considération pour la passion de Jésus.

Publié le 30 Mars 2010

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Nous voici sur le Calvaire, ô mon âme; nous voici au dénouement du mystère de notre rédemption.

En vérité c'est bien ici la maison de Dieu, la porte du ciel, la terre de promission, la terre du salut. Ici est planté l'arbre de vie, et fixée l'échelle entrevue par Jacob, par laquelle la terre est unie au ciel, les anges descendent vers les hommes, et les hommes montent vers Dieu.


C'est ici, ô mon âme, le lieu où tu dois prier, adorer, bénir ton Seigneur, et lui dire : Nous vous adorons, ô Sauveur, et nous bénissons votre saint nom ; parce qu'au moyen de cette croix vous avez racheté le monde.

 

Grâces vous soient rendues, très clément Rédempteur qui nous avez aimés, nous avez purifiés de nos péchés dans votre sang, vous êtes offert pour nous sur cette croix, afin que le parfum de ce sacrifice fût agréable à Dieu et apaisât son courroux.

Soyez à jamais béni, vous qui avez sauvé le monde, réconcilié les hommes, restauré les cieux, triomphé de l'enfer, vaincu le démon, donné la vie à ceux qui l'avaient perdue, détruit la mort, et racheté ceux qui étaient au pouvoir des ténèbres.

« Vous tous qui avez soif, accourez vers ces eaux. Vous qui n'avez ni or, ni argent, venez et achetez ce que vous désirerez. » Isa. Lv, 1.

Vous voudriez l'eau de la vie? Voici la pierre mystique dont la verge de Moïse fit jaillir une abondante source. Vous voudriez paix et amitié avec Dieu? C'est encore ici la pierre que Jacob arrosa d'huile et qu'il éleva en signe d'amitié entre Dieu et les hommes. Vous qui auriez besoin de vin pour guérir vos blessures, vous trouverez ici le raisin mûri dans la terre promise, ensuite porté dans notre vallée de larmes, et sorti du pressoir de la croix. Si vous désirez l'huile de la grâce divine, il y a ici ce vase précieux avec lequel, à l'exemple de la veuve de Sarepta, vous paierez toutes vos dettes. Il vous paraît d'une capacité médiocre; mais considérez sa vertu, et non ses dimensions. Or, sa vertu est si admirable que tous les vases du monde ne parviendront jamais à l'épuiser.


Réveille-toi, ô mon âme, et pense au mystère de cette croix dont le fruit a réparé le mal causé par le fruit empoisonné de l'arbre défendu. « Je t'ai ressuscitée sous un arbre, dit l'Epoux des Cantiques, VIII, 5, à sa bien-aimée; là où ta mère fut séduite par l'antique serpent. »

Considère qu'à peine arrivés sur le Calvaire, les ennemis de Jésus, pour rendre sa mort plus honteuse, le dépouillent de tous ses vêtements jusqu'à sa tunique qui était sans couture. Il souffre néanmoins ce nouvel outrage avec une mansuétude inaltérable sans ouvrir la bouche, ni prononcer une seule plainte. Il y avait consenti bien auparavant, afin de nous rendre, par son dépouillement et son ignominie, l'innocence que nous avions perdue par la faute originelle. Quelques docteurs racontent qu'en ôtant au Sauveur sa tunique, on lui arracha violemment la couronne qu'il avait sur la tète, et qu'après on l'y plaça de nouveau au prix de nouvelles souffrances. Et il n'y a rien assurément d'invraisemblable pour qui songe aux raffinements de cruauté qui signalèrent toutes les circonstances de la passion. Comme la tunique était collée aux plaies causées par la flagellation, on ne put l'en dépouiller brusquement sans rouvrir ses blessures et renouveler ses douleurs : en sorte que ce corps adorable fut déchiré dans toutes ses parties, et ne forma qu'une immense plaie d'où le sang coulait par ruisseaux.

 

Considère, ô mon âme, avec quel éclat la bonté et la miséricorde divine resplendissent dans ce mystère.

Celui qui revêt le ciel de nuées, les champs de moissons et de fleurs, est dépouillé de ses vêtements. La beauté que les anges contemplent est obscurcie, la hauteur des cieux est abaissée, la majesté et la grandeur même sont humiliées. Sur la tête, sur les cheveux, sur le visage, sur le corps tout entier de Jésus-Christ, rien que du sang.

Quel froid il devait ressentir, n'ayant rien pour l'en défendre et lui donnant accès par tant de blessures ! Saint Pierre, quoique vêtu et devant un brasier, en avait souffert la nuit précédente. Le divin Maître nous a donné dans le cours de sa vie d'admirables exemples de dénuement et de pauvreté ; mais c'est à sa mort qu'il en est le plus parfait modèle. Alors il n'eut même pas où reposer sa tête, et il nous fit bien comprendre qu'il n'avait jamais rien possédé des biens de ce monde.

A l'imitation de ce dénuement complet du Sauveur, le vrai serviteur de Jésus crucifié, saint François, au moment d'expirer jeta loin de lui tout ce qu'il avait, et se précipita de son lit sur la terre nu comme lui. Apprends donc, ô mon âme, à suivre Jésus-Christ pauvre et dépouillé de tout ; apprends à mépriser les présents du monde, afin d'embrasser plus étroitement de tes bras nus ton Seigneur qui te donne l'exemple, et afin de lui être uni par un amour sans mélange de tout autre amour.

 

II.

 

Examine ensuite comment le Sauveur fut cloué à la croix, et pense à la douleur qu'il éprouvait lorsque d'énormes clous traversaient les parties les plus délicates de son corps. Que se passait-il dans le cœur de sa mère quand ses yeux voyaient, quand ses oreilles entendaient les marteaux frapper à coups redoublés les membres divins de son enfant? Puis, pour dresser la croix, les bourreaux la laissèrent tomber sans ménagement dans un trou préparé exprès, secouant ainsi avec force le corps du Sauveur suspendu dans les airs, ravivant ses plaies et redoublant ses tortures.

 

O mon Jésus, quel cœur ne se briserait de douleur, à la vue des souffrances que vous endurez sur la croix? Mais les rochers eux-mêmes se fendent. Les douleurs de la mort vous ont environné, Seigneur. Une mer d'amertume vous a inondé. Vous avez été précipité dans la profondeur des abîmes, et vous n'avez rien trouvé pour vous soutenir. Votre Père vous a abandonné : qu'espérer des hommes ? Vos ennemis crient après vous. Vos amis vous déchirent le cœur ; et par amour pour moi, votre âme reste affligée et ne veut pas de consolation. Grands ont été mes péchés, puisque vous souffrez tant pour eux.

Vous voilà, ô mon souverain Maître, cloué à une croix. Rien ne soutient votre corps, sinon les clous qui transpercent votre chair sacrée. Pèse-t-il sur les pieds? leurs trous aussitôt s'élargissent. Pèse-t-il sur les mains? le poids élargit de même leurs blessures. Vos membres ne peuvent se soulager sans une souffrance plus grande que ce soulagement. Et votre tète déchirée et enflée par les épines, qui lui servira de soutien ? Vous auriez bien prêté vos bras à ce doux office, ô sainte Vierge ; mais il ne faut maintenant d'autres bras que ceux de la croix. Ils recevront sa tète lorsqu'elle sera forcée de s'incliner, et tout le repos qu'ils lui procureront, sera d'enfoncer les épines plus avant. J'aperçois encore quatre plaies qui sont comme des fontaines perpétuelles de sang; tout le sol en est rougi, et une voix s'en élève plus forte que la voix du sang d'Abel. Celle-ci demandait vengeance : celle-là implore miséricorde et pardon.

 

III.

 

Les tourments du Fils furent augmentés par la présence de la mère. Son cœur n'était pas moins crucifié au dedans que son corps au dehors.

Il y a donc pour vous deux croix, ô bon Jésus : une pour le corps, et l'autre pour l'âme; l'une parce que vous souffrez, l'autre parce que vous compatissez : l'une déchire vos membres avec des clous de fer; l'autre déchire votre âme avec la douleur elle-même. Qui nous dira ce que vous sentiez, ô Maître adorable, quand vous considériez les angoisses de cette âme très sainte que vous saviez être attachée avec vous à la croix? quand vous voyiez son cœur percé d'un glaive de douleur? sou visage couvert de la pâleur de la mort ? des tortures plus cruelles que la mort qu'elle endurait ? les larmes qui coulaient de ses yeux très purs ? les gémissements qu'exhalaient sa poitrine sacrée accablée d'un si lourd fardeau? Non, jamais, on n'exprimera l'amertume de cette croix invisible.

 

Et qui serait capable de nous raconter vos douleurs, ô mère bénie, lorsque vous regardiez mourir si cruellement celui que vous aviez vu naître avec tant de joie? lorsque les hommes bafouaient et blasphémaient celui qu'avaient chanté les anges? lorsque des méchants maltraitaient ce corps que vous aviez si amoureusement porté dans vos entrailles, et traité si respectueusement? lorsque le fiel et le vinaigre désaltéraient cette bouche divine que vous humectiez d'un lait céleste? lorsque les épines couronnaient cette tête qui si souvent reposa sur votre sein ?

Souvent vos yeux s'élevèrent vers la croix pour contempler le visage qui les avait tant de fois charmés ; et ils se baissaient aussitôt, la tendresse de votre cœur ne pouvant supporter ce spectacle. Si les chrétiens qui aiment véritablement Jésus-Christ ne peuvent retenir leur pitié quand ils méditent sur ses douleurs, bien des années après qu'il .les a éprouvées ; que se passait-il en vous, ô mère, quand vous voyiez de vos yeux votre fils souffrir une telle passion? Les femmes qui l'accompagnaient, quoique aucun lien ne les attachât à lui, pleuraient de compassion : quelles étaient vos larmes à vous pour qui il était tout, lorsque vous le regardiez, non pas marcher la croix sur les épaules, mais attaché et élevé sur ce gibet infâme? Malgré ces peines incompréhensibles, vous n'avez pas décliné l'honneur de rester près de la croix ; vous ne vous êtes point éloignée ; mais vous l'avez embrassée étroitement. Ferme et debout, comme une colonne, vos yeux ne quittaient pas votre fils : et de même qu'Eve, à force de contempler le fruit séduisant de l'arbre de mort, perdit les hommes; de même, en contemplant avec amertume le fruit qui pendait à cet arbre de vie, vous avez assuré leur salut.

 

IV.

 

Auprès de la croix avec la mère de Jésus, dit l'Evangéliste, se tenaient debout Marie mère de Cléophas et Marie-Madeleine.


Qui me donnerait de rester avec ces trois Maries aux pieds de la croix de mon Sauveur? 0 bienheureuses femmes, qui vous a donné ce courage? Quelle chaîne vous a si fortement retenues? Adorable Maître qui par votre mort donnez la vie à ceux qui ne l'avaient plus, et vous Anges du paradis, ne vous indignez pas contre moi, si j'ose me joindre, tout pécheur que je suis, à cette sainte compagnie : c'est l'amour qui m'entraîne et qui me contraint d'embrasser l'arbre du salut. Pourrais-je m'en éloigner, quand ces amantes du Sauveur ne peuvent s'y résoudre? Le feu cessera de brûler, l'eau de refroidir, avant que mon cœur abandonne la croix, et que j'oublie combien il est doux de se tenir toujours à ses pieds.


Divine croix, vous nous attirez plus énergiquement que l'aimant n'attire le fer ; vous illuminez l'intelligence avec plus d'éclat que le soleil n'illumine les yeux ; vous embrasez plus ardemment les âmes que la flamme n'embrase la paille légère. Que votre attraction soit pour moi irrésistible, votre lumière continuelle, votre chaleur puissante, afin que ma pensée ne s'écarte jamais de vous. Et vous, ô bon Jésus, faites que mon âme ne s'arrête pas seulement à contempler les souffrances que vous avez supportées pour elle, et à y compatir ; mais aussi à considérer lesmerveilleux exemples de vertu que vous me donnez, afin de les imiter.

 

Puis, ô Maître de l'univers, médecin des âmes, daignez guérir les blessures que vous découvrez en moi du haut de votre croix, et m'enseigner ce que je dois faire.

Je sais bien, Seigneur, que je suis très sensuel et engoué de moi-même, et je comprends que cela nuit beaucoup à mon avancement spirituel. Plus d'une fois je sacrifie les exercices de piété aux récréations, aux passe-temps, à la répugnance que m'inspirent le jeûne et l'heure matinale du lever. Or, ces exercices négligés, tout en souffre chez moi. Cette sensualité m'est grandement importune. Il lui faudrait, à ses moments, une nourriture et une boisson délicate; il lui faudrait, après chaque repas, des amusuments et des loisirs ; il lui faudrait de frais jardins pour y goûter le charme du repos.


O mon Sauveur, que dois-je donc faire? Ah ! je n'ai, pour être couvert de confusion, qu'à regarder comment vous avez traité le plus délicat de tous les corps. Parmi les frissons et les angoisses de la mort, vous ne lui avez accordé d'autre douceur que le fiel et le vinaigre. Oserais-je bien demander que les mets soient servis à telle ou telle heure, à telle ou telle température, avec tel ou tel assaisonnement, lorsque je vois quels mets vous ont été présentés dans une nécessité si cruelle? Au lieu des conversations et des causeries dont je suis avide en mes repas et en mes délassements, vous n'entendiez que les paroles de ceux qui, branlant la tête, se moquaient de vous et disaient en blasphémant : Va ! toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, descends de la croix. Vos oreilles alors ne connaissaient point d'autre harmonie et d'autres accents. Au lieu de jardins et de promenades, vous aviez la croix et les clous qui y fixaient vos pieds et vos mains. Il est vrai qu'après la cène vous allâtes dans un jardin ; mais ce fut pour prier, et non pour vous promener; pour y répandre votre sang, et non pour y respirer un air frais ; pour y être dans la tristesse et l'agonie de la mort, et non pour vous y récréer. Parlerai-je encore des autres soulagements que vous procuriez à votre chair sacrée ? Ma chair réclame une couche molle, des habits précieux, une maison spacieuse. Et vous, quelle est votre couche ? quelle est votre maison? quels sont vos vêtements? Vous n'avez pour vous couvrir que la nudité et une pourpre dérisoire. Votre demeure c'est la terre nue et l'air des champs; et si j'en cherche une autre, je ne trouve qu'une étable abandonnée. Les oiseaux ont des nids, et les renards ont des tanières : et vous, le Créateur de toutes choses, vous n'avez pas sur quoi reposer votre tète. O curiosités et superfluités, comment êtes-vous accueillies encore parmi des chrétiens ! Rejetons-les bien loin de nous, puisque notre Maître s'est privé non-seulement du superflu, mais du nécessaire.

 

Je n'ai point encore visité votre couche, Seigneur. Dites-moi, ô très doux Jésus, où vous reposez ? où dormez-vous à l'heure du midi ? Me voici à vos pieds pour écouter vos enseignements, car ma sensualité n'est pas disposée à saisir le langage de votre croix. Je vous l'ai déjà dit : il me faut une couche molle.

Si l'heure de la prière vient à sonner, au lieu de me lever, je cède au sommeil et à la paresse, et je passe une partie de la matinée dans le repos. Et vous, Seigneur, quel repos avez-vous pris sur la dure couche de la croix ? Quand vous étiez las de rester sur un côté, comment vous retourniez-vous sur l'autre, pour vous délasser? Et mon cœur n'est pas ému? et ma sensualité résiste encore?

0 consolation des pauvres! ô confusion des riches, encouragement des pénitents, condamnation des lâches et des efféminés ! Non, la couche du Christ n'est pas faite pour vous, ni sa gloire non plus. Seigneur, donnez-moi votre grâce pour anéantir ma mollesse à votre exemple; ou bien qu'en ce moment finisse ma vie. Qu'il ne soit pas dit que vous n'ayez d'autre boisson que le fiel et le vinaigre, et que je cherche une nourriture délicate ; que vous soyez pauvre et dépourvu de tout, et que je coure après les biens de ce monde; que vous n'ayez pour lit qu'un gibet, et que je désire une couche voluptueuse et les délices du repos.

 

Rougis, ô mon âme, en présence de ton Sauveur mourant, et prête une oreille attentive à ses conseils et à ses réprimandes. 0 homme, te dit-il, j'ai reçu pour toi une couronne d'épines, et tu portes en mépris de moi une guirlande de fleurs? J'ai pour toi étendu mes mains vers la croix, et tu étends les tiennes vers les plaisirs? Je n'ai pas même eu de l'eau pour étancher ma soif, et il te faut des vins et des mets délicats ? Sur la croix et durant ma vie entière les ignominies et les douleurs m'ont accablé, et tu passes tes jours dans les honneurs et les voluptés? Mon côté a été ouvert pour te donner mon cœur, et tu n'ouvres ton cœur qu'à de vaines et dangereuses amours ?

 

Vous venez de m'apprendre la tempérance, Seigneur : apprenez-moi encore la patience qui ne m'est pas moins nécessaire.

Vous avez commencé ma guérison ; daignez l'achever ; car votre croix est le remède souverain à tous les maux de l'humanité, et les feuilles de cet arbre sont le salut des nations. Je me suis dit souvent en moi-même : Je ne veux me fâcher avec personne; je veux être en paix avec tous; et je dois par conséquent éviter toute compagnie où je trouverais occasion de colère et de trouble. — Toutefois je ne me dissimule pas ma faiblesse. Fuir toute société n'est pas dompter l'irascibilité, mais couvrir une imperfection. Je désirerais donc être de plus dans la disposition de vivre avec les méchants comme avec les bons, et de conserver la paix avec ceux qui haïssent la paix. Voilà ce que je me propose : à vous, Seigneur de m'accorder la grâce de l'accomplir.

 

Si la fortune m'abandonne, je ne m'attristerai pas, car je vous vois sur la croix privé de tout ; si l'on me déshonore, je ne tomberai pas dans le trouble, puisque vous êtes arrivé au comble du mépris. Les amis me trahiraient-ils, je ne désespérerais pas, vous voyant seul, abandonné à la fois de vos disciples et de votre Père. Lors même que vous sembleriez m'avoir abandonné, je ne perdrais pas courage; car vous ne l'aviez pas perdu, quand après avoir prononcé ces paroles : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi, m'avez-vous abandonné ! vous remettiez votre âme entre ses mains. Et puis les persécutions, les chagrins par lesquels vous m'éprouverez me fourniront l'occasion d'être votre imitateur.

 

Mais, ô mon Roi, si l'épreuve se prolonge, quelle sera ma consolation?


Quoique vos peines aient été grandes, elles paraissent avoir été courtes, et le martyre de votre passion n'a duré environ. que vingt heures. Celui qui depuis de nombreuses années est sur son lit ou dans une prison, ou qui trouve chez lui des tracasseries continuelles, quelle ressource aura-t-il en vous? Enseignez-le moi, je vous en conjure, vous qui êtes le Verbe et la sagesse de Dieu. Etes-vous le consolateur de tous les maux, quelque longs qu'on les suppose; ou devons-nous chercher un autre consolateur ? — Non, il ne nous en faut pas d'autre que vous.


Les tourments de la croix n'ont pas été les tourments d'un seul jour, mais de votre vie entière. A l'instant même de votre sacrée conception, ils se présentèrent à vous tels que vous deviez les souffrir, et ils n'ont plus cessé d'être devant vos yeux. Il en était de ces douleurs comme du passé et de l'avenir pour votre intelligence divine. Elle apercevait aussi clairement qu'au jour de la passion, la croix, les clous, les fouets, les épines, la lance et les glaives.

Dans nos maux les plus vifs nous avons toujours, grâce à la science ou à la nature, quelque moment de soulagement. Votre souffrance, au contraire, si elle n'a pas été sans relâche, s'est reproduite une infinité de fois durant votre vie mortelle. Alors même qu'il n'en eût pas été ainsi, il suffisait pour vous enlever tout repos, du zèle que vous ressentiez pour l'honneur du Père et le salut de nos âmes ; car, en vérité, ce zèle dévorait et consumait votre cœur, et il était pour vous plus cruel que la mort. A cela s'ajoutaient l'obstination de ce peuple opiniâtre, la dureté des pécheurs que vous veniez sauver, et qui méconnaissaient et votre mission, et vos bienfaits. Aussi versâtes-vous des larmes abondantes de pitié sur Jérusalem ; et Isaïe pensait à vous quand il disait : « J'ai travaillé sans résultat; en vain j'ai consumé mes forces. » XLIX,4.

Voilà, ô mon âme, de quoi te soutenir et te consoler dans tes épreuves ; parce que si les souffrances corporelles de ton Jésus ont été courtes, celles de son cœur si tendre n'ont jamais cessé.


Louis de Grenade.



Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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