maintenant en chemin vers la crèche, ne différons pas. Le temps de l'Avent est un temps de préparation. Il s'achèvera quand au soir de Noël nous pousserons avec les bergers la porte de l'étable de Bethléem.

 


Deux éléments remarquables de la Messe de ce jour peuvent nous aider à discerner les dispositions que nous devons acquérir afin d'entrer dans la sainte étable : les ornements violets, signes d'un temps de pénitence, et le rite de bénédiction de l'eau et d'aspersion des lieux.

 


L'Église use des ornements violets principalement durant les temps de pénitence que sont l'Avent et le Carême. Mais pourquoi faut-il faire pénitence sur le chemin de la crèche ? L'homme n'aurait-il pas le droit d'entrer triomphant dans l'étable et de s'unir tout simplement aux chœurs angéliques pour chanter l'Enfant-Dieu ? Quelques raisons lui refuseraient-elles de franchir le seuil du petit paradis où Marie et Joseph veillent l'Enfant Jésus ?


L'Évangile de la Messe invite à regarder vers le haut et à lever nos têtes, car notre rédemption approche (cf. Lc 21, 28). Si nous devons être rachetés, si nous avons besoin d'un rédempteur, c'est que nous sommes vendus, que nous sommes devenus des esclaves. Jésus voudra-t-il porter le prix de mon rachat ? Acceptera-t-il de m'accueillir dans la sainte étable ?


En entrouvrant la porte, l'homme ne peut qu'être inquiet. La crèche est un lieu d'intimité avec le Dieu qui se fait l'un des nôtres, Emmanuel, ''Dieu avec nous''. Ce désir de rencontrer Dieu, l'homme depuis toujours le possède en son cœur. Saint Augustin en résume la raison en quelques mots : « Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu'à ce qu'il se repose en vous. » (Confessions, I, 1)

 

Nous voulons rencontrer Dieu parce que Dieu l'a voulu ainsi, et en même temps nous craignons de le rencontrer.

 


Ce mystère s'éclaire par les premiers temps de l'humanité : au jardin d’Éden l'homme a connu une première intimité avec Dieu. Volontairement, il y a renoncé pour choisir une façon de vivre à sa guise, refusant toute référence au Dieu créateur et à sa volonté. Au paradis terrestre, Dieu aimait à se promener à la brise du jour. Par sa faute, l'homme fut chassé du jardin, et son accès lui fut désormais interdit.

 

Cheminer vers la crèche, c'est reprendre le chemin du paradis perdu. C'est changer de route, c'est se convertir, désirer retrouver une véritable intimité avec Dieu.

 


Dieu veut nous faciliter la route. Il se fait petit enfant et nous invite auprès d'un berceau, sans nous abandonner en chemin.

 

Si le temps de l'Avent est un temps de pénitence, c'est aussi un temps de confiance et d'espérance. La liturgie le proclame sans équivoque à la suite des psaumes : « Vers vous, ô mon Dieu, j'ai élevé mon âme. En vous je me confie, et je n'aurai point à en rougir... Tous ceux qui vous attendent avec confiance ne seront point confondus » (Introït de ce dimanche) ; ou encore : « Le Seigneur répandra sur nous ses bienfaits. » (Communion de ce dimanche) ; « Il nous montrera sa miséricorde » (cf. verset de l'Alleluia).

 


Renoncerons-nous à prendre la route ?

 

« Seigneur, faites- moi connaître vos voies et enseignez-moi vos sentiers » (cf. Graduel de la Messe ; Ps 24, 4). L'épître aux Romains énonce les dispositions que le Seigneur veut trouver pour nous accueillir dans son étable : « Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière.

 

Comme il sied en plein jour, conduisons-nous avec dignité: point de ripailles ni d'orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rm 13, 12-14).

 

Profitons donc du temps de l'Avent pour déposer ce qui ne pourrait pas entrer dans la crèche et risquerait de nous laisser dehors. En ces jours revêtons-nous du Seigneur Jésus-Christ.

 


La deuxième particularité de la Messe de ce jour est la bénédiction solennelle de l'eau, un rite accompli chaque dimanche en privé.

 


En entrant dans une église, le premier rite qu'accomplit le fidèle est celui de l'eau bénite : il fait sur lui le signe de la croix avec l'eau du bénitier et en offre éventuellement à ses frères.

 

La messe du dimanche débute par l'aspersion de l'autel et des fidèles. Cette cérémonie met devant nos yeux l'ancienne loi : les prêtres du temple de Jérusalem accomplissaient ce rite. L'aspersion doit servir, comme l'ancienne loi, de disposition pour recevoir Jésus-Christ. L'eau de notre baptême nous a fait entrer dans le Royaume des cieux ; l'eau bénite remémore notre baptême et nous purifie en éloignant l'esprit des ténèbres.


Comme marque de purification spirituelle, les Juifs et les païens employaient soit de l'eau pure, soit de l'eau mêlée de sel, symbole d’incorruptibilité, ou encore de cendre, en signe de pénitence et de sacrifice. L'eau lave et purifie, elle rafraîchit et étanche la soif, mais elle peut aussi être destructrice.


Les symbolismes du sel sont également très divers : nécessaire à la vie de l'homme, dont il rend les aliments savoureux, il est signe de convivialité et d'amitié; son pouvoir conservateur le rend propre à marquer la fidélité qui dure. Mais le sel rend aussi la terre stérile, et en cela il présage une ruine perpétuelle.


Sainte Thérèse de Jésus écrivait : « La vertu de l'eau bénite doit être bien grande. Pour moi, j'en éprouve une consolation très particulière et très sensible lorsque j'en prends. » (Vie écrite par elle-même, ch. 31). De son côté le Cardinal Journet affirmait : « Ceux qui usent des sacramentaux avec piété, humilité, amour, verront leur pauvre prière de passereau soulevée par le large et puissant vol de la grande prière de l’Église. » (Nova et Vetera 1985, p.209)


Nous avons besoin sans cesse de purification. Revenons au jour de notre baptême. À plusieurs reprises le Pape François a donné aux fidèles un exercice à faire: rechercher, s'ils l'avaient oubliée, la date de leur propre baptême. Je vous le donne aujourd'hui.

 

Le baptême n'est pas l'acte d'un jour, sans lendemain, tombé dans l'oubli. Ce n'est pas rien d'avoir été racheté par le sang de l'Agneau. Si nous vivons cela avec sérieux en ces jours et durant toute notre vie, le petit reste de pénitence nécessaire à notre ultime purification sera tout empreint de joie. Alors le chemin vers la crèche, vers le paradis, prendra un tout autre visage.


Que Marie, Mère de l'Enfant Jésus et notre mère, nous accompagne en ces jours afin de nous présenter à son Fils.

 


Amen.

Rédigé par dom Jean Pateau OSB

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