fête de l'Assomption.

Publié le 14 Août 2017

 notre-Dame de la bonne mort, priez pour nous!

 

   " Ne me retenez donc plus, tant que je ne suis pas encore montée vers mon Fils. Mais dites à mes enfants que je monte, et que je sens que je m'en vais vers lui, qui est mon Dieu et votre Dieu".

   Et elle s'en va effectivement la douce Vierge Marie. Il apparaît, à qui sait voir, que le meilleur d'elle même est déjà dans les cieux et qu'elle n'a même pour ainsi dire plus à attendre que vienne comme Sauveur son Seigneur et son Fils. Evidemment cette femme est dans la Parousie du Christ bien-aimé . Maran atha : le Seigneur vient! Usant du pouvoir qu'il possède de s'assujettir toute chair, il la "transforme" , insensiblement et avec le temps, pour le rendre semblable à son corps glorieux, ce corps de la très sainte Vierge d'où le sien a tiré sa substance immortelle. Ne sont-ils pas à eux deux un seul coeur et une seule chair?  Marie n'est-elle pas celle qui a toujours été conçue et qui a toujours vécu sans péché? Quoi d'étonnant qu'à son égard la mort, la redoutable mort, ait perdu sa victoire et n'ait plus son aiguillon, et qu'elle soit engloutie dans la victoire du Christ !

   Elle s'en va, la sainte femme, bien plus chargée d'âmes qu'elle n'est chargée d'ans. Toute affinée, toute intériorisée, toute extasiée, elle n'a l'air d'être absente que parce qu'elle est autrement et supérieurement présente. La volonté qu'elle a de nous donner toutes aides pour la vie de la grâce et le besoin que nous avons de recevoir cette aide maternelle , l'emportent vers Dieu avec une force égale. Ni sa prière, ni son intercession ni son action ne sont dorénavant à la mesure du temps présent: une irrésistible intensité, une incommensurable immensité, la leur font dépasser.

   Tout ce qui arrive aux membres du corps mystique se répercute dans l'âme de Marie avec une sorte de retentissement en toutes matières illimité. Qui est faible sans qu'elle le soit aussi?  Qui souffre scandale sans qu'un feu la dévore? Elle sent grandir en elle le souci de toutes les Eglises, et pour elle c'est une application à laquelle elle ne peut plus suffire au jour le jour.

   L'éternité l'appelle et l'assume : elle conçoit trop grandement le Christ dans sa gloire et les chrétiens dans le Christ . "Tout nous appartient, se dit-elle, le monde, la vie et la mort, le présent et l'avenir: tout est nôtre; mais nous-mêmes nous sommes au Christ, et le Christ est à Dieu. "

      

            A l'élite de ses enfants Marie ouvre les plus hautes voies de la mystique. A la multitude elle prépare les secours, même les plus modestes mais tous infiniment précieux, de la persévérance finale. Par sa façon de vivre et de mourir, on peut dire qu'elle aura vraiment, comme une bonne mère, expérimenté et préparé tous les états et tous les âges de la grâce chrétienne , et gagné cette grâce même. Réellement , dans le mystère de son Assomption, elle fraye à tous les prédestinés un passage triomphal à travers la mort et par delà la mort, sur tout le trajet, autrement si angoissant, de cette vie à l'autre, du temps à l'éternité . Grâce de l'Assomption, ne cessez donc de descendre et de vous diffuser parmi les chrétiens!

   Sans doute nous avons déjà vu et reçu tout cela en Jésus-Christ. Et il y a entre lui et sa sainte Mère un parallélisme frappant, une répétition voulue , dans l'enchaînement des mystères. Mais j'ose dire que ces mystères sont plus à notre portée et en quelque sorte plus rassurants chez elle que chez lui. Avec le Christ notre cher Sauveur nous sommes en pleine victoire et dans la paix du Christ glorifié. Il apparait ainsi que notre divin Chef, au prix de son sang versé sur la croix, a vraiment renouvelé et transformé nos fins dernières, pour Marie d'abord, pour nous ensuite.

    Toute la douceur qui se répandra désormais sur la mort des chrétiens, on peut être sûr qu'elle découle du trépas de la Très Sainte Vierge: une mort qui a pour ainsi dire perdu sa rigueur et ses affres et qui n'est plus que la mise en liberté de l'âme et sa parfaite consommation en Dieu, voilà en effet celle de notre Mère. Aussi avec plus de grandeur encore que le cher saint Joseph, elle nous a singulièrement mérité les grâces de la bonne mort.

   Aussitôt après sa mort Marie a vu Dieu face à face. Néanmoins son âme a vécu dans l'état de séparation d'avec son corps. Il est vrai qu'elle n'y a demeuré que très peu. Mais ce peu aura suffi à de grandes choses: il aura constitué la bienheureuse Vierge dans le patronage qu'elle exerce sur les âmes pour la durée de leur séparation d'avec les corps, et ce patronage est sans doute très providentiel et plus bienfaisant qu'on ne pense.

   Si Jésus-Christ a permis que sa sainte Mère, comme lui, " mourût toute notre mort pour vivre toute notre vie ", ce n'est pas en vain. Or il me semble que" pour avoir été saisie par la mort quant à la chair mais par la vie quant à l'esprit" , Marie a reçu mission de visiter les âmes séparées, celles qui vivent à l'état d'esprit, et de les assister spirituellement dans tous les évènements qui leur arriveront pendant ce long intervalle.

   Sainte Vierge Marie! Parce qu'elle est la servante et la reine que son Seigneur ne peut pas à proprement parler mettre en jugement, elle reçoit l'éminent pouvoir d'intervenir et de plaider dans le jugement de ses enfants . Parce qu'elle est toute belle et toute pure en son âme, elle a le grand souci et doit avoir le singulier pouvoir d'alléger et d'abréger le purgatoire de ses enfants. Parce qu'elle a laissé son corps virginal, tabernacle du Verbe incarné, à une tombe qui n'a pu le retenir, elle est devenue la grande maman chargée de veiller séculairement sur la cendre des siens.

   Si enfin, bien peu de temps après la mort, l'âme de Marie fut réunie à son corps et lui rendit la vie en l'assumant au ciel et en l'associant à sa gloire, cette résurrection anticipée, qui est le dernier acte, l'ultime péripétie, du mystère que nous méditons, nous touche aussi au point le plus sensible. Ajoutée à la résurrection du Christ elle dénonce l'exceptionnelle grandeur de la Vierge aussi bien dans l'ordre de l'être que dans celui de la sainteté. Elle démontre à la fois ce que Marie a été sur la terre et ce qu'elle sera dans le ciel. Et en même temps, parachevant ainsi la maternité spirituelle, , elle est le gage de la résurrection de la chair et fournit les prémices de notre complète assomption en Dieu.

....

L'Assomption de notre Mère faisant suite à l'Ascension de Notre-Seigneur est l'annonce et le commencement de tout un monde. C'est le ciel ouvert et localement constitué. Ce sont plus que des promesses et que des espoirs, ce sont des arrhes. Nous vivons déjà dans la sphère de ces deux grands  êtres qui sont au ciel notre nature en corps et en âme. Une force immense dérive d'eux et nous attire vers eux, nous remplit de leur influence, puisqu'ils sont là-haut "pour nous offrir, pour nous amener à Dieu" .

   De là vient que, nous leurs serviteurs et tout leur peuple saint, nous sommes pleins du souvenir de leur si heureux trépas , non moins que de celui de leur prompte résurrection d'ici-bas, comme aussi de leur glorieuse montée là-haut.

   En vérité, ô Mère, vous aviez grandement raison de le dire :" Il vaut mieux, même pour vous que je m'en aille.  Je m'en vais, mais je ne vous laisse pas.... Je ne vous laisse pas orphelins..... '

rp Bernard. OP

 

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

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A
très beau thème pour mon sermon . je n'ai pas à me casser la tête, merci au petit Placide.
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P
de rien priez pour moi ... et bonne fête de l'Assomption. hu hu hu