dans l'Octave de l'Assomption
Publié le 15 Août 2012
O Vierge, revêtue des rayons du soleil,
Au front couronné de douze étoiles,
La lune sert à vos pieds d'escabeau,
Vous êtes éclatante de gloire.
Triomphatrice de la mort, de l'enfer et du péché,
Vous prenez place près du Christ en vous penchant vers nous
Et c'est vous que proclament Reine puissante
Le ciel et la terre.
Mais le sinistre serpent persiste à menacer de maux
La lignée qui vous fut autrefois confiée;
Mère dans votre clémence, descendez jusqu'à nous
Et du malin écrasez la tête.
Protégez les fidèles
Ramenez les déserteurs au bercail sacré;
Et rassemblez de partout les nations
Longtemps environnées des ombres de la mort.
Indulgente aux coupables,
obtenez leur pardon;
Secourez l'affligé, l'indigent, le malade,
Espoir certain de salut pour nous tous,
Eclairez les aspérités de la vie.
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ASSOMPTION
Homélie prononcée
par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 15 août 2012)
Signum magnum apparuit in caelo.
“Un grand signe apparut dans le ciel.”
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
Quel est donc ce grand signe qui remplit le ciel ? « Une femme enveloppée du soleil, et la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles» (Ap 12,1).
L’Église a vu dans la femme de l’Apocalypse la Sainte Vierge Marie. Elle est environnée de lumière, comblée de grâces et de gloire par Dieu. Le soleil, la lune, les étoiles et toute la création ne se ménagent pas pour honorer leur Reine. En la fête de l’Assomption, l’Église fête son triomphe. Au terme de son existence terrestre, Marie a été enlevée dans la gloire du ciel où elle a été couronnée Reine de l’univers. À la différence du Christ qui est monté au ciel, Marie a été enlevée, élevée au ciel, corps et âme. Cette faveur accordée par Dieu à celle qui avait abrité en son sein la seconde per- sonne de la Trinité ne doit pas nous tromper. Si Dieu a véritablement comblé de grâces la fille d’Anne et de Joachim, la prévenance divine a su également respecter la liberté de la Vierge de Nazareth.
Entre l’instant de sa conception immaculée et celui de son triomphe s’est écoulée la vie terrestre de Marie. L’Évangile rapporte peu d’événements, mais il enseigne ce qu’il est nécessaire de savoir. Tout en demeurant proche, la plus proche, de Dieu, Marie est restée également très proche des hommes. Elle est créature, née d’un homme et d’une femme.
Sa grandeur se résume en un mot : OUI.
Sa vie n’est qu’acceptation libre du plan divin. Marie s’est appliquée à rechercher la volonté de Dieu et à l’accomplir. Aussi le Seigneur a-t-il fait de grandes choses pour Elle, avec Elle, grâce à Elle.
Cette beauté, cette paix du cœur, cette union à Dieu, que Marie goûtait dès son pèlerinage sur la terre, n’ont pas aveuglé néanmoins la Mère de Dieu. Marie sait que sa vie et son mystère sont profondément liés aux membres de sa race, à ceux qui depuis le début des temps et jusqu’à la fin du monde ont peiné et peineront sur les chemins souvent tortueux de la terre.
En face du OUI se trouve la triste réalité du NON.
Les hommes, les sociétés mêmes, en ont tous fait l’expérience. Celle- ci se cristallise pour l’homme dans le refus de sa condition de créature et pour les sociétés dans le refus de la loi naturelle. L’ivresse d’une illusoire autonomie s’empare alors de l’homme et des sociétés, ouvrant la porte sur la spirale vertigineuse du mal, du mensonge, des guerres, de la souffrance, pain quotidien de notre humanité.
En ce jour, l’Église n’en fait pas trop pour Marie. Elle ne saurait excéder là où semble-t-il, Dieu lui-même a excédé. Marie est à la fois mère et fille de l'Église. Fille de l'Église, parce que, comme créature, elle est sauvée par Jésus. Mère de l'Église, en ce sens qu'elle est modèle de l'Église par sa collaboration à l'œuvre de salut, modèle du cheminement dans la foi. Une mère qui veut mener tous ses enfants à son Fils.
Mère de Dieu, Mère des hommes, Mère de l’Église, Marie est également Mère de notre pays dans la mesure où celui-ci lui a été consacré. En effet, le 10 février 1637, le roi Louis XIII plaça son royaume sous la protection de la très sainte Vierge Marie, afin disait- il, qu’il « soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis ; qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés.»
Le patronage de Notre Dame est aujourd’hui spécialement nécessaire à la France, menacée par des lois ou des projets de lois qui, au mépris de la nature humaine portent une grave atteinte à la famille et à la vie considérée de son début à sa fin naturelle.
Il s’agit d’obtenir le respect du plan de Dieu annoncé dès la création du monde : « Homme et femme, il les créa » (Gn 1,27). Sur quels principes pourrait se fonder une société pour s’arroger le droit de modifier les concepts de mariage, de famille et finalement d’amour ?
La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 affirme : « L’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits ».
Faudrait-il rappeler aux hommes et aux femmes de notre temps qu’ils ont été conçus à partir d’une cellule masculine et d’une cellule féminine ? que c’est, pour la plupart, grâce à la présence diverse, complémentaire et gratuite d’un papa et d’une maman que s’est construite leur personnalité ? Faut-il ignorer le drame de tant d’enfants déséquilibrés suite à des situations familiales difficiles ?
Beaucoup se taisent. Beaucoup se désintéressent. L’enfant devient, toujours plus, un jouet que les adultes suppriment ou se disputent selon les besoins du moment. Paradoxe d’une société qui, à la fois, autorise l’avortement et qui remet l’enfant à des couples, désireux certes d’en posséder un, mais incapables, compte tenu de leur constitution, de lui offrir un lieu favorable à un développement harmonieux.
Au fond, y-a-t-il vraiment paradoxe ?
L’enfant a toujours été celui qu’il est facile de sacrifier sur l’autel du dieu du monde qui se nomme plaisir. Les enfants sont silencieux. Certains même ne pourront jamais parler. Mais d’autres, marqués par l’environnement dans lequel ils auront grandi, pourront un jour élever la voix. Au nom de tous, et comme il a déjà été fait, ils pourront construire un mémorial de leur holocauste. A leur tour, ils viendront en accusateurs faire valoir leurs droits devant les hommes et les sociétés qui les ont abandonnés.
La guerre recouvre notre terre. Mais la plus injuste de toutes est celle qui se déroule dans le sein maternel, dans le sein familial.
Ce soir, au cours de la procession solennelle, à laquelle vous êtes tous invités, nous prierons pour notre pays en récitant la prière proposée par son Éminence le Cardinal André Vingt-Trois.
O Marie, Reine de la famille et Mère de tous les hommes, nous vous confions la grande famille humaine et en particulier les enfants. Que les hommes et les femmes de notre temps préfèrent au bonheur éphémère d’un plaisir stérile, la joie de pouvoir en vérité vivre le grand don de l’amour dans le petit Nazareth qu’est chaque famille humaine.
Amen.
Au soir de cette fête glorieuse en l’honneur de Notre Dame, dans la fidélité au vœu du roi Louis XIII, nous allons élever une dernière supplication vers celle qui est la Patronne de la France.
Nous savons combien notre pays a besoin de l’aide maternelle et toute- puissante de Marie pour revenir à Dieu et à la vérité.
Unis à tous les chrétiens de France, nous commençons par réciter la prière proposée par son Éminence le Cardinal André Vingt-Trois et adressée à Dieu par l’intercession de Marie.
Frères et Sœurs,
En ce jour où nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie, sous le patronage de qui a été placée la France, présentons à Dieu, par l’in- tercession de Notre Dame, nos prières confiantes pour notre pays :
1. En ces temps de crise économique, beaucoup de nos concitoyens sont victimes de restrictions diverses et voient l’avenir avec inquiétude ; prions pour celles et ceux qui ont des pouvoirs de décision dans ce do- maine et demandons à Dieu qu’il nous rende plus généreux encore dans la solidarité avec nos semblables.
2. Pour celles et ceux qui ont été récemment élus pour légiférer et gouverner ; que leur sens du bien commun de la société l’emporte sur les requêtes particulières et qu’ils aient la force de suivre les indications de leur conscience
3. Pour les familles ; que leur attente légitime d’un soutien de la société ne soit pas déçue; que leurs membres se soutiennent avec fidé- lité et tendresse tout au long de leur existence, particulièrement dans les moments douloureux. Que l’engagement des époux l’un envers l’autre et envers leurs enfants soit un signe de la fidélité de l’amour.
4. Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bé- néficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère.
Seigneur notre Dieu, nous te confions l’avenir de notre pays. Par l’intercession de Notre Dame, accorde-nous le courage de faire les choix nécessaires à une meilleure qualité de vie pour tous et à l’épa- nouissement de notre jeunesse grâce à des familles fortes et fidèles. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.