Vivement dimanche ! 12ème dimanche après la Pentecôte.

Publié le 22 Août 2020

 

Ste Gemme la plaine

diocèse de Luçon

10 h 30 

officiel:  l'horaire restera inchangé. 

 

"J'ai été troublé de réaliser à quel point Dieu est miséricordieux, et combien il est bon pour nous, combien il nous aide et nous aime."

 

Matteo Farina. 

 

 

Non sufficientes cogitare aliquid a nobis - Incapables de penser quelque chose par nous-mêmes."

 

Pareille formule ne veut pas du tout dire que Dieu viendra penser en nous à notre place. Notre intelligence est bien à nous, en effet, intelligence humaine et non divine, et c'est bien nous qui pensons quand nous pensons. Autrement, non seulement le Seigneur n'aurait jamais dit Cogitationes meae non sunt cogitationes vestrae - Mes pensées ne sont pas vos pensées mais l'Eglise, encore, ne ferait point dire aux pénitents dans le confessionnal peccavi nimis cogitatione - J'ai beaucoup péché en pensée.

 

La formule signifie donc autre chose. Plus précisément deux choses. Elle signifie d'abord que notre faculté de penser est un don de Dieu, car tout ce que nous sommes, donc aussi la pensée, vient non de nous mais de Lui. Elle signifie ensuite que les productions de notre esprit ne sont que corruption et néant quand nous refusons de nous référer à Lui, de conformer nos plans à l'ordre des choses tel qu'Il le veut de toute éternité, de Lui obéir en tout. D'où le psaume : Novit Dominus cogitationes hominum quoniam vanae sunt - Le Seigneur sait que les pensées des hommes sont du vent ; d'où aussi les mots de st Paul dont part notre méditation de ce matin : pécheurs, nous restons incapables de penser, donc de vouloir et de faire, quoi que ce soit de bon par nous-mêmes. Non sufficientes cogitare aliquid a nobis.

 

Corruption ou nullité sans Dieu qu'on peut constater chez tout un chacun, qu'il s'agisse de soi-même quand on se laisse aller ou de tant d'autres gens autour de soi. J'ai dû supporter l'autre jour, par exemple, dans le train de Poitiers à Tours, la conversation à voix haute, comme s'ils étaient seuls, d'un garçon et d'une fille d'environ vingt-cinq ans : il n'y en avait que pour le manger, le boire, l'argent, le sexe, l'image complaisante de soi et la dépréciation des absents. Bref, à pleurer à chaudes larmes pendant quarante-cinq minutes ! Comment expliquer cela ? Par l'athéisme pratique dont la jeunesse est aujourd'hui comme repue par l'exemple qu'elle reçoit de la culture ambiante. Sans Dieu, oui, nous n'enfanterons jamais que du vent, et les jeunes non moins que les vieux ...

Même chose en plus grand, donc en plus grave en un sens, avec la société et ses lois scélérates. A force de prétendre concevoir l'homme individuel et collectif sans se soucier du dessein divin qui est la loi même de toute humanité vraie, la société finira peu à peu en bouillon hystérique, où tout se mêle, genres, sexes, fonctions, où tout se défait, en premier les liens essentiels de parenté et de filiation, et finira, puisque le sexe est au centre de tout comme enjeu politique, idéologique et financier majeur, en orgasme universel. Désolé d'avoir à parler si cru dans une chaire chrétienne mais il faut bien mettre sur le réel, au moins de temps en temps, les mots qui lui correspondent.

Une cité qui pense et se pense sans Dieu en vient même à perdre jusqu'à la pensée, et ne tend à rien moins qu'à sa pure et simple dissolution. Au XIIIe siècle, à la veille des grandes brisures de la Chrétienté, le franciscain S. Bonaventure enseignait joyeusement Natus est homo elevari supra se - l'homme naît pour être élevé au-dessus de lui-même ; à la fin du Moyen-Age, si assombrie par les crises (peste, guerre, schisme, décadence), le désabusé cardinal de Cuse écrivait : Tolle Deum et remanet nihil - Otez Dieu de l'idée qu'on se fait de l'homme et de sa destinée, il ne reste que le néant. Sans Dieu je ne suis plus rien, donc, ou presque, autrui et la société non plus.

Notre force pour persévérer à nous sanctifier dans la sainte Mère l'Eglise et pour prêcher à temps et contre-temps au monde, et même à tant de Chrétiens, pris de vertige ? La vision de Dieu. Mais d'un Dieu qui s'adapte à nous : d'abord en permettant à Moïse de se voiler la face devant l'insoutenable splendeur, ensuite en Se voilant Lui-même par l'Incarnation, pour que nous ne mourrions pas, s'il est bien vrai qu'on ne saurait ici-bas sans désintégration contempler l'Invisible en vis à vis, enfin, quand Jésus-Christ en personne cache Sa présence réelle sous les voiles de l'Eucharistie, pour Se communiquer à l'intime et nous transformer au jour le jour, comme en douceur.

Voilà ce que j'avais à dire, en mettant en rapport cette formule de S. Paul avec le reste de l'épître et la première partie de notre évangile. Ayant prêché l'an passé sur la célèbre seconde partie, je n'en dis rien cette fois-ci. Pour prolonger mon propos, voyez les prises de parole récentes, de Mgr Aillet et de Mgr Camiade, sur les lois de bio-éthique, sur l'état présent de notre société et sur la grâce et le devoir qui sont nôtres de garder l'espérance et la joie de la foi. Cliquez Aillet, Camiade et bio-éthique et vous aurez ...

Que la Femme de l'Apocalypse, chantée par l'introït de l'Assomption comme glorieuse en Dieu mais soucieuse de nous sans cesse, nous enfante au monde qui vient et fasse irradier cette nouveauté à travers nous. Le vrai chrétien pourrait en effet s'appeler photophore car le vase d'argile qu'il est en ce monde doit porter et apporter à tout homme de bonne volonté quelque-chose de la lumière d'en haut.

Fr. Augustin Pic, O.P., desservant.

Laval

 

 

Rédigé par Philippe

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