homélie pour l'Assomption.

Publié le 16 Août 2014

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ASSOMPTION

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

 

(Fontgombault, le 15 août 2014)

 


Chers Frères et Sœurs,

Mes très chers Fils

et vous plus particulièrement qui fêtez en ce jour votre jubilé de profession religieuse,

 


Il y a plus de joie à donner qu'à prendre. Dieu, le premier, a mis en œuvre cette maxime fondamentale de la vie spirituelle : il nous a donné son Fils, il nous a donné Marie.

 


Dans la vie monastique, des hommes se donnent à Dieu par la pratique des vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Ils renoncent aux richesses, aux joies légitimes de la famille humaine et à l'exercice de leur volonté propre, donnant ainsi au monde le témoignage que Dieu suffit. Aujourd'hui nous nous souvenons de l'engagement pris il y a cinquante ans par deux d'entre nous. Au cours de ces années, Dieu est demeuré fidèle. Sur cette fidélité, l'homme peut s'appuyer avec sûreté, pour s'engager dans une voie qui semblerait dépasser les forces humaines.

 


Alors que l'air du temps porte au zapping, aux changements incessants, à la culture du provisoire, interdisant tout engagement dans la durée, les vrais joies et la fécondité de la vie naissent d'un engagement définitif qui laisse à l'homme le temps de croître, de mûrir, de s'épanouir. La vie monastique apparaît comme un laboratoire où se distille, au contact des choses de Dieu, dans la prière liturgique, la Lectio divina et l'oraison, mais aussi au sein de la vie fraternelle, un doux parfum qui monte de la terre vers le ciel à la louange de la gloire du Créateur.


Il n'est pas difficile alors de comprendre pourquoi les moines aiment à choisir les fêtes de Marie pour s'engager devant Dieu, dans les liens de la profession ou de la promesse, et pourquoi ils cultivent un grand amour pour elle.

 

Marie est celle qui a été tout à Dieu, au point que Dieu a désiré venir s'incarner en elle.

 

Au don de l'homme, à sa prière souvent pauvre, répond l'abondance de Dieu qui n'est jamais avare de sa grâce : il donne avec largesse et sans compter. Marie, comblée de grâces, invite ses enfants à suivre la voie de l'abandon à la Providence.

 

Aujourd'hui nous nous souvenons de la fin de la vie terrestre de Marie. Elle est montée au ciel, corps et âme, couronnée par Dieu, Reine du ciel et de la terre.


Le 28 juin dernier, près de la Grotte de Lourdes du Vatican, le Pape François a adressé un salut aux jeunes du diocèse de Rome en recherche vocationnelle. Il leur confessait :


« Lorsqu'un chrétien me dit, non pas qu'il n'aime pas la Vierge, mais qu'il n'a pas l'idée de chercher la Vierge ou de prier la Vierge, je me sens triste. Je me rappelle d'une fois... il y avait un couple de catéchistes, tous les deux professeurs universitaires, avec des enfants, une belle famille, et ils parlaient très bien de Jésus-Christ. Et à un certain point, j'ai dit : ''Et la dévotion à la Vierge ?'' – ''Mais nous avons dépassé cette étape. Nous connaissons si bien Jésus-Christ que nous n'avons pas besoin de la Vierge''. Et ce qui m'est venu àl'esprit et dans mon cœur a été : ''Mais... les pauvres orphelins !'' Il en est ainsi non ? Car un chrétien sans la Vierge est orphelin. Même un chrétien sans l'Eglise est un orphelin. Un chrétien a besoin de ces deux femmes, deux femmes vierges : l'Église et la Vierge. Et pour faire le ''test'' d'une vocation chrétienne juste, il faut se demander : ''Comment va la relation que j'ai avec ces deux mères qui sont les miennes'', avec la Mère Eglise et avec la Mère Marie.

 

Cela n'est pas une pensée de ''piété'', non, c'est de la théologie pure. Cela est de la théologie. Comment se porte ma relation avec l'Eglise, avec ma Mère l'Eglise, avec la sainte Mère l'Eglise hiérarchique ? Et comment va ma relation avec la Vierge, qui est ma Maman, ma Mère ? Cela fait du bien : ne jamais la quitter, et ne pas partir seuls. »

 


Ces paroles du Pape engagent à redécouvrir la beauté de la maternité en tant que don offert et accueilli. Alors que la culture de mort la considère souvent comme une dévalorisation de la femme, comme un handicap pour la vie professionnelle, alors que la législation ne reconnaît plus le droit légitime d'un enfant à puiser dans les richesses d'un père et d'une mère, d'un homme et d'une femme, alors que parfois même les parents biologiques sont volontairement cachés, le triste visage du monde s'ouvre devant nos yeux : les guerres, la haine et la mort ravagent tant de pays... L'homme s'est rendu orphelin.

 


Oserait-on reconnaître publiquement que le monde est la victime, aujourd'hui, du mépris institutionnalisé de la maternité, de l'enfant, de la famille, mépris promu depuis tant d'années, au titre de supposés droits de l'homme et de la femme?


Dieu a choisi ce qui est faible, l'homme ce qui est fort. Dieu s'est fait pauvre, l'homme aspire à la richesse. Dieu a porté le poids de la Croix, l'homme recherche le plaisir. Dieu s'est incarné, voilant ainsi la gloire de sa divinité pour sauver l'homme, l'homme travaille à sa propre gloire, à son propre bien-être, au mépris de sa famille et de ses frères en humanité.


Au contraire la femme, dans la maternité, l'enfant, parce qu'il est faible, la famille, creuset premier de l'amour, sont du côté de Dieu.

 

Le rôle des Etats, des institutions, même laïques, le devoir des hommes de bonne volonté, ne seraient-ils pas de préserver le sein maternel, en secourant les femmes en état de détresse, de protéger l'enfant des pollutions du cœur et de l'esprit, de favoriser l'unité des familles ? Recevant le prix Nobel de la paix, le 10 décembre 1979, Mère Térésa affirmait : « Je ressens quelque chose que je voudrais partager avec vous. Le plus grand destructeur de la paix, aujourd'hui, est le crime commis contre l'innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu'est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ? »


La femme de l'Apocalypse, enveloppée du soleil, ayant la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles, cette femme est enceinte. Sa gloire, c'est sa maternité. La visitation de Marie à Elisabeth se conclut par le cantique du Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante... Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom » (Lc 1,46-49). Toute maternité est un regard de Dieu sur l'homme, une grande chose.

 


Unis pour fêter le triomphe de Marie, voulons-nous être des enfants imitant leur Mère?

 

Nos vies sont-elles vraiment mariales, vécues à l'école de Marie ? Le monde a besoin d'un témoignage clair, né du sein des familles, qu'elles soient selon la chair ou selon l'esprit, afin de redécouvrir le prix de l'amour maternel. Le monde s'est rendu orphelin, il a besoin de reconnaître qu'il a une Mère, de savoir qu'il est aimé.

 


Marie est toujours notre Mère, soyons ses enfants. Dieu veut aussi faire pour nous de grandes choses.

 


Amen.

 

AVANT LA PROCESSION DU VŒU DE LOUIS XIII.


Allocution du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 15 août 2014)

 



Dans la fidélité au vœu du roi Louis XIII, nous voulons élever une dernière supplication vers celle qui est la Patronne de la France.

 


Le monde est à feu et à sang. Les guerres se déchaînent aux portes de l'Europe, en Afrique, en Terre sainte, en Irak. Trop souvent des calculs égoïstes sont les motifs inavoués du silence ou de la parole, de la passivité ou de l'action des pays, qu'ils soient partie prenante ou spectateurs dans les conflits. Les intérêts économiques et politiques des uns ou des autres déter- minent pratiquement l'aide ou l'abandon de tant de victimes de la folie humaine. Le démon semble le seul maître de situations qu'il rend inextricables.


Alors que les pays d'Europe se souviennent de la Grande Guerre, de ses nombreuses victimes, on peut se demander si les leçons de cette guerre ont été tirées.


Il y a huit cents ans naissait saint Louis, roi de France, dont nous allons fêter le rappel à Dieu, le 25 août prochain. En paraphrasant saint Thomas d'Aquin (1224-1274), le Pape François, après le serviteur de Dieu Paul VI, a réaffirmé (1) que la politique pouvait être considérée comme ''la plus haute forme de la charité''. « Mais quelle est la meilleure chose que nous pouvons offrir à nos gouvernants ? » s'est-il interrogé, avant d'inviter les fidèles à prier pour les responsables politiques, y compris lorsqu'ils sont mauvais. « Un chrétien qui ne prie pas pour les gouvernants n'est pas un bon chrétien » a-t-il conclu.

 


Demandons aujourd'hui à Dieu, par l'intercession de Notre-Dame et du saint Roi Louis, d'accorder au monde des gouvernants soucieux du bien de l'homme, du bien de leurs peuples, de la paix et de la justice.


Accordez, Seigneur, force et succès aux soldats, apôtres de la paix, qui, aux quatre coins de la planète, portent secours aux opprimés.


Soutenez les membres des instituts religieux et civils qui demeurent courageusement dans les territoires où retentit le bruit des armes.


Que notre prière se fasse fervente, à l'image du chapelet constitué d'une succession de grains et qui ne finit pas. Que notre prière ne soit pas celle d'un seul jour de fête, mais qu'elle occupe notre vie. Ainsi nos chapelets enlaceront le monde et le ramèneront à Dieu.

Notre-Dame de la Prière apprenez-nous à prier. ( 2 )

Amen.


1 – Homélie du 16 septembre 2013 à la maison sainte Marthe.

2 – Invocation de Marie à l'Île-Bouchard.

 

en anglais ...

 


Rédigé par dom Jean Pateau

Publié dans #spiritualité

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