Jeudi de Pâques : Marie !

Publié le 22 Avril 2014

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Femme, pourquoi pleurez-vous? Il ne le lui avait point dit, lorsqu'au jour de sa conversion elle pleurait à ses pieds. Maintenant l'heure des larmes est passée; la pénitence, la croix, le tombeau, tout a disparu dans les splendeurs triomphales de la résurrection. Marie ne doit plus pleurer que ces larmes qui sont éternellement dans le coeur des saints, parce que c'est Dieu qui les cause et l'extase qui les répand.

 

Qui cherchez-vous? Il n'y a plus rien à chercher, Marie: vous avez trouvé Celui que vous ne perdrez plus. Vous ne le verrez plus sur la croix entre les mains de la mort. Vous n'irez plus à son tombeau pour l'y embaumer dans les parfums de la charité. Vous ne le demanderez plus à personne sur la terre, à personne dans le ciel, à lui moins qu'à tout autre; car lui c'est votre âme, et votre âme c'est lui. Séparés un moment, vous vous êtes rejoints dans le lieu où il n'y a plus d'espace, plus de barrière, plus d'ombre, plus rien de ce qui empêche l'union et l'unité. Vous êtes un comme il le souhaitait, un comme vous l'espériez, un comme l'est Dieu dans son Fils, au fond de cette essence que vous habitez par la grâce et que vous habiterez un jour par la gloire .

 

Marie ! Oh! quel accent eut ce mot! accent de reproche, parce que Madeleine n'avait pas reconnu Jésus; accent de révélation par le reproche. Marie ! hélas! ici-bas même, que votre nom est doux dans la bouche d'un ami, et qu'il va loin au fond douloureux de notre être! Et si c'était Dieu qui le prononçât à voix basse, si c'était Dieu mort pour nous, ressuscité pour nous qui nous appelât par notre nom, quel écho ne remuerait-il pas dans les infinies profondeurs de notre misère!

 

Marie-Madeleine entendit tout dans son nom: elle entendit le mystère de la résurrection, qu'elle ne comprenait pas; elle y entendit l'amour de son Sauveur, et dans cet amour elle le reconnut.

 

Maître! répondit-elle. Un mot lui suffit, comme un mot avait suffi au Fils de Dieu. Plus les âmes s'aiment, plus leur langage est court.

 

Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté à mon Père. Deux fois Jésus-Christ avait laissé Madeleine le toucher, et deux fois il l'en avait louée. Et maintenant, après sa résurrection, lorsque son corps est déjà transfiguré par une vie supérieure, il s'oppose aux chastes empressements de Marie. Il ne veut pas qu'elle approche de lui ces mains qui ont autrefois embaumé ses pieds et sa tête. Pourquoi cette austérité imprévue, et comment la résurrection peut-elle restreindre l'ancienne familiarité d'une tendresse éprouvée? C'est que Jésus n'est plus ce qu'il était, objet pour tous d'un attouchement qui encourage la foi, et d'une charité qui se prenne aux conversations de la vie. Il est entre la terre et le ciel, visible encore quelques jours, mais allant à son Père, et ce n'est plus que là, là où toute chair sera transformée comme la sienne, qu'il veut être touché et possédé par les siens.

 

Il donne à Marie-Madeleine, en cette leçon sévère, un indice qu'il faut tendre plus haut, et que désormais Béthanie est au sein du Père qui a envoyé son Fils, et où le Fils va le rejoindre pour y préparer à ses amis le lieu de l'embrassement qui ne finit point.

 

Ne touchez pas le Fils de l'homme, car il n'est pas encore monté à son Père, et vous-même, Marie, vous n'y êtes pas encore montée. Vos lèvres, toutes pures qu'elles sont, tout empreintes du feu que le séraphin de la pénitence et celui de l'amour y ont laissé, ne sont pas capables de donner au corps ressuscité, au corps glorieux du Christ, les stigmates de la tendresse purifiée par la mort.

 

Il vous faut mourir avec Jésus pour toucher de nouveau Jésus. Alors seulement, alors vous et lui serez semblables; alors vous apporterez à ses pieds le baume de la résurrection et vous y déposerez le souffle virginal de l'immortalité reconquise.

 

Va trouver mes frères et dis-leur: je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. C'est le dernier mot du Sauveur à Marie-Madeleine, et ce mot lui donne, de préférence à tous, la révélation du mystère qui va clore le passage du Fils de Dieu parmi nous et l'oeuvre de notre rédemption.

 

Lacordaire.

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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