st Michel patron des paras.

Publié le 28 Septembre 2012

 

 

 

 

 

 

 

Un patron de lieu, de société, d’Armée, qu’est-ce que c’est ?


C’est un Saint choisi par les anciens, ces anciens qui créent les traditions, c’est un Saint qui convient plus spécialement à la communauté en question, c’est un Saint qui protège, aide, stimule l’activité propre à cette arme.


Comment Saint Michel est-il devenu Patron des paras ?


J’en fus témoin et même agent principal.

Dès 1942, 43, 44, je donnais en effet des médailles de Saint Michel pour reconnaître des agents venant sur l’Ouest de la France nous aider à organiser la Résistance.

Les bateaux et les avions ont souvent salué sa flèche au Mont Saint-Michel.

Comme disait l’un de nous :

« Tiens, celui qui a ordonné à Jeanne d’Arc de bouter l’ennemi hors de France saura bien nous aider ».

Et justement, c’est de part et d’autre de l’archange en sentinelle au-dessus de notre patrie, que furent largués des milliers de paras en Normandie et en Bretagne pour déclencher la grande bataille de France.

C’était la mettre sous ses auspices.


C’est en Bretagne, à Saint Marcel près de Vaudray, le 6 juin, que je retrouvais quelques-uns de mes porteurs de médaille : Michel Legrand, mort capitaine à Saigon, qui aimait tant sauter, le 29 septembre sur la grève près du Mont ou sur les thuyas de « Vaspar », Mariene fusillé par les Allemands, après des tortures, à Plumelec, capitaine nouvellement promu. James, Bobby et combien d’autres ?


En 1945, revenu de Bastogne et de Arnhem, les vieux S.A.S. étaient regroupés avec de Bollardière et partaient en Extrême-Orient.

Ce faisant, les unités de tout genre et des FFI s’engageaient pour alimenter le terrain de Lognien, organisé par Conan, de 1944 à 1945.

 

Parmi ces hommes, on avait beaucoup parlé de Saint Michel, Patron des Paras.

 


Des centaines de médailles avaient été distribuées et même en février 45 le nom de l’Archange fut écrit, fut couché sur le procès-verbal de la constitution du Corps franc de l’Air « Valar de la Vaisière », et en mars, à Carnac, front de Lorient, devant une foule nombreuse, Monseigneur de Bellec bénit solennellement des milliers de toujours la même médaille ronde.


Et voici le 8 mai.


Au jour de la fête de Saint-Michel, la victoire est acquise, onze mois après les premiers largages de part et d’autre de sa flèche qui protégeait l’arrivée.

Plus que jamais donc, il semblait le Patron, d’office.


C’est en 46 que feu Fossey-François vit avec enthousiasme son bataillon consacré à Saint

Michel en la cathédrale de Beaume, à la Croisée des Chemins entre l’Occident et l’Orient. Ce fut magnifique...

Magnifique avec 18 concours des autorités et de la foule, comme à Condres.

Le nombre des paras, métros et colos, grossit alors très vite en Extrême-Orient.

Les SAS deviennent la DBCCP, le 1er octobre 1947 et les métros DBMP.

 

À ces armes nouvelles, il faillait ce Patron qui avait présidé la bataille que leurs aînés avaient menée si hardiment.


Cela s’imposait de soi puisqu’en 43, 44, 45 on l’invoqua ainsi.


Bermusson -et Casta marchèrent à fond et nous cherchâmes une médaille avec les projets de tous.

Souvent avec le Lieutenant Secrétin, de Nantes, on en avait discuté ensemble.

Le 1er décembre il me l’avait encore montrée et le soir même il était tué près de moi.

Quand je fis sa toilette funèbre, je retrouvai sur un petit bristol ce que nous avions crayonné : le prototype de ce qui est notre médaille officielle des paras, presque rectangulaire, avec Saint Michel combattant Satan, sur un fond de plusieurs pépins qui descendent autour

du Mont que l’on voit dans le lointain.


Le Père Casta reprit ce prototype et confia à un Adjudant du Choc de le « sculpter » dans le plâtre.

Le tout fut expédié à Paris chez Drago.

A mon premier retour en France, en juillet 48 je trouvais les premiers exemplaires, j’en rapportai en Extrême- Orient des milliers.

Il y en avait en or, en argent, en alliage, pour que tous puissent en avoir et en faire cadeau. La médaille était lancée.

Dès lors, c’est aux quatre coins du monde que la Saint Michel se fête à partir même de la messe aux Invalides, avec les anciens des amicales.


Il est bon encore de noter dans cette histoire l’édition du beau petit livre « Saint Michel, Patron des Parachutiste » que l’on doit au Père Casta.

Deux évêques lui ont fait l’honneur d’une préface et Claudel, lui a mis en exergue :

« Salut, guerrier plein de paix et confident de ce Père, puisqu’il n’y a pas moyen de se comprendre autrement qu’à coups de tonnerre ».

On doit aussi au même aumônier l’image de Saint Michel, réplique de la médaille.

Nous avons distribué par milliers tout cela et puis se fait jour tout ce que notre tradition nous a apporté comme cette fameuse prière de Zundel si bien dans la ligne du grand archange, le baroudeur, le bagarreur, celui qui dirige nos combats, nos combats intérieurs et extérieurs, les luttes de notre vie d’homme.

 

Voilà comment a grandi ce patronage de Saint Michel chez nos Paras.

 


Ce qui est certain, c’est qu’il nous fallait un Saint, qui soit adapté à notre genre de vie très spéciale, et dont le culte peut être mis en rapport avec la mission guerrière et aérienne particulière aux parachutistes et qui fut aussi de tradition bien française.

Ce qui n’empêche en rien les Belges, les Espagnols, les Portugais, les Italiens d’avoir choisi eux-mêmes, Saint Michel, Patron des Parachutistes.


Il nous convient donc bien ce Patron.


Oui, nous en avons des fondements sérieux dans l’Écriture Sainte, dans la liturgie, dans notre histoire.

Il résulte bien qu’il serait difficile de trouver un Patron se rapprochant davantage de notre esprit para.


Instinctivement attiré par la lumineuse figure de l’Archange Chevalier, casqué, cuirassé, étincelant du Mont Saint- Michel où 100 paras ont reconnu en lui le guerrier intraitable, le défenseur puissant, le serviteur fidèle, toujours disponible.


Cet élément pur vers lequel tout être veut tendre malgré ses bassesses et ses misères, cette puissance qui se doit de régler les débordements de la force, en quelque sorte de sanctifier le combat, celui qui ayant défendu la seule cause du Très Haut : « Michel qui est comme Dieu » initiera bien le para le mieux qu’il soit à la découverte du sens de Dieu, dans la vie, dans les événements et dans l’Histoire.

 

Ils ont senti en lui le meilleur interprète puisqu’il se tient devant la face de Dieu, capable de présenter au Seigneur leurs sentiments et leurs aspirations.


Ces aspirations les plus profondes de leur vie formulées dans leur admirable prière et

tellement vraies de leur Grand Ancien mort en Libye en août 1942.

 

Les anges avec saint Michel à leur tête sont de purs esprits ce qui pourrait faire tiquer parfois nos vieux paras chevronnés.


Leur mission est la gloire de Dieu à ces anges et aider l’homme pour réaliser cette même gloire, dans la terre des hommes.


La matière n’enlève rien à cette gloire, au contraire, mais il faut la diriger, la discipliner pour bien la mettre dans sa fonction de créature de Dieu, Maître unique de la vie et de la mort.

Il leur faudra donc nous aider à nous désencombrer comme des accessoires, des matérialités et d’en faire de bons serviteurs.


Qu’ils nous apprennent à être des hommes libres, libres des passions, des servitudes, libres de ce voile que le corps met entre nous et le monde de Dieu, le monde des Esprits.


L’Archange nous aidera donc dans cette lutte première et perpétuelle, vieille comme le monde, lutte contre la matière, le matérialisme, lutte contre cette tendance originelle à aller plutôt vers le mal que vers le bien, vers ce qui se boit et se mange, lutte contre l’égoïsme, l’égoïsme bestial ou l’égoïsme plus raffiné de l’idée.

Le monde intellectuel de l’idée sans le maître de la pensée et le verbe.


Oui, Saint Michel, apprenez-nous à être de bons soldats qui ne connaissent que leur Patron, leur Chef.

Ainsi notre obéissance amoureuse fera dire que nous ne connaissons que lui, Dieu, le Chef à travers tous les autres, intermédiaires entre lui et nous.

Chez les paras, il faut obéir, strictement, c’est capital.

Quand on saute, il faut obéir à la sonnette, au largueur, à la voilure au vent.

Partout ce sera la même discipline et puis au jour de la mort elle même, apprendre à sauter à pieds joints dans le monde de Dieu.


En nous habituant à la mentalité de ce monde des esprits, à nous dépouiller, à nous dépasser dans un amour vrai des autres, à égalité avec soi-même.


Oh ! Je sais bien que, jetant un coup d’oeil sur toute mon existence au milieu de ces hommes, sur tous ces bataillons et ces régiments, je me rends compte que les paras sont plutôt terre-à-terre, matérialisés pour le moins.


Mais que de belles âmes, que d’élites on y trouve à tous les échelons et les efforts pour se spiritualiser sont plus réels qu’on ne pense.


Chacun, chaque jour, comme il le sait, comme il l’entend, comme il le peut, avec ses élans et ses retombées, se spiritualise parfois acculé par celui qui se charge, souvent, de le forcer, Dieu, le maître des Anges et des hommes.

 

Alors ça grince un peu, puis le paquet et Dieu premier servi.

 

Père JEGO.

 

 


Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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