Pierre et Charles
Notre- Dame du bien mourir, priez pour nous .
trop belle méditation, quel réconfort ..une lumière dans les ténèbres, loin des griseries et de la sinistrose de ce bas monde, qu'il est bon de lever nos yeux vers eux ... ! on est loin de l'actualité..ils nous élèvent vers les cimes .de douceur, de sérénité et de paix.
" Déchausse les souliers de tes pieds , car le lieu où-tu es est une terre sainte ; "
"Seigneur, il est bon que nous demeurions ici; si tu veux, faisons-y trois tentes ."
pour Pierre Charles et le petit placide !!
..merci ! les plus beaux voeux qu'on puisse formuler, on se sent appartenir au moins à quelque chose, à une vraie famille, .ceux là ne nous laisseront pas tomber comme tant d' autres;.
! ..à défaut...ça remet les pendules à l'heure .
enfin !!! ' " Notre vie d’éternité sera une vie de communauté, et cette communion fraternelle immense, inimaginable, sans ombre," ...
Tous ensemble, nous sommes l’Eglise qui prie, qui croit, qui gémit et qui espère.
Nous sommes l’Eglise du Christ, crucifié sous le regard de Marie, Notre Dame des douleurs.
Nous sommes l’Eglise du Christ, ressuscité du matin de Pâques, vers lequel courent encore confusément Pierre et Jean, bouleversés par ce que leur a dit Marie Madeleine, et sur le point de devenir croyants : « C‘est alors qu’arriva l’autre disciple… Il vit et il crut ».
Je sais, chère famille, que vous attendez une parole de foi, qui vienne faire descendre un rayon de lumière – la lumière de la foi – dans cette épreuve qui, avec vous, nous a tous terrassés. Nous pouvons nous confier à Marie, notre Mère bien-aimée, afin qu’elle nous attire dans ses clartés, qu’elle nous inonde de ses douceurs, qu’elle nous aide, tout simplement.
En cette veille de Noël, mercredi 24 décembre, Pierre et Charles, au terme d’une dernière ascension, d’une dernière course, étaient emportés par cette montagne qu’ils avaient foulée si souvent, et avec quelle passion !
Une course et une ascension qui me semblent résumer toute leur vie.
Une course et une ascension qui étaient comme un appel chez eux : l’appel à découvrir et à louer, derrière cette création si belle, le Créateur lui-même. Créateur de ces cimes si pures, de ces levers et de ces couchers de soleil qui annoncent Jésus, « soleil levant qui vient nous visiter », mais aussi le « jour sans couchant » de la victoire définitive de Dieu. Cette victoire totale, nous la contemplerons un jour, enfin, lorsque la création telle que nous la connaissons s’effacera devant les « cieux nouveaux » et la « terre nouvelle », en qui notre espérance sera comblée.
Cette course, cette ascension dans la montagne en cachait pourtant une autre : celle de leurs âmes, intérieure et cachée – mais pas si cachée que ça : beaucoup pourraient en témoigner parmi vous, chers frères et sœurs.
Pierre et Charles mettaient en fait leurs pas dans ceux de Pierre et du disciple bien-aimé, qui, ensemble, au matin de Pâques, couraient vers un tombeau… vide ! d’où jaillirait la première annonce de la Résurrection : le Christ est ressuscité, lui le « premier-né d’entre les morts ».
Noël, fête de la Nativité du Christ, devenait en quelque sorte leur Nativité, leur dies natalis, c’est-à-dire leur naissance définitive à la vie du Royaume. Nés ensemble à la vie de la terre, ils seraient invités à naître ensemble à la vie du Ciel : quel mystère !
Par le baptême, bien sûr – la foi nous le dit –, la mort était déjà en quelque sorte derrière eux. La vie éternelle du Ressuscité les avait déjà investis l’un et l’autre.
Et quelle beauté dans cette grâce qui avait fait sa place dans leurs cœurs, qui les avait conquis, qui leur faisait témoigner de la joie qu’il y a de vivre et de croire, de servir et d’aimer ! Cette grâce qui achève aujourd’hui de les configurer à notre Maître et Seigneur, lui le Vivant.
Dans la nuit de Noël, nous avons contemplé le signe donné par l’ange du Seigneur aux bergers de Bethléem : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
Les Pères de l’Eglise ont fait le lien entre les langes de la mangeoire et les linges funéraires du sépulcre. Ils ont vu, dans le geste de Marie emmaillotant et couchant dans la mangeoire son fils premier-né, l’offrande de celle qui présentait son Fils au Père, et à nous tous ; qui l’offrait au Père, et nous le donnait : lui l’Agneau de Dieu, vulnérable et si puissant ; lui le roi dont l’amour et l’obéissance seraient les seules armes ; lui qui irait jusqu’au bout : descendant dans nos abimes, il en sortirait libre et vainqueur, lui le Vivant.
Il venait nous donner sa vie, préférant notre vie à la sienne, pour que notre vie devienne à son tour « louange de gloire » : au Père qui nous a créés, au Fils qui nous a sauvés, au Saint-Esprit qui nous a sanctifiés.
Pour que notre vie devienne « hymne à la charité » : « au soir – de notre vie –, écrivait saint Jean de la Croix, nous serons jugés – examinés – sur l’amour ». Et sur rien d’autre !
La joie de Noël, nous le savions, nous le savons dans notre chair plus que jamais, n’est pas une joie sans combat. Noël n’est pas une sorte de rêve, une illusion éphémère et sans lendemain. L’enfant de la crèche, qui est en même temps le fils de Marie et le Fils unique du Père, nous savons pour quel combat il est venu sur cette terre : il est venu briser les verrous de la mort par sa Mort et sa Résurrection ; il est venu offrir à ses disciples, au soir de Pâques, la paix que chantaient les anges la nuit de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » : aux hommes objet de son amour, de sa bénédiction, de son eudokia – sa bonté. Cette paix qui est sécurité, concorde, plénitude : shalom. Cette paix pour laquelle nous sommes faits.
Et nous avons vu ces deux frères jumeaux, Pierre et Charles, comme les disciples de l’Evangile envoyés « deux par deux », grandir dans la foi, avancer, monter, courir, semer l’amitié autour d’eux. Nous les avons vu donner, sans doute largement à leur insu – c’est le propre des œuvres de Dieu –, le témoignage rayonnant de cette grâce qui, en famille, dans le scoutisme, et dans tous les lieux de leur vie, avait su les captiver pour en faire des jeunes hommes libres et heureux, généreux et paisibles, humbles, attirants et rayonnants.
Frères et sœurs, ce qui fait notre assurance, notre consolation dans toutes nos épreuves, dans cette épreuve – qui est en même temps un événement de grâce et, osons le dire, de sainteté –, c’est l’amitié indéfectible de Jésus, qui est toujours avec nous – comme il nous l’a promis –, d’une manière mystérieuse, cachée, mais certaine.
Celui qui est toujours avec nous est en même temps celui qui vient, un jour du temps, nous chercher et nous emmener avec lui. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dont Pierre et Charles étaient familiers, l’avait bien compris quand elle disait à l’une de ses sœurs qui lui parlait un peu lourdement de la mort : « Ce n’est pas la mort qui viendra me chercher, c’est Jésus ! ».
Alors comment vivre avec Pierre et Charles désormais, dans la communion des saints ?
Saint Jean, dans sa première Lettre – notre première lecture –, nous a parlé de ce qu’il a entendu, vu, touché de Jésus. Il écrit cette lettre semble-t-il assez longtemps après l’Ascension de Jésus, et pourtant, il semble parler d’une vie qui lui est toute proche, d’une communion qui se vit au présent et qui l’établit dans la joie, une joie contagieuse…
Il me semble que Pierre et Charles nous donnent rendez-vous, ensemble, spécialement dans l’Eucharistie.
Là, en communiant, nous recevons sous les voiles du sacrement celui-là même qu’ils voient de leurs yeux émerveillés, définitivement ouverts sur le monde réel de la gloire.
Là, en communiant, nous faisons corps, nous et eux, avec Celui qui fut et qui est leur vie, leur sainteté, leur bonheur !
Là, Eglise du Ciel et de la terre, nous sommes réunis plus que séparés, même si l’expression de cette tendresse passe par un nouveau langage, si dépouillé sensiblement… Mais laissons-leur aussi la surprise de nous manifester, de vous manifester de mille manières, chère famille, leur mystérieuse proximité, leur présence à vos côtés, la délicatesse de leur amour plus vivant que jamais.
Notre vie d’éternité sera une vie de communauté, et cette communion fraternelle immense, inimaginable, sans ombre, cette communion de personnes tout sauf anonyme – « Jérusalem céleste où tout ensemble ne fait qu’un » –, sera bel et bien une part de notre béatitude !
Comme les anges de la nuit de Noël, comme les anges du matin de Pâques, permettons à Pierre et à Charles de nous annoncer, au cœur de l’Eglise, la leur et la nôtre – la même ! –, permettons-leur de nous annoncer, au milieu de toutes nos nuits intérieures, que le Christ est vivant, ressuscité. Et que sa résurrection est à nous, ses amis. Qu’elle est offerte à tous les hommes de bonne volonté, à tous ceux qui, par la porte de leur foi, sauront l’accueillir comme le seul cadeau qui soit à la taille de leur cœur et de leur soif de bonheur.
Oui, Pierre et Charles, comme les disciples du matin de Pâques, saint Pierre et saint Jean, témoins du Ressuscité, évangélisez-nous !
Dites-nous, faites-nous entrevoir, dans la prière, comme est bon le Seigneur. Dites-nous comme est grand son amour. Dites-nous comme la vie sur la terre est une école de vie, de vie éternelle. Dites-nous comme on a raison de croire. Redites-nous, selon l’expression si simple et si percutante de la vénérable Marthe Robin, que la sainteté, c’est « aimer, aimer, aimer »…
Priez pour nous, chers frères, comme nous prions pour vous.
Amen.
link Pierre et Charles .