Octobre: mois du Rosaire.

Publié le 28 Septembre 2013

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9a/Virgen_del_Rosario_Santo_Domingo_y_Santa_Catalina_de_Siena.jpg

 

http://dilmitadotorg.files.wordpress.com/2012/10/virgen-del-rosario.jpg

 

Parmi les formes habituelles de la dévotion mariale, comme le sont l'Angelus, l'office de la Sainte Vierge, le Rosaire, nous parlerons spécialement de ce dernier, en tant qu'il nous dispose et nous conduit à la contemplalion des grands mystères du salut.


C'est, après le sacrifice de la messe, une des plus belles prières et des plus efficaces, à condition de la bien enten­dre et d'en vivre véritablement.


Il arrive souvent que le chapelet, qui est un reste amoindri du Rosaire, devient une prière machinale, pen­dant laquelle l'esprit, n'étant pas assez occupé des choses divines, est la proie des distractions, prière parfois préci­pitée et sans âme, ou par laquelle on demande les biens temporels sans voir assez leur rapport avec les biens spi­rituels, la sanctification et le salut.


Alors, en entendant réciter ainsi d'une façon trop mé­canique et négligente le chapelet, on se demande : que reste-t-il en cette prière ainsi faite de l'enseignement con­tenu dans les grandes et nombreuses encycliques de Léon XIII sur le Rosaire, encycliques que rappelait Pie XI dans une de ses dernières lettres apostoliques avant de mourir.


On peut sans doute faire déjà une bonne prière, en pensant confusément à la bonté de Dieu et à la grâce de­mandée, mais pour rendre au chapelet son âme et sa vie, il faut se rappeler qu'il n'est qu'une des trois parties du Rosaire, et qu'il doit s'accompagner de la méditation, facile du reste, des mystères joyeux, douloureux et glo­rieux, qui nous rappellent toute la vie de Notre-Seigneur, celle de sa sainte Mère et leur élévation au ciel.

 

 

 

Les quinze mystères du Rosaire, ainsi divisés en trois groupes ne sont autre chose que les divers aspects des trois grands mystères du salut : celui de l'Incarnation, celui de la Rédemption et celui de la vie éternelle.


Le mystère de l'Incarnation nous est rappelé par les joies de l'Annonciation, de la Visitation, de la Nativité de Jésus, par sa présentation au temple et son recouvre­ment parmi les docteurs de la synagogue.


Le mystère de la Rédemption nous est rapporté par les divers moments de la Passion : l'agonie au jardin des Oliviers, la flagellation, le couronnement d'épines, le por­tement de la croix, le crucifiement.


Le mystère de la vie éternelle nous est redit par la ré­surrection, l'ascension, la pentecôte, l'assomption de Marie et son couronnement au ciel.


C'est tout le Credo qui passe sous nos yeux, non pas d'une façon abstraite, par des formules dogmatiques, mais d'une façon concrète par la vie du Christ, qui des­cend vers nous et remonte vers son Père pour nous con­duire à lui. C'est tout le dogme chrétien dans son éléva­tion et sa splendeur, pour que nous puissions ainsi tous les jours le pénétrer, le savourer et en nourrir notre âme.


Par là, le Rosaire est une école de contemplation, car il nous élève peu à peu au-dessus de la prière vocale et de la méditation raisonnée ou discursive. Les anciens théologiens ont comparé ce mouvement de contemplation au mouvement en spirale que décrivent certains oiseaux comme l'hirondelle pour s'élever très haut. Ce mouvement en spirale est aussi comme un chemin qui serpente pour faire sans fatigue l'ascension d'une monta­gne. Les mystères joyeux de l'enfance du Sauveur conduisent à sa Passion et sa Passion au ciel.

C'est donc une prière très élevée, si on l'entend bien, puisqu'elle remet tout le dogme sous nos yeux de façon accessible à tous.

 

 

Elle est aussi très pratique, parce qu'elle nous rappelle toute la morale et la spiritualité chrétienne vues d'en haut par l'imitation de Jésus rédempteur et de Marie médiatrice, qui sont nos grands modèles.


Ces mystères doivent en effet se reproduire en notre vie dans une certaine mesure voulue pour chacun de nous par la divine Providence. Chacun d'eux nous rappelle une vertu, surtout l'humilité, la confiance, la patience et la charité.

On peut dire même qu'il y a trois moments dans notre voyage vers Dieu : on entrevoit d'abord la fin dernière, d'où le désir du salut et la joie qui accompagne ce désir ; c'est ce que nous rappellent les mystères joyeux, la bonne nouvelle de l'Incarnation du Fils de Dieu qui nous ouvre la voie du salut.


On doit prendre ensuite les moyens souvent doulou­reux pour la délivrance du péché et la conquête du ciel. C'est ce que nous redisent les mystères douloureux.


On se repose enfin dans la fin dernière conquise, dans l'éternelle vie, dont celle-ci doit être le prélude. C'est ce que nous font prévoir les mystères glorieux.


Le Rosaire est ainsi très pratique, car il vient nous prendre au milieu de nos joies trop humaines, parfois dangereuses, pour nous faire penser à celles beaucoup plus hautes de la venue du Sauveur. Il vient nous pren­dre aussi au milieu de nos souffrances souvent déraison­nables, parfois accablantes, presque toujours mal sup­portées, pour nous rappeler que Jésus a souffert beaucoup plus que nous par amour pour nous, et pour apprendre à le suivre, en portant la croix que la Providence a choisie pour nous purifier.

 

Le Rosaire vient enfin nous prendre au milieu de nos espoirs trop terrestres, pour nous faire penser au véritable objet de l'espérance chrétienne, à la vie éternelle et aux grâces nécessaires pour y parvenir par l'accomplissement des grands préceptes de l'amour de Dieu et du prochain.


Le Rosaire bien compris est ainsi non pas seulement une prière de demande, mais une prière d'adoration à la pensée du mystère de l'Incarnation, une prière de répara­tion, en souvenir de la Passion du Sauveur, une prière d'action de grâces, en pensant aux mystères glorieux qui continuent de se reproduire incessamment par l'entrée au ciel des élus.

 

 

 

 

D'une façon plus simple encore et plus élevée, il con­vient de réciter le Rosaire en regardant par les yeux de la foi Jésus toujours vivant, qui ne cesse d'intercéder pour nous, et qui influe toujours sur nous, soit sous la forme de sa vie d'enfance, ou de sa vie douloureuse ou de sa vie glorieuse. Il vient actuellement à nous pour nous assimi­ler à lui.

 

Arrêtons le regard de notre esprit sur celui de Notre-Seigneur qui se fixe sur nous. Son regard est non seulement plein d'intelligence et de bonté, mais c'est le regard même de Dieu, qui purifie, qui pacifie, qui sancti­fie. C'est le regard de notre juge, mais plus encore de notre Sauveur, de notre meilleur ami, du véritable époux de notre âme. Le Rosaire ainsi récité dans la solitude et le silence se transforme en un entretien des plus fruc­tueux avec Jésus, toujours vivant pour nous vivifier et nous attirer à lui. C'est aussi une conversation avec Marie qui nous conduit à l'intimité de son Fils.


On voit assez souvent dans la vie des saints que Jésus­ vient à eux d'abord pour reproduire en eux sa vie d'en­fance, puis sa vie cachée, ensuite sa vie apostolique, et enfin sa vie douloureuse avant de les faire participer à sa vie glorieuse. Par le Rosaire, il vient à nous d'une façon semblable, de sorte que cette prière bien faite se trans­forme peu à peu en une conversation intime avec Jésus et Marie.

 

 

Pour mieux voir ce que doit être le Rosaire, il faut se rappeler comment saint Dominique l'a conçu sous l'inspiration de la Sainte Vierge, à un moment où le midi de la France était ravagé par l'hérésie des Albigeois, imbus des erreurs manichéennes, qui niaient la bonté infinie et la toute-puissance de Dieu, par l'affirmation d'un principe du mal souvent victorieux.


Ce n'était pas seulement la morale chrétienne qui était attaquée; mais le dogme, les grands mystères de la création, de l'Incarnation rédemptrice, de la descente du Saint-Esprit, de la vie éternelle à laquelle nous sommes tous appelés.


C'est alors que la Sainte Vierge fit connaître à saint Dominique un mode de prédication inconnu jusqu'alors, qu'elle lui affirma être pour l'avenir une des armes les plus puissantes contre l'erreur et l'adversité. Arme très humble, qui fait sourire l'incrédule; car il ne comprend pas les mystères de Dieu.


Sous l'inspiration qu'il avait reçue, saint Dominique s'en allait par les villages hérétiques, rassemblait le peu­ple, et il prêchait sur les mystères du salut, sur ceux de l'Incarnation, de la Rédemption, de la vie éternelle. Comme le lui avait inspiré Marie, il distinguait les divers mystères joyeux, douloureux et glorieux. Il prêchait quel­ques instants sur chacun de ces quinze mystères, et après la prédication de chacun, il faisait réciter une dizaine d'Ave Maria, un peu comme on prêche aujourd'hui l'heure sainte en plusieurs parties intercalées de prières ou de chants religieux.

 

 

Alors ce que la parole du prédicateur ne parvenait pas à faire admettre, la douce prière de l'Ave Maria l'insi­nuait au fond des cœurs. Ce genre de prédication fut des plus fructueux.

En France cette forme de prière fut prêchée avec un grand zèle par le Bx Alain de la Roche en Bretagne et ensuite par le Bx Grignion de Montfort surtout en Vendée et en Poitou.


Si nous vivons de cette prière, nos joies, nos tristesses et nos espoirs seront purifiés, élevés, surnaturalisés; nous verrons de mieux en mieux, en contemplant ces mystères, que Jésus, notre Sauveur et notre modèle, veut nous assi­miler à lui, nous communiquer d'abord quelque chose de sa vie d'enfance et de sa vie cachée, puis quelque ressem­blance avec sa vie douloureuse, pour nous faire participer ensuite à sa vie glorieuse pour l'éternité.

 

 

RP gARRIGOU LAGRANGE

 

 


 

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article