Messe Rorate: la beauté.

Publié le 10 Décembre 2020

   

 

 

 

 

Dieu est toute beauté.

   D'absolue, il n'en est pas d'autre que Lui.

   L'unité de Sa nature et la Trinité de Ses personnes, Sa lumière éblouissante pour les yeux créés, Sa pureté sans tâche, Son infinie grandeur se confondent avec l'essentielle beauté. 

   Les saints qui, parfois ont aperçu un instant, derrière le voile de la vie actuelle, dont un coin était relevé pour eux, cette essentielle beauté en ont immédiatement ressenti une surnaturelle extase. La vue de ce beau, infini et exquis, que l'on ne peut qualifier justement avec des paroles humaines et la possession qui nous en sera donnée deviendront pour nous, au Ciel, le bonheur qui semblerait trop court s'il n'était pas éternel. 

   En créant en dehors de Lui des êtres, Dieu voulut , nous enseigner la théologie, y mettre les traces de Son Etre à Lui, c'est-à-dire Sa beauté. De là le charme de la nature qui nous paraît parfois à juste titre infini et que , souvent, nous sommes de la sorte. Ce que nous rencontrons, ce qui nous y attire, ce qui nous y ravit, c'est la trace de la beauté divine! 

   N'avons-nous pas souvent, en contemplant un coucher de soleil, lorsque vous rentriez à votre presbytère après une longue journée de labeur éprouvé quelque chose de divinement calmant et reposant du contact, sur votre front, des rayons rougis de l'astre qui allait s'éteindre?  N'avez-vous pas ressenti une émotion profonde, un sentiment de pureté en contemplant, au lever d'un jour de printemps, le lys qui venait de s'ouvrir dans votre jardin?  N'avez-vous pas , si une chance heureuse vous a mené au bord de la mer, et que vous y fussiez seul à regarder et à méditer, subi tout à coup, au milieu de la recherche par votre oeil d'un horizon qui reculait toujours, l'emprise sur votre âme de la pensée et de l'amour de Dieu? 

   Dans l'éclat du soleil à sa dernière lueur, dans la blancheur immaculée de votre lys, dans l'immensité des flots, c'était tout à coup, la trace de la divine et infinie beauté que vous aviez rencontrée et qui avait impressionné votre âme . " La beauté de toutes les choses , dit saint Augustin, c'est, en quelque manière, leur voix pour dire le Seigneur." 

   Aimons la nature créée par Dieu ! Sans doute le tabernacle où réside Sa personne est toujours, par excellence, l'endroit où il veut que nous Le cherchions et Le trouvions; sans doute l'Evangile qui redit au monde Sa parole est toujours le livre dans lequel il souhaite que nous lisions Ses enseignements et Son amour ! Mais que je plains ceux qui ne savent pas Le rencontrer aussi dans le cadre merveilleux de la nature créée. L'entendre dans le bruissement de l'eau qui coule sous la feuillée; Le reconnaître dans le bruit de la tempête qui bouleverse nos vallées et nos collines. 

   Mais Dieu ne s'est pas contenté de répandre à profusion dans la nature les traces de Sa beauté. Il a voulu plus et mieux: Il a créé un être fait à Son image et qui par conséquent, pût, comme un miroir fidèle, par son intelligence, ses tendresses, ses volontés, l'étendue de cette intelligence, la pureté de ce coeur, la force de cette volonté, puis par toutes les vertus qu' Il lui donnerait d'atteindre en l'élevant à l'état surnaturel et en lui conférant la grâce, pût, dis-je, refléter la Nature , la Trinité, les Perfections divines. 

   Quelle resplendissante beauté possédait et irradiait l'homme avant son péché! .. Nous le pouvons soupçonner ! ... C'était bien après avoir tiré du néant cette dernière et plus parfaite créature que Dieu s'était arrêté, trouvant que son oeuvre était véritablement belle. C'était pour jouir de cette oeuvre qu' Il daignait visiter au paradis terrestre Adam et Eve et converser avec eux . La première mission de l'homme avait été de faire éclater en lui, aux yeux de Dieu , qui se complait en ce qu'Il avait fait la perfection divine. 

   En même temps qu'il était lui-même un reflet , une image de la Beauté incréée, l'homme reçut une seconde mission: celle de faire sortir, à son tour, de son être des oeuvres qui, elles aussi - operatio sequitur esse - seraient belles et médiatement, sans doute, mais réellement rediraient au monde l'éternelle splendeur. Et pour cela le Créateur qui avait doué l'homme de la pensée, lui donna le don de se traduire par les lèvres, par les mains et de tirer des sons, des mots, des lignes, des couleurs, des pierres, et des proportions des choses la beauté, toujours divine, quand elle est vraie, et dont l'impression, l'audition, la vue élèvent vers Dieu les âmes et les foules.

Ce fut le génie ! 

  Et , reflet lui-même de la céleste beauté, de quoi l'homme, tel qu'il était sorti des mains du Créateur, n'eût-il pas été capable en tant qu'admirable artiste s'il avait su garder en lui la présence divine et le divin Idéal! 

   Hélas, il tomba dans le péché; sa nature fut blessée; il perdit la surnaturelle beauté, ne fut plus la ressemblance de Dieu et devint moins capable d'en faire éclater les merveilles dans les oeuvres qui sortiraient, désormais de son être déchu et éloigné de l'Idéal. 

   Pourtant il restait une créature, c'est-à-dire un être pouvant encore, même sans qu'il le voulût et sans qu'il s'en doutât, trahir dans ses oeuvres la beauté de ses origines. Puis, ne voulant pas être vaincu par le mal et souhaitant voir encore Ses divins désirs accomplis en l'humanité, Dieu répara les désordres de celle-ci par l'Incarnation et la Rédemption de son Fils et Jésus-Christ redonna aux hommes la possibilité, dans la mesure où ils profiteraient du salut accompli par la Croix, de refléter encore du divin dans leur être, de produire encore de la divine beauté par leur génie.  

   Quand, à travers le monde, le laid, à mon avis plus que cela: l'atroce, plus que cela encore: le ridicule règnent presque partout restons, nous , enfants de l'Eglise, fidèles à ses traditions et gardiens de la beauté de ses monuments et de son culte. 

   Nous n'oublierons pas que tout ce qui est beau dans nos églises élève l'âme de nos fidèles vers Dieu, l'idéale beauté. 

    Soyons fiers de cette beauté catholique, de cet art religieux; aimons-les , étudions-les, gardons-les dans toute la mesure du possible favorisons-les. 

   " Je veux que mon peuple prie sur de la beauté." St Pie X 

   " Je veux qu'en entrant dans nos églises, mon peuple entre dans de la beauté; je veux qu'en levant les yeux vers les statues qui ornent les murs, sur les ornements qui parent les autels, sur les vêtements qui servent aux prêtres, mon peuple aperçoive de la simplicité, sans doute, de la pauvreté, hélas! souvent, mais toujours du bon goût et de la beauté. " 

 

 

 

 

  

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article