Petit Jacques (suite et fin )

Publié le 7 Décembre 2016

 

 

   Quand petit-Jacques se réveilla, il regarda autour de lui et fut très étonné. Le ravin, la neige, la forêt , la montagne , le ciel gris, le vent glacial, son fagot, tout avait disparu. Il crut qu'il rêvait et se frotta les yeux .

    L'air était tiède, imprégné d'un parfum exquis; il entendait une harmonie  qui ravissait son coeur . Jacques se leva . Au milieu de la roulière déchirée qu'il avait placée sur les épaules du crucifix, il était revêtu d'un manteau bleu comme le ciel, sans couture, comme la robe du Christ jouée aux dés sur le Calvaire; et sur son manteau flottaient quelques fils échappés à la quenouille de la Vierge.

Ses pauvres petites mains, gonflées par les engelures, crevassées par le froid, étaient devenues si blanches qu'elles ressemblaient au bout de l'aile des cygnes. Jacques était émerveillé, mais il n'avait point peur :" Où suis-je donc? " demanda-t-il.

   Et une voix plus harmonieuse et plus douce que le souffle des brises répondit: " Dans la maison de mon Père; dans la maison où viennent les justes, les bons coeurs et les âmes de bonne volonté."

 

   Et Jacques vit se dresser devant lui le grand Crucifix du carrefour des fées, la roulière trouée sur ses épaules . Le Christ lui dit  :" Cher enfant, tu as eu pitié de ton Dieu qui souffrait, tu t'es dépouillé de ton manteau pour lui; tu l'as fait dans la simplicité de ton coeur, parce que tu es bon; c'est pourquoi je t'ai donné mon manteau en échange du tien, car de toutes les vertus la première et la plus rare, c'est la charité. Pour toujours, désormais, tu es l'hôte et l'ami de ton Dieu.".

   Jacques fit un pas vers l'éblouissante vision en tendant ses bras suppliants: " Que veux-tu?" dit la voix .

   L'enfant murmura :" Maman" .

      Et le Christ se rappela sa mère défaillante et suffoquée de larmes, au pied de la croix : " Jacques, dit-il, ta prière est exaucée. que l'on envoie les anges !"

    On entendait un bruissement d'ailes blanches, et un sourire de joie illumina la face du Christ.

   Du fond de l'horizon, on aperçut Marguerite qui s'avançait  au milieu d'un cortège d'anges . Elle n'était plus ni pâle ni amaigrie, mais rayonnante et joyeuse .

  Les anges la déposèrent devant le Christ, et quand elle redressa la tête, elle vit deux ombres, deux âmes agenouillées, à ses côtés: l'une était Petit Jacques, l'autre était Grand Pierre. Tous trois se confondirent dans le même baiser et dans le même élan de gratitude. Dieu les avait pour toujours réunis dans son ciel .

 

fin.

 

 

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

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