25 Mars : l'Annonciation

Publié le 25 Mars 2014

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" Ave, gratia plena" ( Luc, I, 28)

 

Dès l'instant de sa conception immaculée, Marie reçut la grâce en une telle plénitude initiale, qu'elle dépassait celle de tous les saints et de tous les anges réunis, comme un diamant vaut plus à lui seul que quantité d'autres pierres précieuses, et comme un fondateur d'Ordre est supérieur à ses fils par l'inspiration spéciale qu'il a reçue.

 

Cette plénitude de foi, d'espérance, de charité, qui n'a cessé de grandir en Marie par ses mérites, lui a été donnée à raison de sa mission unique au monde de Mère de Dieu, à raison de sa maternité divine, qui surpasse l'ordre de la grâce et attient d'une certaine manière l'ordre hypostatique, constitué par l'union personnelle de l'humanité de Jésus au Verbe de Dieu.

 

C'est ce mystère de l'Incarnation qui est ici annoncé à Marie.

 

Sous la lumière de Dieu, elle dit son Fiat avec une grande foi, une grande paix et aussi avec un grand courage, car elle pressent pour son Fils les souffrances annoncées par les prophètes; et les souffrances de son Fils seront les siennes.

 

Après ce Fiat, à l'instant où se réalise le mystère de l'Incarnation, la venue du Verbe augmente considérablement en Marie la plénitude initiale de charité; de ce fait la Vierge participe plus que personne y participera jamais aux effets que produit en la sainte âme du Christ la plénitude supérieure encore, qu'elle reçoit en ce même instant de l'Incarnation.

 

Le Verbe s'incarne pour nous sauver, en mourant pour nous sur la croix; en sa sainte âme et en l'âme de Marie la plénitude de grâce produit dès lors deux effets en apparence contraires, mais intimement unis, la paix la plus profonde qui devra rayonner sur nous, et un désir de la Croix qui se révèlera de plus en plus jusqu'à l'heure du Consummatum est.

 

rp. Garrigou Lagrange.

 

    Par Gabriel, Dieu déclare son amour, un amour tout-puissant qui réalise ce qu'il veut. Mais avant d'agir, infiniment respectueux de sa bien-aimée, il attend sa réponse. On dirait qu'il mendie son amour de retour: abandon confiant, acquiescement plénier. Au coeur de l'Annonciation de Marie, il y a la foi, plus encore que l'annonce du miracle qui va s'accomplir. Une alliance de fidélité éternelle se noue et se fonde entre Dieu et Marie; alors peut germer le "fruit béni de son sein".

 

Contemplons celle qui se dit "servante du Seigneur" prononçant l'Ecce et le Fiat

 

Marie croit au message de l'ange et, par lui, à la parole de Dieu et de son Fils, Reine des confesseurs, la première, elle affirme sa foi au Christ; la première, elle mérite le nom de chrétienne. Et au moment où elle donne son coeur à son Seigneur - pensons à l'étymologie du mot latin: credere, c'est-à-dire cor-dare, donner son coeur - elle devient mère. Saint Augustin s'esprime ainsi:" Fide concepit, elle crut et en même temps elle conçut". N'est-ce pas le cri d'Elisabeth:" Beata quae credidisti - Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur." Lc I,45 .

Cette exclamation cache, comme ramassée en sa substance, toute la grandeur de Marie.

 

   Contemplons longuement, silencieusement, la main de Dieu opérant dans la "Toute Gracieuse". En prévision de la mort de son Fils, Dieu a préservé Marie de toute tache". Il a versé en son sein une mesure surabondante. Le vase est rempli à pleins bords. Cela n'enlève rien à la nécessité d'une action personnelle: Marie doit correspondre à l'inspiration divine. Elle se fait souple, disponible; elle ouvre largement les yeux et les oreilles de son coeur, s'effaçant derrière la parole; attentive, elle écoute: Ecce. Puis quand la volonté de son Seigneur se manifeste, forte en sa petitesse, soutenue par sa seule confiance en lui, elle dit: Fiat.

 

Le Fiat de Marie, c'est le saut dans l'abîme, le sacrifice de ses vues personnelles, l'abandon absolu de soi à Dieu avec tout ce que cela comporte d'imprévu et de déroutant.

 

La jeune fiancée renonce à ses projets de demain, à ses désirs, à son attente légitime. Elle se livre sans questions superflues ni regard sur soi. Remise totale entre les mains de Dieu, don d'une foi pure comme un cristal, simple, à la ressemblance du divin Amour.

 

" Nous vous en prions, Seigneur, répandez votre grâce en nos âmes; nous avons connu, par la voix de l'ange, l'Incarnation de Jésus-Christ votre Fils; conduisez-nous par sa Passion et par sa croix, à la gloire de sa Résurrection."

 

 

"

Marie a recueilli les dernières paroles de l'Ange ; la volonté du ciel est manifeste pour elle. Cette volonté lui est glorieuse et fortunée : elle l'assure que l'ineffable bonheur de se sentir Mère d'un Dieu lui est réservé, à elle humble tille de l'homme, et que la fleur de virginité lui sera conservée. En présence de cette volonté souveraine, Marie s'incline dans une parfaite obéissance, et dit au céleste envoyé: « Voici la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon votre parole ».

 

Ainsi, selon la remarque de notre grand saint Irenée, répétée par toute la tradition chrétienne, l'obéissance de la seconde femme répare la désobéissance de la première ; car la Vierge de Nazareth n'a pas plus tôt dit: Qu'il me soit fait, Fiat, que le Fils éternel de Dieu qui, selon le décret divin, attendait cette parole, se rend présent, par l'opération de l'Esprit-Saint, dans le chaste sein de Marie, et vient y commencer une vie humaine.

 

Une Vierge devient Mère, et la Mère d'un Dieu; et c'est l'acquiescement de cette Vierge à la souveraine volonté qui la rend féconde, par l'ineffable vertu de l'Esprit-Saint. Mystère sublime qui établit des relations de fils et de mère entre le Verbe éternel et une simple femme; qui fournit au Tout-Puissant un moyen digne de lui d'assurer son triomphe contre l'esprit infernal, dont l'audace et la perfidie semblaient avoir prévalu jusqu'alors contre le plan divin !

 

Jamais défaite ne fut plus humiliante et plus complète que celle de Satan, en ce jour le pied de la femme, de cette humble créature qui lui offrit une victoire si facile, ce pied vainqueur, il le sent maintenant peser de tout son poids sur sa tête orgueilleuse qui en est brisée. Eve se relève dans son heureuse fille pour écraser le serpent. Dieu n'a pas choisi l'homme pour cette vengeance : l'humiliation de Satan n'eût pas été assez profonde. C'est la première proie de l'enfer, sa victime la plus faible, la plus désarmée, que le Seigneur dirige contre cet ennemi. Pour prix d'un si haut triomphe, une femme dominera désormais non seulement sur les anges rebelles, mais sur toute la race humaine; bien plus, sur toutes les hiérarchies des Esprits célestes. Du haut de son trône sublime, Marie Mère de Dieu plane au-dessus de toute la création. Au fond des abîmes infernaux Satan rugira d'un désespoir éternel, en songeant au malheur qu'il eut de diriger ses premières attaques contre un être fragile et crédule que Dieu a si magnifiquement vengé; et dans les hauteurs du ciel, les Chérubins et les Séraphins lèveront timidement leurs regards éblouis vers Marie, ambitionneront son sourire, et se feront gloire d'exécuter les moindres désirs de cette femme, la Mère du grand Dieu et la sœur des hommes

 

dom Guéranger. 

 

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 L' A N N O N C I A T I O N

 

 

   Tout ce que les plus grands théologiens dans leurs traités, les penseurs chrétiens dans leurs spéculations les plus hautes, les saints eux-mêmes dans les intuitions de leur piété ont pu dire, penser, entrevoir de la grandeur de la Vierge, l'Ange l'a excellement exprimé dans les premiers mots de sa salutation que je viens de vous rappeler:" Je vous salue, Marie, pleine de grâce."

 

   Il n'en peut guère être autrement. Il est l'envoyé du Dieu Très-Haut, il parle en son nom, il transmet son message, il dit ce que Dieu dirait s'il intervenait en personne; ses mots doivient donc avoir une plénitude de sens et d'expression qui ne peut être dépassée.  Et voilà pourquoi, c'est encore en les méditant ces mots si simples, si souvent répétés, que nous pouvons nous faire l'idée la plus rapprochée de cette grandeur....

 

   L'Ange découvre et salue en Marie une double grandeur: sa grandeur devant Dieu et sa grandeur devant les hommes. Sa grandeur devant Dieu est sa grâce, ce qu'il y a de proprement divin en elle, cette vie supérieure, surnaturelle, la vie même de Dieu communiquée. Toute grandeur naturelle, en face de celle-là est comme rien; c'est comme la plus belle fleur épanouie en face d'un enfant, on ne les compare pas, c'est d'un autre ordre.

 

   Dans cette vie surnaturelle de grâce par laquelle Dieu se donne à nous, nous distinguons deux réalités: un don créé et un don incréé. En fait, ces deux réalités sont liées, ordonnées l'une à l'autre, fondues... Nous ne les distinguons que pour mieux les étudier.

 

   Le don créé nous fait participer à la vie de Dieu. Vous connaissez les deux définitions de Dieu données à saint Jean: " Dieu est Lumière" (I Jean I, 5) et, après, " Dieu est Amour" (Ibid, IV,16). La grâce est une effusion dans l'âme de cette Lumière et de cet Amour.

 

   De même que Dieu illumine éternellement son être pour le voir, pour en connaître la richesse sans bornes; de même que, dans cet être comme dans un sein, il engendre une clarté, une splendeur, un rayon qui le lui montre, ainsi, dans l'âme en grâce, Il produit comme un rayonnement divin, éclat de sa Lumière éternelle qui fait l'âme "fille de Lumière". Dans cette clarté, l'âme le connait d'une connaissance nouvelle, supérieure, que sa nature ne peut même pas soupçonner...

 

   Voilà ce que, de son regard entièrement pur et céleste, l'Ange découvre en Marie, voila ce qu'il salue:" Je vous salue, pleine de grâce." Il la voit complètement emplie, inondée de cette clarté, comme immergée dans cette splendeur, toute prise et emplortée par ce Souffle d'Amour. Là " Dieu est Lumière, et il n'y a pas de ténèbres en Lui". (I Jean 15). La parole est vraie de la Vierge: en elle le vase est borné, le miroir a ses limites, la différence est là, elle est infinie, mais c'est bien la même Lumière, et elle la reproduit sans un nuage, sans une ombre; c'est le même Amour qui anime sans contrariété ni résistance .

 

   Pourtant ce n'est pas tout, ce n'est que le don créé, la participation finie à la Lumière et à l'amour infini. Dieu ne se contente pas de verser dans l'âme en grâce une part de Lui, une communication du mouvement qui est sa vie; Il se donne Lui-même en personne:" Si quelqu'un m'aime, dit Jésus, mon Père l'aime, nous viendrons en Lui et nous ferons en Lui notre demeure." (Jean XVV,23) " Dieu est amour, dit saint Jean, qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui"  (I Jean IV, 16)


(n.b les modernistes traduisent "en " par "chez" ce qui est différent. Alors on va défendre la vie de l'enfant qui va naître, les "droits de l'enfant"  la vie naturelle-très beau -  mais la vie de la grâce, l'essence même de la vie chrétienne,  la vie surnaturelle, la vie de l'âme , ..   quid ? mystère !  " chez" ce sera Christ , limité à un certain espace, dont on fera mémoire, - - le moderno aime beaucoup faire mémoire; comme il a rien d'autre ça l'aide; - dont on se nourrira du pain de la route,  le christ protestant ; "en" la vie des contemplatifs, même ,  catholique, la vie trinitaire  doctrine totalement opposée!   )

 

C'est là, vous le savez, le thème essentiel du dernier discours de Jésus, du discours après la Cène et de la prière qui le termine. C'est là ce qu'Il veut que nous retenions de son passage parmi nous et de son enseignement: Dieu ne nous offre pas seulement quelque chose de Lui, il s'offre Lui-même. Il vient Lui-même; Il est présent Lui-même; les trois Personnes sont là et se donnent dans l'âme et se donnent à l'âme comme elles se donnent en Dieu: voilà ce que l'Ange voit et salue en Marie. Il ne voit pas seulement le rayonnement de Dieu, il voit Celui qui rayonne et empli cette âme de la Lumière de son Amour. Et c'est pourquoi il ajoute:" Le Seigneur est avec vous".


 

   En se donnant, Dieu donne de se donner. C'est une loi, on peut même dire que c'est la loi par excellence, la loi qui régit le monde créé comme le monde divin. Dieu rayonne dans la Vierge pour qu'elle-même rayonne Dieu dans le monde. Elle doit devenir réflecteur de la divine Lumière; le rayon divin doit prendre en elle l'éclat mesuré, proportionné à notre faiblesse. Et, comme elle est toute tournée vers Lui pour l'accueillir en plénitude, ainsi les âmes doivent se tourner vers elle pour Le voir en elle et le recevoir d'elle.

 

   Voilà ce que l'ange voit quand il la salue:" Pleine de grâce"; voilà ce qu'il loue en elle; voilà ce que nous devons voir et louer quand nous répétons si souvent chaque jour:" Je vous salue, Marie, pleine de grâce."

 

   Nous vivons de cette plénitude; le trésor sans prix de notre grâce, les lumières sur Dieu et le ciel qui éclairent nos esprits, qui soutiennent nos volontés, c'est par elle qu'ils nous arrivent; elle est notre mère, la mère de nos âmes.

 

dom Guillerand

 

 


 


 




Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

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