Jésus lave les pieds de ses disciples.

Publié le 30 Mars 2010

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Contemple, ô mon âme, dans cette cène ton doux et miséricordieux Jésus.

Considère l'exemple d'incomparable humilité qu'il te donne en quittant la table, en lavant les pieds de ses disciples.

0 bon Jésus, que faites-vous là? O doux Jésus, pourquoi cet abaissement de votre majesté? Qu'éprouveras-tu, ô mon âme, à la vue d'un Dieu agenouillé devant les pieds des hommes, devant les pieds de Judas?

0 Judas, Judas, comment ton cœur ne s'est-il pas brisé en présence d'une telle humilité? comment cette infinie mansuétude n'a-t-elle pas ému tes entrailles ? Est-il possible que tu sois résolu à vendre ce tendre agneau? que tu ne sentes pas l'aiguillon du remords ? 0 blanches et adorables mains, pouvez-vous toucher des pieds si souillés et si abominables? O mains très pures, n'avez-vous point horreur de laver ces pieds couverts de boue et qui trafiquent de votre sang ?

Voyez, esprits bienheureux, ce que fait votre Créateur. Regardez-le, du haut des cieux, prosterné devant ses misérables créatures, et dites-nous, s'il usa jamais avec vous de tant de courtoisie. " Seigneur, j'ai entendu votre voix et j'ai frémi; » Habac.III,1 — J'ai considéré vos œuvres, et j'ai été saisi d'épouvanté. Et vous, saints Apôtres, ne tremblez-vous pas à ce spectacle ? Pierre, que fais-tu ? Vas-tu consentir à ce que le Dieu de majesté lave tes pieds ! Saint Pierre stupéfait de l'action de son Maître ne put s'empécher de lui dire : Vous, Seigneur, me laver les pieds ? N'ètes-vous pas le Fils du Dieu vivant? N'êtes-vous pas le Créateur de l'univers, l'ornement du ciel, la félicité des anges, le salut des hommes, la splendeur de la gloire du Père, la source cachée de la sagesse divine? Et c'est à moi que vous voulez laver les pieds? Votre majesté incomparable descendrait à cette action si humble? C'est vous qui avez établi la terre sur ses fondements ; vous qui l'avez embellie de tant de merveilles; vous qui embrassez le monde dans votre main, qui imprimez aux astres le mouvement, séparez les eaux, disposez les saisons, donnez aux causes naturelles leur efficacité, faites le bonheur des anges, conduisez les hommes et gouvernez par votre sagesse toutes choses : et vous voulez me laver les pieds ! à moi pauvre mortel, cendre et poussière, vase de corruption , créature remplie de vanité, d'ignorance et d'une infinité de misères, et ce qui est encore pire, remplie de péchés ! Vous à moi?'vous, le roi de la création, à moi qui en suis le rebut?

Non, la hauteur de votre majesté, la profondeur de ma bassesse ne me permettront jamais d'y consentir. Laissez, ô mon Seigneur, laissez aux serviteurs cet office. Quittez ce linge, reprenez vos vêtements, asseyez-vous sur votre siége et renoncez à votre dessein. Ne craignez-vous pas que les cieux ne rougissent de confusion en se voyant mis par vous au-dessous de la terre, en voyant les mains dans lesquelles le Père a déposé sa toute-puissance, soutenir les pieds d'un homme ? Ne craignez-vous pas que la nature entière ne s'offense d'être placée à des pieds qui ne sont pas les vôtres? Et croyez-vous que la fille de Saûl à la vue du linge qui ceint vos reins comme les reins d'un esclave, voudra de vous pour maître et pour époux ?

Tel était le langage de Pierre. Il ne comprenait pas encore les choses de Dieu, et il ne savait pas quelle gloire était cachée sous les apparences d'un si profond abaissement. Mais le Sauveur qui ne l'ignorait pas et qui désirait nous donner une grande leçon et un grand exemple d'humilité, éclaira la simplicité de son disciple, et acheva ensuite ce qu'il avait commencé. Remarquons ici avec quel soin le divin Maître nous enseigne et nous recommande cette vertu. Au moment de tout souffrir et de supporter des humiliations capables de confondre d'étonnement le ciel et la terre, il s'humilie lui-même et remplit l'office d'un serviteur.

O vertu admirable, quels trésors tu renfermes, puisque tu nous es recommandée de tant de manières! O humilité, dont la vie de Jésus-Christ est une prédication continuelle ; humilité chantée et louée par la bouche de sa Mère; fleur des vertus; aimant irrésistible qui attires à toi le créateur de tout ce qui existe ; celui qui te délaissera, Dieu le délaissera lui-même, fût-il au plus haut des cieux; celui qui t'accueillera, Dieu l'accueillera aussi, fût-il le plus grand des pécheurs! Précieuses sont tes faveurs, et merveilleux tes effets. Tu charmes les hommes, réjouis les anges, chasses les démons, et retiens les mains du Seigneur irrité. Tu es le fondement des vertus, la mort des vices, le miroir des vierges, et le temple de la très sainte Trinité.


Amasser sans toi, c'est dissiper ; bâtir, mais non sur toi, c'est renverser ; travailler à acquérir sans toi les autres vertus, c'est jeter de la poussière au vent. Si tu ne l'accompagnes, la vierge frappe en vain aux portes du paradis; et la pécheresse publique est, avec toi, reçue aux pieds du Christ.

0 vierges, recherchez donc l'humilité ; car elle rehaussera le prix de votre virginité. Aimez-la, vous aussi, religieux; car sans elle vaine sera votre profession. Et vous, laïques, ne la négligez pas non plus ; parce qu'elle vous délivrera des piéges du monde.

 

 

 

Considère ensuite, âme chrétienne, qu'après avoir lavé les pieds de ses disciples Jésus les essuie avec le linge dont il était ceint.

Elève en haut tes regards, et tu découvriras dans cette action une figure de notre rédemption. Tandis que les pieds des apôtres, de souillés qu'ils étaient, deviennent purs, le linge, au contraire, reçoit leurs impuretés. Or, quoi de plus affreux que l'homme conçu dans le péché? Quoi de plus pur et de plus beau que Jésus-Christ conçu de l'Esprit saint?

« Mon bien-aimé, dit l'Epouse des Cantiques, est blanc et vermeil; il est choisi entre mille. » Cant. v, 10. Et ce bien-aimé si beau, si pur, reçoit toutes les vilenies de nos âmes, c'est-à-dire, les peines que méritaient nos péchés ; et, tout en nous purifiant de nos souillures, il en demeure lui-même couvert. Aussi les anges étonnés de l'obscurcissement de sa beauté, lui adressent ces paroles dans Isaïe, LXIII, 2 : « Pourquoi, Seigneur, vos vêtements sont-ils rouges comme du sang, et vos habits comme les habits de ceux qui foulent les raisins dans le pressoir? »

Si ces souillures ne sont pas les vôtres, ô Roi de gloire, était-ce à vous à subir la peine qu'avaient méritée les hommes ? Quoi ! vous désirez la pureté de mon âme au point de lui sacrifier votre éclat, ô miroir de beauté ! y a-t-il un homme qui consentirait à rendre à un vase sa netteté, en se servant d'une étoffe brodée d'or?

Soyez béni, Seigneur mon Dieu, et que les anges chantent toujours vos louanges, puisque vous avez bien voulu recevoir toutes nos taches pour nous communiquer votre sainteté.

Arrêtons-nous aussi aux paroles que le Sauveur prononce à la fin de cette scène : « Je vous ai donné l'exemple afin que ce que j'ai fait, vous le fassiez vous-mêmes. » Ces paroles s'appliquent non seulement à l'exemple que Jésus-Christ vient de nous donner; mais à sa vie tout entière. Sa vie n'est en effet qu'un exemple continuel de toutes les vertus, et en particulier de celle dont nous nous occupons présentement, de l'humilité.

Le passage suivant de saint Cyprien développe cela d'une manière admirable : « La première œuvre d'humilité et de patience que Jésus-Christ ait accomplie, dit ce grand docteur, est sa venue du ciel sur la terre. il prend un vêtement de boue ; il voile la gloire de son immortalité; il se fait mortel, afin qu'innocent et sans faute il puisse souffrir pour les coupables.

Lui, le maître, il est baptisé par le serviteur; et celui qui vient expier les péchés, est couvert de l'eau des pécheurs. Il conserve tous les êtres, et après avoir jeûné quarante jours dans le désert, il sent l'aiguillon de la faim pour mériter aux hommes qui ont faim de la parole de Dieu la grâce d'être rassasiés. Il repousse le démon qui le tentait, et il n'en tire d'autre vengeance que sa défaite.

Jamais il n'a traité ses disciples comme un maître traite ses inférieurs : on l'eût cru plutôt leur frère. Il y avait dans ses manières tant de charité et de bienveillance qu'il n'est point étonnant qu'il en ait obtenu une obéissance parfaite. Avec quelle patience il endura Judas jusqu'à la fin ! Il s'assied à la même table, quoiqu'il connût ses projets déicides; il ne le découvre pas et il ne repousse pas le baiser perfide qui le livre à ses ennemis.

Quelle patience il avait auparavant montrée avec les Juifs ! Que de travaux pour obtenir de ces incrédules la foi en ses paroles ! Que de peines pour entraîner ces aveugles à la pratique des bonnes œuvres ! Sa réponse à ses contradicteurs était toute mansuétude. Il n'opposait aux superbes que bénignité, à la colère de ses persécuteurs qu'humilité. Jusqu'à l'heure de la croix, que de fatigues pour convertir ces bourreaux des prophètes, ces ennemis de Dieu !


Pendant sa passion, que d'injures il entendit avant que son sang ne fût versé et qu'il ne subît sa mort cruelle ! que de moqueries il eut à dévorer ! D'infernales bouches le couvraient de crachats, lui dont la salive avait rendu la lumière aux yeux d'un aveugle. Des fouets le déchirèrent, lui dont le nom flagellait et mettait en fuite les démons. Il fut couronné d'épines celui qui couronne ses martyrs de fleurs qui ne se flétriront jamais. On meurtrit ce visage dont le sourire sera pour les vainqueurs une récompense suffisante. On dépouille de ses vêtements celui qui revêt ses élus d'un vêtement d'immortalité. On présente du fiel à celui qui nous donne le pain des cieux ; on abreuve de vinaigre celui qui nous donne le calice du salut. Lui innocent et juste; que dis-je? l'innocence et la justice même, il est comparé à des brigands; de faux témoins accusent la vérité éternelle; les méchants jugent le Juge de l'univers ; et la parole substantielle de Dieu entend sa sentence de mort. Lorsque le Sauveur des hommes est au moment d'expirer sur la croix, les étoiles s'obscurcissent, les éléments se confondent, la terre tremble; la nuit succède au jour, et le soleil pour n'éclairer pas un si horrible spectacle, détourne sa lace et voile ses rayons. Mais lui, sans parole, sans mouvement, sans découvrir la gloire de sa majesté, même à l'heure de sa mort, il montre jusqu'à la fin la plus inaltérable patience. Et après tout cela, si quelqu'un de ses bourreaux se convertit, il le reçoit à l'instant même, et il ne ferme à aucun les portes de son Eglise.

Peut-il y avoir une patience et une bénignité plus admirables que de rendre la vie à ces malheureux avec le sang qu'ils ont versé ? Telle est la patience du Christ ; et il le faut bien, car si elle n'était pas si grande, saint Paul n'eût point été chrétien. »

 

louis de Grenade.


 

 







Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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