fête de st Pierre et st Paul

Publié le 30 Juin 2013

dédié pour Nicolas en prison...un ange viendra l'en sortir... le père Henry me parlait souvent de Daniel dans la fosse aux lions... là où on a plus rien ni personne,  "courage, sois un homme!" ... " pas évident tous les jours.

"pour qu'il reste ferme dans ses convictions pacifiques et qu'il ressorte mûri de cette épreuve." .. elle est terriblement longue parfois et peut durer toute une vie. On en est tous là un jour où l'autre.. vouloir rester ferme dans ses convictions. C'est bien dur parfois quand tout nous lâche autour de nous.. 


"laissons désormais le Seigneur nous mener où nous ne voudrions pas aller, mais tout cela pour le suivre." c'est beau.  C'est la nature humaine qui résiste, par peur, par crainte. manque d'abandon à la volonté du Bon Dieu, dans les âges avancés. Quand tout vous réussit, quand vous avez les hautes considérations de la société, quel intérêt! c'est dans la nuit de ces épreuves que nous sommes enfin de compte le plus solidaire des moins que petits,  de ceux qui souffrent, dans la communion des saints.  

 

 

 

 

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Homélie prononcée

par le Très Révérend Père Dom Jean PATEAU,

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 29 juin 2013).

 

 

Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,


« Au lever du jour, ce fut grand émoi chez les soldats : qu'était devenu Pierre ? » (Ac 12, 18) La veille, ces hommes l’avaient arrêté sur l’ordre d’Hérode par complaisance pour les Juifs. Pas moins de quatre escouades de quatre soldats avaient été députées à sa garde. Malgré cela, durant la nuit, la veille de sa comparution, l’ange du Seigneur vint le délivrer. « ‘Mets ta ceinture et chausse tes sandales’; ce qu'il fit. Il lui dit encore : ‘Jette ton manteau sur tes épaules et suis-moi.’ Pierre sortit, et il le suivait ; il ne se rendait pas compte que ce fût vrai, ce qui se faisait par l'ange, mais il se figurait avoir une vision. » (Ac 12, 8-9)


Cette question se pose à nouveau aujourd’hui : oui, qu’est devenu Pierre depuis le jour où son frère André lui a fait rencontrer Jésus, depuis le jour où un jeune Rabbi qu’il ne connaissait pas lui avait dit : « ‘Tu es Simon, le fils de Jean ; tu t’appelleras Képhas’ (ce qui signifie Pierre) » (Jn 1, 42).


La tradition a placé l’appel définitif des disciples au bord de la mer de Galilée, encore appelée lac de Gennésareth, dans le contexte d’une prédication. Jésus enseigne la foule. Il est enserré de tous cotés. Près de lui, quelques pêcheurs lavent les filets auprès de leurs barques. Jésus monte dans la barque de Simon et lui demande de s’éloigner de la terre et de lâcher les filets pour la pêche : «Maître, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre » (Lc 5, 5). À quoi bon jeter à nouveau les filets ! Pourtant, sans s'arrêter à cette réponse raisonnable, Simon fait acte de foi et obéit : « Sur ta parole, je vais lâcher les filets. » La pêche est abondante.


Sainte Thérèse de Lisieux écrivait à sa sœur Céline : « si toujours tu restes fidèle à Lui faire plaisir dans les petites choses, Lui (il s’agit de Jésus) se trouvera OBLIGÉ de t'aider dans les GRANDES... Les apôtres sans Notre Seigneur travaillèrent toute la nuit et ne prirent pas de poisson, mais leur travail était agréable à Jésus. Il voulait leur prouver que Lui seul peut nous donner quelque chose, Il voulait que les apôtres s'humilient... ‘Enfants, leur dit-Il, n'avez-vous rien à manger ?’ (Jn 21, 3-5) ‘Seigneur, répondit Saint Pierre, nous avons péché toute la nuit sans rien prendre’ (Lc 5, 5). Peut-être que s'il eût pris quelques petits poissons Jésus n'aurait pas fait de miracle, mais il n'avait rien, aussi Jésus remplit bientôt son filet de manière à le faire presque rompre. Voilà bien le caractère de Jésus. Il donne en Dieu mais il veut l'humilité du cœur... » (Lettre 161, 26 avril 1894)


Pierre, devant cette pêche miraculeuse, tombant à genoux dit à Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5, 8) Le Maître répond alors simplement aux disciples : « Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Mt 4, 19)

Au début, Jésus enseigne la foule ; à la fin, Simon et ses compagnons sont appelés à devenir pêcheurs d’hommes, à enseigner à leur tour.

 

 

Par la foi, l’humilité et l’abandon, ils sont devenus dignes de suivre le Christ, d’être apôtres.


Mais comme le chemin sera long entre les bords du lac et l’enseignement que Pierre donnera aux foules de Jérusalem après la Pentecôte et qui le conduira plusieurs fois en prison ! Quelle distance entre ces pêcheurs timorés et les ardents prédicateurs du Christ ressuscité !


La divinité du Christ, Pierre la confessera, en son nom et au nom des douze. À Césarée par exemple, comme le rapporte l’Évangile de ce jour. Après que Jésus se fut enquis de ce que les gens disaient de lui, et qu’il eut entendu la réponse des disciples, il demande ce que pensaient les apôtres. Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Jésus lui répond : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16, 18)

Néanmoins, confesser la divinité du Christ ne suffit pas pour suivre réellement le Christ. Suivre le Christ, c’est faire sienne sa volonté ; Pierre avait beaucoup d’idées... sur Dieu.


Juste après la confession de Césarée, c’est l’incompréhension. Jésus annonce à ses disciples sa Passion prochaine. Pierre écarte l’idée que le Messie puisse souffrir, mourir et ressusciter : « Dieu t'en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t'arrivera point ! » (Mt 16, 22) La réponse de Jésus est sévère : « Passe derrière moi, Satan ! tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » (Mt 16, 23)


La leçon vaut pour tout disciple du Christ. Le Seigneur est dur pour l’apôtre qui a son programme, pour le disciple dont les pensées ne sont pas les pensées de Dieu.


Pour Pierre, le chemin de purification et d’éducation de l’humilité n’était pas encore achevé et la Passion prochaine lui réservait une terrible épreuve. Suivra-t-il son Seigneur jusqu’au bout ? « Même si tous succombent, du moins pas moi ! » (Mc 14, 29) Pierre est sûr de lui. Jésus lui dit : « ‘En vérité, je te le dis : toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois.’ Mais lui reprenait de plus belle : ‘Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas.’ » (Mt 14, 30-31)


Sainte Thérèse commente : « Je comprends très bien que Saint Pierre soit tombé. Ce pauvre Saint Pierre, il s'appuyait sur lui-même au lieu de s'appuyer uniquement sur la force du bon Dieu... Je suis bien sûre que si Saint Pierre avait dit humblement à Jésus : ‘Accordez-moi je vous en prie, la force de vous suivre jusqu’à la mort’, il l'aurait eue aussitôt. Je suis certaine encore que Notre-Seigneur n'en disait pas davantage à ses apôtres par ses instructions et sa présence sensible, qu'il ne nous dit à nous-mêmes par les bonnes inspirations de sa grâce. Il aurait bien pu dire à Saint Pierre : Demande-moi la force d'accomplir ce que tu veux. Mais non, parce qu'il voulait lui montrer sa faiblesse, et que, devant gouverner toute l'Église qui est remplie de pécheurs, il lui fallait expérimenter par lui-même ce que peut l’homme sans l'aide de Dieu. Avant sa chute, Notre Seigneur lui dit : ‘Quand tu seras revenu à toi, confirme tes frères’. Cela voulait dire : Persuade-les par ta propre expérience de la faiblesse des forces humaines. » (Carnet Jaune, 7 août)


Après la résurrection, sur les bords du lac de Tibériade, Jésus résumera la vocation de tout disciple : « ‘Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas.’ (...) Ayant dit cela, il lui dit : ‘Suis- moi.’» (Jn 21, 18-19)

Jésus réitère à Pierre la demande du premier jour : “Suis-moi.” Mais sous les mêmes mots se cache pour Pierre un tout autre sens.


La vie de Pierre est une leçon pour chacun des disciples de Jésus, pour chacun d’entre nous. Qu’est devenu Pierre à la suite du Christ ? Que sommes-nous devenus depuis notre baptême ?


Le chemin de Pierre est notre chemin. Suivre Jésus, c’est prendre la voie de l’humilité et de la foi, de l’enfance et de l’abandon. Pendant longtemps, nous avons mis nous-mêmes notre ceinture, laissons désormais le Seigneur nous mener où nous ne voudrions pas aller, mais tout cela pour le suivre.

 


Amen.

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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