Publié le 17 Avril 2014

http://reproarte.com/images/stories/virtuemart/product/carracci_annibale/0284-0139_ecce_homo.jpg

 

http://www.piacenzamusei.it/upload/gallery/scheda_chi_siamo/imgBig/1317044933.jpg

 

 

 

"Il était méprisé, le dernier des hommes, un homme de douleurs et familier de la souffrance; son visage était comme voilé et méprisé, aussi nous ne l'avons pas considéré. Il a véritablement porté nos maladies et il s'est chargé de nos douleurs. Nous le regardions comme un lépreux, comme un homme frappé par Dieu et humilié. Mais lui a été blessé à cause de nos iniquités, il a été broyé à cause de nos péchés. Le châtiment qui donne la paix a été sur lui et c'est par ses meurtrissures que nous avons été guéris. Nous étions tous comme errants comme des brebis; chacun de nous suivait sa propre voie. Le Seigneur a fait retomber sur lui toutes nos iniquités. Il a été sacrifié parce qu'il l'a voulu; il n'a pas ouvert la bouche; comme un agneau devant celui qui le tond, il restera silencieux et n'ouvrira pas la bouche.

 

"Jetez  un regard, nous vous en prions Seigneur, sur votre famille pour laquelle Notre - Seigneur Jésus-Christ n'a pas hésité à se livrer aux mains des pécheurs et à souffrir le tourment de la croix. "

 

Préparons-nous donc à ces fortes impressions trop souvent méconnues par la piété superficielle de notre temps, Rappelons-nous l’amour et la bénignité du Fils de Dieu venant se confier aux hommes, vivant de leur vie, poursuivant sans bruit sa pacifique carrière, « passant sur cette terre en faisant le bien  », et voyons maintenant cette vie toute de tendresse, de condescendance et d’humilité, aboutira un supplice infâme sur le gibet des esclaves.

 

Considérons d’un côté le peuple pervers des pécheurs qui, faute de crimes, impute au Rédempteur ses bienfaits, qui consomme la plus noire ingratitude par l’effusion d’un sang aussi innocent qu’il est divin ; de l’autre, contemplons le Juste par excellence en proie à toutes les amertumes, son âme « triste jusqu’à la mort  », le poids de malédiction qui pèse sur lui, ce calice qu’il doit boire jusqu’à la lie, malgré son humble réclamation ; le Ciel inflexible à ses prières comme à ses douleurs ; enfin, entendons son cri : « Mon Dieu, mon Dieu , pourquoi m’avez-vous abandonné  ? »

C’est là ce qui émeut d’abord la sainte Église ; c’est là ce qu’elle propose à notre attention ; car elle sait que si cette horrible scène est comprise de nous, les liens que nous avons avec le péché se rompront d’eux-mêmes, et qu’il nous sera impossible de demeurer plus longtemps complices de tels forfaits.

 

Mais l’Église sait aussi combien le cœur de l’homme est dur, combien il a besoin de craindre, pour se déterminer enfin à s’amender : voilà pourquoi elle ne nous fait grâce d’aucune des imprécations que les Prophètes placent dans la bouche du Messie contre ses ennemis.

 

Ces effrayants anathèmes sont autant de prophéties qui se sont accomplies à la lettre sur les Juifs endurcis. Ils sont destinés à nous apprendre ce que le chrétien lui-même pourrait avoir à craindre, s’il persistait, selon l’énergique expression de saint Paul, à « crucifier de nouveau Jésus-Christ  ». On se rappelle alors, et avec terreur, ces paroles du même Apôtre, dans l’Epître aux Hébreux : « Quel supplice ne méritera pas, dit-il, celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour vil le sang de l’alliance par lequel il fut sanctifié, et qui aura fait outrage à l’Esprit de grâce ? Car nous savons qui a dit : A moi la vengeance, et je saurai la faire. Et ailleurs: Le Seigneur jugera son peuple. Ce sera donc une chose horrible de tomber entre les mains du Dieu vivant  . »

 

En effet, rien de plus affreux ; car, en ces jours où nous sommes, « il n’a pas épargné son propre Fils  », nous donnant par cette incompréhensible rigueur la mesure de ce que nous devrions attendre de lui, s’il trouvait encore en nous le péché qui l’a contraint d’en user si impitoyablement envers ce Fils bien-aimé, « objet de toutes ses complaisances  ». Ces considérations sur la justice envers la plus innocente et la plus auguste de toutes les victimes, et sur le châtiment des Juifs impénitents, achèveront de détruire en nous l’affection au péché, en développant cette crainte salutaire sur laquelle une espérance ferme et un amour sincère viendront s’appuyer comme sur une base inébranlable.

 

En effet, si, par nos péchés, nous sommes les auteurs de la mort du Fils de Dieu, il est vrai aussi de dire que le sang qui coule de ses plaies sacrées a la vertu de nous laver de ce crime. La justice du Père céleste ne s’apaise que par l’effusion de ce sang divin; et la miséricorde de ce même Père céleste veut qu’il soit employé à notre rachat. Le fer des bourreaux a fait cinq ouvertures au corps du Rédempteur; et de là cinq sources de salut coulent désormais sur l’humanité pour la purifier et rétablir en chacun de nous l’image de Dieu que le péché avait effacée. Approchons donc avec confiance, et glorifions ce sang libérateur qui ouvre au pécheur les portes du ciel, et dont la valeur infinie suffirait à racheter des millions de mondes plus coupables que le nôtre. Nous touchons à l’anniversaire du jour où il a été versé ; bien des siècles déjà se sont écoulés depuis le moment où il arrosa les membres déchirés de notre Sauveur, où , descendant en ruisseaux le long de la croix, il baignait cette terre ingrate ; mais sa puissance est toujours la même.

 

Venons donc « puiser aux fontaines du Sauveur  »; nos âmes en sortiront pleines de vie, toutes pures, tout éclatantes d’une beauté céleste; il ne restera plus en elles la moindre trace de leurs anciennes souillures ; et le Père nous aimera de l’amour même dont il aime son Fils.

 

N’est-ce pas pour nous recouvrer, nous qui étions perdus, qu’il a livre à la mort ce Fils de sa tendresse ? Nous étions devenus la propriété de Satan par nos pochés; les droits de l’enfer sur nous étaient certains; et voilà que tout à coup nous lui sommes arrachés et nous rentrons dans nos droits primitifs. Dieu cependant n’a point usé de violence pour nous enlever au ravisseur: comment donc sommes-nous redevenus libres ? Écoutez l’Apôtre: « Vous avez été rachetés d’un grand prix  ». Et quel est ce prix ? Le Prince des Apôtres nous l’explique : « Ce n’est pas, dit-il, au prix d’un or et d’un argent corruptibles que vous avez été affranchis, mais par le précieux sang de l’Agneau sans tache  ».

 

Ce sang divin, déposé dans la balance de la justice céleste, l’a fait pencher en notre faveur: tant il dépassait le poids de nos iniquités! La force de ce sang a brisé les portes mêmes de l’enfer, rompu nos chaînes, « rétabli la paix entre le ciel et la terre  ». Recueillons donc sur nous ce sang précieux, lavons-en toutes nos plaies, marquons-en notre front comme d’un sceau ineffaçable et protecteur, afin qu’au jour de la colère le glaive vengeur nous épargne.

 

Avec le sang de l’Agneau qui enlève nos péchés, la sainte Église nous recommande en ces jours de vénérer aussi la Croix, qui est comme l’autel sur lequel notre incomparable Victime est immolée. Deux fois, dans le cours de l’année, aux fêtes de son Invention et de son Exaltation, ce bois sacré nous sera montré pour recevoir nos hommages, comme trophée de la victoire du Fils de Dieu; à ce moment, il ne nous parle que de ses douleurs, il n’offre qu’une idée de honte et d’ignominie. Le Seigneur avait dit dans l’ancienne alliance : « Maudit celui qui est suspendu au bois  ». L’Agneau qui nous sauve a daigné affronter cette malédiction ; mais, par là même, combien nous devient cher ce bois autrefois infâme, désormais sacre! Le voilà devenu l’instrument de notre salut, le gage sublime de l’amour du Fils de Dieu pour nous. C’est pourquoi l’Église va lui rendre chaque jour, en notre nom, les plus chers hommages; et nous, nous joindrons nos adorations aux siennes. La reconnaissance envers le Sang qui nous a rachetés, une tendre vénération envers la sainte Croix seront donc, durant cette quinzaine, les sentiments qui occuperont particulièrement nos cœurs.

 

Mais que ferons-nous pour l’Agneau lui-même, pour celui qui nous donne ce sang, et qui embrasse avec tant d’amour la croix de notre délivrance ? N’est-il pas juste que nous nous attachions à ses pas ; que, plus fidèles que les Apôtres lors de sa Passion, nous le suivions jour par jour, heure par heure, dans la Voie douloureuse ?

 

Nous lui tiendrons donc fidèle compagnie, dans ces derniers jours où il est réduit à fuir les regards de ses ennemis; nous envierons le sort de ces quelques familles dévouées qui le recueillent dans leurs maisons, s’exposant par cette hospitalité courageuse à toute la rage des Juifs; nous compatirons aux inquiétudes mortelles de la plus tendre des mères ; nous pénétrerons par la pensée dans cet horrible Sanhédrin où se trame l’affreux complot contre la vie du Juste. Tout à coup l’horizon, si chargé de tempêtes, semblera un moment s’éclaircir, et nous entendrons le cri d’Hosannah retentir dans les rues et les places de Jérusalem. Cet hommage inattendu au fils de David, ces palmes, ces voix naïves des enfants hébreux, feront trêve un instant à tant de noirs pressentiments. Notre amour s’unira à ces hommages rendus au Roi d’Israël qui visite avec tant de douceur la fille de Sion, pour remplir l’oracle prophétique ; mais que ces joies subites seront de peu de durée, et que nous retomberons promptement dans la tristesse !

 

Le traître disciple ne tardera pas à consommer son odieux marché ; la dernière Pâque arrivera enfin, et nous verrons l’agneau figuratif s’évanouir en présence du véritable Agneau, dont la chair nous sera donnée en nourriture et le sang en breuvage. Ce sera la Cène du Seigneur. Revêtus de la robe nuptiale, nous y prendrons place avec les disciples; car ce jour est celui de la réconciliation qui réunit à une même table le pécheur repentant et le juste toujours fidèle. Mais le temps presse : il faudra partir pour le fatal jardin ; c’est là que nous pourrons apprécier le poids de nos iniquités, à la vue des défaillances du cœur de Jésus, qui en est oppressé jusqu’à demander grâce. Puis tout à coup, au milieu d’une nuit sombre, les valets et la soldatesque, conduits par l’infâme Judas, mettront leurs mains impies sur le Fils de l’Éternel; et les légions d’Anges qui l’adorent resteront comme désarmées en présence d’un tel forfait. Alors commencera cette série d’injustices dont les tribunaux de Jérusalem seront l’odieux théâtre: le mensonge, la calomnie, la soif du sang innocent, les lâchetés du gouverneur romain, les insultes des valets et des soldats, les cris tumultueux d’une populace aussi ingrate que cruelle; tels sont les incidents dont se rempliront les heures rapides qui doivent s’écouler depuis l’instant où le Rédempteur aura été saisi par ses ennemis, jusqu’à celui où il gravira, sous sa croix, la colline du Calvaire. Nous verrons de près toutes ces choses ; notre amour ne nous permettra pas de nous éloigner dans ces moments où, au milieu de tant d’outrages, le Rédempteur traite la grande affaire de notre salut.

 

Enfin, après les soufflets et les crachats, après la sanglante flagellation, après le cruel opprobre du couronnement d’épines, nous nous mettrons en marche à la suite du fils de l’homme ; et c’est à la trace de son sang que nous reconnaîtrons ses pas. Il nous faudra fendre les flots d’un peuple avide du supplice de l’innocent, entendre les imprécations qu’il vomit contre le fils de David. Arrivés au lieu du sacrifice, nous verrons de nos yeux l’auguste Victime, dépouillée de ses vêtements, clouée au bois sur lequel elle doit expirer, élevée dans les airs, entre le ciel et la terre, comme pour être plus exposée encore aux insultes des pécheurs. Nous nous approcherons de l’Arbre de vie, afin de ne perdre ni une seule goutte du sang qui purifie, ni une seule des paroles que, par intervalles, le Rédempteur fera descendre jusqu’à nous. Nous compatirons à sa Mère, dont le cœur est transpercé du glaive de douleur, et nous serons près d’elle au moment où Jésus expirant nous léguera à sa tendresse. Enfin, après les trois heures de son agonie, nous le verrons pencher la tète, et nous recevrons son dernier soupir.

 

Et c’est là ce qui nous reste : un corps inanimé et meurtri, des membres ensanglantés et roidis par le froid de la mort; c’est tout ce qui nous reste de ce Fils de l’homme dont nous avions salué avec tant d’allégresse la venue en ce monde ! Il ne lui a pas suffi, à lui, Fils de l’Éternel, de « s’anéantir, en prenant la forme d’esclave  » ; cette naissance dans la chair n’était que le début de son sacrifice ; son amour devait l’entraîner jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort de la croix. Il avait vu qu’il n’obtiendrait le nôtre qu’au prix d’une si généreuse immolation, et son cœur n’a pas reculé. « Maintenant donc, nous dit saint Jean, aimons Dieu, puisque Dieu nous a aimes le premier  . »

 

Tel est le but que l’Église se propose dans ces solennels anniversaires. Après avoir abattu notre orgueil et nos résistances par le spectacle effrayant de la justice divine, elle entraîne notre cœur à aimer enfin celui qui s’est livré, en notre place, aux coups de cette inflexible justice. Malheur à nous, si cette grande semaine ne produisait pas dans nos âmes un juste retour envers celui qui avait tous les droits de nous haïr, et qui nous a aimés plus que lui-même ! Disons donc avec l’Apôtre : « La charité de Jésus-Christ nous presse, et désormais tous ceux qui vivent ne doivent plus vivre pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort pour eux  . » Nous devons cette fidélité à celui qui fut notre victime, et qui jusqu’au dernier instant, au lieu de nous maudire, ne cessa de demander et d’obtenir pour nous miséricorde. Un jour, il reparaîtra sur les nuées du ciel ; « les hommes verront alors, dit le Prophète, celui qu’ils ont percé . » Puissions-nous être de ceux auxquels la vue des cicatrices de ses blessures n’inspirera que la confiance, parce qu’ils auront réparé par leur amour le crime dont ils s’étaient rendus coupables envers l’Agneau divin !

 

Espérons de la miséricorde de Dieu que les saints jours où nous entrons produiront en nous cet heureux changement qui nous permettra, lorsque l’heure du jugement de ce monde aura sonné, de soutenir, sans trembler, le regard de celui que nous allons voir foulé sous les pieds des pécheurs. Le trépas du Rédempteur bouleverse toute la nature: le soleil se voile au milieu du jour, la terre tremble jusque dans ses fondements, les rochers éclatent et se fendent ; que nos cœurs aussi soient ébranlés, qu’ils se laissent aller de l’indifférence à la crainte, de la crainte à l’espérance, de l’espérance enfin à l’amour; et après être descendus avec notre libérateur jusqu’au fond des abîmes de la tristesse, nous mériterons de remonter avec lui à la lumière, environnés des splendeurs de sa résurrection, et portant en nous le gage d’une vie nouvelle que nous ne laisserons plus s’éteindre.

 

 

dom Guéranger

 

Merci, priez beaucoup  pour moi. I 


 

 


Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 17 Avril 2014

http://www.diocese-frejus-toulon.com/local/cache-vignettes/L240xH180/arton8579-77439.jpg

 

Sainte fête à tous les prêtres.

 

 

 

Homélie messe chrismale du 16 avril 2014

 

Chers Frères prêtres,

 

Cette célébration liturgique qui nous rassemble au seuil du triduum pascal est l’expression de l’unité du presbyterium autour de l’évêque. Tout à l’heure, chers frères prêtres, vous renouvellerez les engagements sacerdotaux que vous avez pris au jour de votre ordination.


Le feu de la passion

 

Je suis un pauvre pécheur sur lequel Jésus a posé son regard, disait le pape François. La rencontre que vous avez faite avec le Christ a eu raison de tous les autres motifs de vivre (et vous ne vous êtes jamais remis de cette rencontre). Le feu qui vous a brûlé du dedans, est celui qui éclaire votre route d’aujourd’hui. Et la brûlure est toujours à vif.

 

En réécoutant le récit de la Passion, l’amour du Christ qui le pousse jusqu’à la perte de soi pour le salut de tous, nous conduit à sa suite à nous libérer de ce qui freine notre course, à consentir à des détachements nécessaires par rapport à ce qui nous empêche d’être radicalement à Dieu et à nos frères. Bref, à croître en liberté spirituelle pour le service de l’Eglise. Dans le sacerdoce, disait il y a quelques jours le pape François, il n’y a pas de place pour la médiocrité ! Et d’ajouter : Nous avons tellement de prêtres à mi-chemin. C’est douloureux qu’ils n’aient pas réussi à parvenir à une plénitude sacerdotale. Ils sont quelque part des fonctionnaires, et cette posture bureaucratique ne fait pas du bien à l’Eglise.

 

Ces propos décapants du Saint Père nous font prendre conscience du chemin de conversion qu’il nous reste à parcourir, les uns et les autres. Le oui à Dieu que vous reformulerez dans quelques instants est un consentement à monter avec le Christ au Golgotha dans le don plénier de soi.


La disponibilité apostolique

 

Ce oui prend toute votre vie. Il mobilise chaque jour votre prière, qui est celle de l’Eglise. Il justifie vos fidélités et vos combats apostoliques, votre disponibilité vis-à-vis de tous, en particulier à l’égard des plus petits d’entre vos frères.

 

Je recevais il y a quelques mois la visite d’un prêtre qui me confiait son découragement. Avec des lunettes noires, il considérait tous les aspects négatifs de la communauté à laquelle il avait été envoyé : le vieillissement des paroissiens, la faible mobilisation des bonnes volontés, la défection des demandes sacramentelles et catéchétiques. Il dressait un tableau sombre sur fond de démobilisation personnelle… C’est alors que je me remémorais les réflexions du pape François qui taxait d’adultère spirituel le regard du pasteur désabusé qui passait son temps à ressasser les souvenirs de ses ministères antérieurs qu’il n’avait pas psychologiquement quittés ; à jalouser ses confrères établis sur des terres qu’il pensait plus fertiles ; à se projeter sans cesse vers d’autres cieux en pensant que l’herbe est toujours plus verte ailleurs !

 

Quel regard posons-nous sur les autres ? Est-ce que nous projetons sur eux nos déprimes, nos amertumes et nos acidités ? Ou bien les considérons-nous, sans retour sur soi avec les yeux de Jésus, avec un regard théologal, paternel, rempli d’espérance, capable de discerner l’action discrète de l’Esprit-Saint, dans ce qui n’est pas encore l’Eglise, mais qui est appelé à le devenir ?

 

L’ancrage spirituel

 

Sur le chemin du retournement spirituel et pastoral que nous avons à vivre, je me risquerai à utiliser l’image du voilier, bien connu dans notre diocèse ouvert à la mer.

 

 

- 1 - Il convient d’abord de vérifier les amarres du bateau. Votre attachement au Christ est fait de fidélités à l’oraison, à la confession de nos péchés (car il nous faut être des deux côtés du confessionnal), à l’accompagnement spirituel, à une authentique vie eucharistique. L’eucharistie est la raison d’être du sacerdoce, disait Jean-Paul II, qui ajoutait : Le prêtre existe pour célébrer l’eucharistie. Nous y trouvons la signification de tout le reste de notre ministère.

 

Cet ancrage spirituel requis pour le prêtre vaut aussi pour sa mission. Jésus conquerrait son auditoire à partir du sol où ses auditeurs étaient plantés. Le prêtre rejoint les personnes là où elles sont, là où elles en sont, et il demeure auprès d’elles pour cheminer au rythme de l’amitié et de l’Evangile. Ceci réclame une stabilité dans une société en perpétuelle mutation, marquée par le zapping et les mobilités. La paroisse souligne cette permanence : c’est l’Eglise qui vit durablement au milieu des hommes et des femmes de notre temps, et qui cherche sans cesse le contact avec eux. Elle ne doit pas se contracter sur elle-même pour être un groupe d’élus qui se regardent entre eux (Pape François).

 

Le témoignage des prêtres âgés est particulièrement éloquent. A travers les vagues et les tempêtes que l’Eglise a traversées ces dernières années, ils attestent de la fidélité au Christ. Ils sont cru jusqu’au bout en leur ministère. Je voudrais ce soir les saluer.

 

A l’écoute de l’Esprit

 

- 2 - Pour que le trimaran gagne le large, il faut également s’enquérir de la voilure. Saura-t-elle capter les brises et les vents pour trouver l’énergie nécessaire à sa course ? La mission du prêtre est mobilisée par le dynamisme de l’Esprit Saint. Ministre de la grâce, il communique l’Esprit-Saint aux fidèles, en proclamant la Parole de Dieu, en célébrant les sacrements. Il discerne aussi la présence discrète de l’Esprit dans les attentes de notre temps, car si l’Esprit habite l’Eglise (qui est sa maison), il travaille le cœur de tout homme pour faire la vérité, débusquer le mensonge, attirer vers le Christ.

 

S’il est un homme de prière et d’écoute, le prêtre sera sensible à la présence cachée de l’Esprit, propédeutique, préalable à sa manière d’accueillir les personnes et les situations avec justesse et miséricorde. L’Esprit nourrit son zèle pour les âmes, sa créativité missionnaire, sa supplication pour le monde (ses gémissements), mais aussi sa patience, sa confiance en Dieu, maître du temps et de l’histoire.

 

La communion

 

- 3 - Amarré, le mât dressé vers le ciel, le bateau pour voguer, a besoin d’un équipage. Le prêtre doit être un homme de communion. Il ne peut se résoudre à être un chef d’orchestre solitaire. Il n’est député ni à tout laisser faire aux autres, ni à tout faire faire, ni à tout faire lui-même. Dans ces travers se nichent ou la paresse ou le cléricalisme. En bon père de famille, le prêtre portera une attention bienveillante à chacun pour qu’il déploie son talent au service des autres. Il veillera à ce que les plus engagés puissent se renouveler, qu’ils ne s’approprient pas leur mission. Il cherchera à déployer une véritable coresponsabilité des laïcs, un travail d’équipe entre tous. Il formera des disciples missionnaires, en donnant lui-même l’exemple de la solidarité, de la subsidiarité et de l’attention accordée aux plus faibles.

 

La biodiversité de notre diocèse, riche de tant de sensibilités différentes, appelle une responsabilité mutuelle. Que chaque charisme soit accueilli pour ce qu’il est, comme un don de Dieu, mais qu’il ne s’érige pas comme le tout de l’Eglise. Seule l’Eglise a le charisme de tous les charismes. Il nous faut cultiver entre nous, sans pression, sans prétention exclusiviste, une vraie communion fraternelle qui se fonde sur la communion magistérielle, sacramentelle et ministérielle.


La conversion

 

- 4 - Le bateau n’est pas destiné à rester cloué au port.

 

Duc in altum ! Avancez en eau profonde, nous clame encore Jésus. Ne reste pas à quai. Le déplacement à vivre est d’abord intérieur. La conversion eucharistique que les paroles et les mains du prêtre accomplies à chaque messe est emblématique et le point de départ de toutes les autres transformations que le monde doit vivre. Tous les retournements du cœur ; toutes les conversions pastorales de nos communautés ; tous les changements sociétaux à promouvoir, trouvent leur origine dans l’eucharistie.

 

La véritable question qui est posée aux ministres ordonnés que nous sommes : acceptons-nous de vivre nous aussi des conversions personnelles ? La conversion des pécheurs passe d’abord par la conversion des pasteurs. La pastorale de maintenance de l’auto-référencement cache souvent des peurs, des rigidités, des mécanismes de défense face aux changements indispensables à vivre dans notre manière d’être au monde, de vivre en Eglise, d’accepter d’être dérangés dans nos habitudes, de remettre en question nos dispositifs pastoraux. C’est pourtant le prix qu’il faut payer, le sacrifice qu’il nous faut consentir pour une plus grande fécondité. Avant et afin d’évangéliser les périphéries de notre société, il s’agit de sortir vers nos propres périphéries : les personnes que je ne rencontre jamais, les lieux où je ne vais jamais, et qui sont parfois à la porte du presbytère.


Dépouiller pour accueillir

 

- 5 - C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à la source, dit un proverbe. C’est dans un perpétuel mouvement de sortie de soi, que le prêtre rejoint le Christ dans l’élan universel par lequel celui-ci ne cesse de se donner aux hommes. Le prêtre porte la grâce d’un sacrement qui le conforme au Christ serviteur pour défendre la foi et pour répandre la foi, sans se contenter de se reposer sur ses œuvres propres. Aimer Dieu, c’est vouloir le protéger contre soi-même, en particulier contre l’égoïsme qui rapporte notre mission à nous-mêmes.

 

Dans un petit état d’Afrique que je visitais il y a 10 ans, je découvrais à l’orée du village un magnifique tapis de fleurs que les gens avaient confectionné pour le passage de la procession du Saint Sacrement, que je présidais. Un catéchiste eut la sage précaution de me glisser à l’oreille : Rassurez-vous, Monseigneur, ce n’est pas pour vous que nous avons fait ce chemin de roses, c’est pour le Christ !

 

Du magnifique témoignage de foi sacerdotale que nous a laissé le père Frédéric Galtié, qui a rejoint le Seigneur il y a quelques semaines, à l’âge de 50 ans, alors qu’il était atteint par un cancer généralisé, je retiens cette confidence : Il faut se laisser dépouiller pour parvenir à accueillir . Je le réentends encore me dire à l’hôpital de Mougins, décochant un large sourire dans un corps épuisé : Il faut être prêtre jusqu’aux limites de soi-même.

 

Tel est le secret de la sainteté du prêtre à laquelle cette célébration nous convie.

 

link

 

+ Dominique Rey

Cathédrale Notre-Dame de la Seds

Messe chrismale du 16 avril 2014

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 16 Avril 2014

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 14 Avril 2014

http://sander-gaiser.de/ru/bilder/passion3/rubens01.jpg

 

 

http://img.over-blog.com/600x558/1/10/86/49/le-petit-placide/2011/petit-placide-2/placide/2012/2012-PETIT-PLACIDE/roger-van-der-weyden-el-descendimiento.jpg

 

 

Cependant la nuit était si profonde qu'on avait peine à s'y reconnaître, et la terreur amenée par ces ombres inaccoutumées pénétrait les âmes que la pitié n'avait pu émouvoir: la plupart des Juifs se hataient de regagner la ville et le temple, pour s'abriter contre la catastrophe dont ils sentaient l'arrivée. Les soldats inquiets suivaient ce mouvement de retraite, en se rapprochant du groupe formé autour du centurion sur la pente du Calvaire. L'accès de la croix devenait ainsi plus facile. Mais les blasphémateurs ne songeaient plus à abuser de cette liberté: ils fuyaient la tête basse et la bouche muette, aussi pressés de ne plus voir leur victime, qu'ils l'étaient naguère de la donner en spectacle à la multitude.

 

Les amis de Jésus purent donc s'avancer discrètement jusqu'au pied même de sa croix. Il y avait là Marie sa mère, Jean le disciple bien-aimé, Madeleine et Marthe, Marie Jacobé, Salomé, Jeanne de Cusa, d'autres encore dont la traditiion ne nous a pas conservé les noms.

 

Les regards du mourant tombèrent sur ce petit groupe d'amis fidèles, cherchant sans doute Celle qu'il attendait à ce rendez-vous de la dernière heure. Marie se tenait debout, à sa gauche, près du mauvais larron, comme si elle eût essayé de le préserver contre la justice prête à le frapper: effort inutile, hélas! puisque le malheureux n'en devait pas profiter.

 

Du coeur de la divine Mère il montait au coeur de son Fils une ardente supplication pour le genre humain, dont il l'avait faite corédemptrice; ce qu'elle voulait avant tout, c'était l'assurance du pardon pour l'humanité. Il le comprenait bien: et, tout aussitôt il lui adressa la parole pleine de respect qui convenait au ministère dont il la revêtait:

 

" Femme, lui dit-il, voilà votre Fils." Et ses yeux désignaient saint Jean. Puis au disciple avec une intonation grave et douce:  " Voilà votre mère" !

 

C'est à dire:" O ma mère, reine et maitresse de tout ce qui est à moi, voilà les hommes que je vous confie afin que vous soyez désormais leur avocate. Je vous fais leur mère, pour m'interdire de les rejeter, puisque je ne le pourrais sans vous rejeter vous-même. Soyez heureuse: ils sont sauvés! Et vous, homme, voilà votre modèle et votre refuge! Je vous ai pardonné, puisque je vous remets entre les mains de celle à qui je ne puis rien refuser, quand elle intercède en votre faveur" !

 

Un long silence suivit, pendant lequel Jésus entra dans sa dernière agonie, plus rapide, mais aussi plus cruelle que celle de Gethsémani. Il n'avait pas voulu s'y abandonner avant d'avoir rassuré les pécheurs contre la crainte de l'abandon où Dieu allait mettre la victime de leurs fautes: c'est pourquoi il leur avait d'abord donné un refuge dans l'amour maternel de Marie. Maintenant il pouvait se livrer aux étreintes de la justice divine, pour souffrir tout ce que suppose la malédiction prononcée contre le péché :" Il a revêtu cette malédiction comme un vêtement" , en prenant la responsabilité de nos misères; et par conséquent, il en doit subir le châtiment, c'est-à-dire l'abandon où Dieu laisse justement celui qui l'a d'abord abandonné.

 

Or, par la faute de l'homme, cet abandon devait être sans rémission: la séparation, éternelle de soi, ne supposait aucun retour; C'est pourquoi Jésus se trouvait, à cette heure délaissé de Dieu, avec le sentiment d'une solitude comparable à celle qui désespère le damné. " La malédiction pénétrait ses os comme l'huile, ses entrailles comme l'eau qui s'infiltre"; c'était l'heure du triomphe de l'Enfer, et perdu momentanément dans cet abîme d'angoisses, le Rédempteur ne peut retenir un cri:

 

" Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné"?

 


 

"

  R.P. Ollivier OP


Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 14 Avril 2014

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fc/MantegnaDescentLimbo.jpg

 

http://www.catholicradiodramas.com/wp-content/uploads/2010/07/LimboDUCCIO13081.jpg

 

Les âmes justifiées par l'espérance du Messie attendaient sa venue, dans cette région intermédiaire dont saint Thomas d'Aquin dit équivalemment: " Le nom de limbes convient au lieu et à l'état des saints avant le Christ. Quelquefois, ce lieu et cet état sont appelés le sein d'Abraham, en raison du repos qu'ils indiquent; - quelquefois aussi: le sein de l'enfer, parce qu'ils supposent l'absence de la gloire... Ceux qui habitaient les limbes se sentaient pénétrés d'une grande joie dans l'espérance de la gloire, mais non sans tristesse du retard qui les en séparait. Ils ne souffraient toutefois d'aucune peine sensible pour les péchés qu'ils avaient expiés, soit dans le temps soit dans leur entrée dans l'éternité: car ce lieu et cet état étaient absolument distincts de ceux du purgatoire. "

 

Dans les limbes, par conséquent, les saints de l'Ancien Testament, depuis Adam jusqu'à Jean-Baptiste, toute la suite des patriarches et des prophètes, Abraham, Isaac et Jacob, - Moïse, Josué, David, - Isaïe, Jérémie, Daniel; - toute la série des femmes illustres, Sarah, Lia, Rachel, - Débora, Judith, Esther; - attendaient l'accomplissement de la promesse faite à l'homme, après sa chute au paradis terrestre. Il convenait en effet au premier-né de la génération nouvelle d'ouvrir et de franchir les portes du ciel, à la tête de l'humanité perdue par le premier-né de l'ancienne génération.

 

Saint Pierre, en sa première Epître, et saint Paul en celle qu'il adressait aux Ephésiens nous ont conservé la mémoire de cette descente du Christ dans les limbes.

 

L'Evangile des Nazaréens raconte que deux serviteurs de Dieu, morts environ quarante ans auparavant, se montrèrent dans le Temple, au jour de la Résurrection, et racontèrent de quelle joie les élus avaient tressailli à la vue du Rédempteur, pendant que les démons s'abimaient dans la tristesse. ...

 

Ainsi, même en ces heures funèbres, le Verbe divin ne restait pas inactif: après avoir évangélisé les vivants, il évangélisait les morts, suivant la parole de saint Pierre, et portait aux enfers la bonne nouvelle du règne de Dieu rétabli parmi les hommes.

 

Son sabbat à lui n'est pas l'inertie de la force épuisée: c'est une autre activité, douce, joyeuse, réparatrice, pleine de promesses pour le lendemain, comme elle est pleine des oeuvres accomplies :" S'il dort, son coeur n'en veille pas moins. " et continue de répandre sur tout ceux qu'il peut atteindre la consolation, l'espérance et la paix.

 


Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 13 Avril 2014

http://theeverblessed.com/wp-content/uploads/2012/03/jesusmeetsmary-11.jpg

 

http://www.catholictradition.org/Murillo/murillo48.jpg

 

 

   L'Evangile ne parle pas de cette rencontre: la tradition toutefois la tient pour certaine; et vraiment il serait étrange qu'elle ne se fût pas produite . Marie avait dû chercher à se rapprocher de son Fils, dès qu'elle avait appris son arrestation, et, probablement, elle y était parvenue aux environs du prétoire.

 

   La demeure des pontifes lui était fermée, mais l'accès du tribunal romain était ouvert à tous. Elle put donc assister aux horribles scènes de la flagellation et du lavement des mains; elle put entendre les hurlements de la foule et les protestations de Pilate: elle put enfin voir Jésus à la la sortie de l'Antonia et se rendre compte de la route qu'il allait suivre. C'est pourquoi nous la retrouvons à l'issue d'une sorte de ruelle, parallèle à la voie douloureuse, qu'elle rejoignait à soixante mètres environ du point où s'était produite la première chute.

 

   Arriva-t-elle pour assister au spectacle de son Fils gisant dans la poussière et faisant des efforts pour se relever sous l'accablement de son fardeau, ou le vit-elle seulement se décharger de la croix sur l'épaule du Cyrénéen? Il importe peu, en présence de l'atrocité de sa douleur. Bien des fois, on a essayé de la peindre, toujours avec le même insuccès.

 

   Le prophète n'avait-il pas dit de la fille de Sion:" A qui te comparer et qui pourra se croire semblable à toi? Verrai-je en toi une affligée pareille à d'autres et entreprendrai-je de te consoler? Ta douleur est immense comme la mer, et nul remède n'y peut-être apporté. " Et sur les lèvres de la désolée mystérieuse n'avait-il pas placé ces paroles :" O vous qui passez, voyez et dites s'il est une douleur comparable à ma douleur"  !

 

   Le glaive prédit par Siméon s'était enfoncé dans sa poitrine et avait déchiré son coeur. Pour en sonder la blessure, il faudrait le regard de Celui qui tenait le glaive et faisait de sa mère la co-rédemptrice du genre humain.

 

   Il dut y avoir parmi les soldats un instant d'arrêt, motivé peut-être par la transmission de la croix au Cyrénéen, peut-être aussi par un sentiment de commisération envers les affligés. Si difficile que fût leur âme à s'émouvoir, pouvait-elle résister à l'imprévu de cette rencontre entre la mère et le fils, sur le chemin du Calvaire. Pour l'honneur de l'humanité, ne leur refusons pas un reste de miséricorde et de respect à l'endroit d'une si grande ruine et d'une si poignante douleur.

 

   Au temps de Tibère, le soldat romain avait pris de longue date l'habitude de tuer sans scrupule; mais il frappait par ordre et croyait remplir un devoir.

 

   Quoi qu'il en soit, Jésus et Marie échangèrent un regard où passa toute leur âme, avec une force de compatissance et de tendresse qu'il nous est impossible de mesurer. Ils s'unirent une fois de plus dans le renoncement de tout leur être au profit des hommes et pour la gloire du Père éternel.

 

La tradition veut néanmoins que la pauvre mère ait défailli au jardin des Oliviers. Il n'y a là rien d'étonnant, rien non plus qui diminue la grandeur d'âme et la soumission parfaite de Marie à la volonté divine: les défaillances de la nature attestent la violence de l'épreuve, sans amoindrir le mérite de la résignation.

 

essai sur la Passion

R.P. Ollivier O.P

Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 13 Avril 2014

http://elpuertoactualidad.es/wp-content/uploads/2012/04/cirineo.jpg

 

 

joignons-nous donc au funeste cortège, aussi près que possible de la céleste Victime, pour ne rien perdre des incidents de son agonie, rien non plus des enseignements qui en découlent.

 

Un centurion a pris la tête, conformément aux prescriptions de la loi romaine: il doit présider à l'exécution et maintenir le bon ordre dans l'assistance, avec l'aide de sa compagnie qui fait la haie autour du condamné. A côté de lui marche un héraut portant l'inscription écrite par ordre de Pilate, et sonnant de la trompette pour ouvrir le passage. La foule s'écarte devant eux, plus attentive à la croix dont on va charger le Galliléen qu'à la tablette où se lit le motif de sa condamnation.

 

Un cri d'horreur et de colère salue l'apparition de Jésus sous le grand arc de l'Antonia. Au sommet de la pente, bien en vue de toute la place, il semble déjà dominer l'univers, du haut de ces nuées, d'où il jugera les vivants et les morts, la croix entre ses bras comme un instrument de règne.  D'un regard plein de douceur et de majesté, il parcourt la multitude. Des larmes se mêlent sur ses joues au sang qui coule de son front; double appel au repentir, qu'ils ne peuvent plus entendre, mais auquel se complait son amour. Puis soulevant le bois infâme, il descend lentement, poussé plutôt que soutenu par les bourreaux, appuyant à son épaule gauche le fardeau qu'il doit trainer jusqu'au Calvaire.

 

La coutume romaine le voulait ainsi. Une sinistre plaisanterie de Plaute nous l'apprend:" Qu'il porte sa croix par la ville", fait-il dire à l'un de ses personnages; " et puis, qu'il y soit attaché". ! Jésus y avait fait souvent allusion devant ses disciples quand il leur parlait de prendre leur croix et de la porter après lui. Ce genre de supplice n'était pas ordinaire parmi les Juifs; mais les Romains la pratiquaient et, depuis l'annexion, les exemples n'en n'étaient pas plus rares dans la Judée qu'ils ne l'étaient dans les autres parties de l'empire. Les prophètes avaient vu le Messie s'avancer ainsi chargé du bois de son sacrifice, et peut-être se trouva-t-il alors quelqu'un pour s'en souvenir.

....

 

Cependant Jésus suivait la pente vers Acra, s'épuisant rapidement dans l'effort que lui demandait sa charge plus lourde d'instant en instant. Il chancelait, au milieu des rires et des moqueries, harcelé par les satellites qui le poussaient avec leurs bâtons, et par la foule qui lui jetait de la poussière et des cailloux. Les légionnaires avaient peine à le protéger contre ces violences, qui sont dans le goût de toutes les populaces, mais plus spécialement des tourbes orientales, véritables meutes altérées de sang et hurlant autour de ceux qui vont à la mort.

 

Au bas de la pente, il y avait, tout récemment encore, un ressaut de terrain assez élevé pour devenir un obstacle à celui qui montait, un danger à celui qui descendait, s'il n'avait pas la liberté de ses mouvements. En existait-il un semblable au temps de Notre-Seigneur? Qui sait? En tous cas, c'est ici que la tradition fixe la première chute de Jésus: un faux pas le jeta par terre, et, quand il se releva tout meurtri, les forces lui manquèrent pour reprendre son fardeau.

 

A ce moment arrivait des champs, par la rue qui vient de la porte de Damas, un homme, heureux entre tous, puisque l'honneur lui était réservé de porter la croix du Maître, à sa place et à ses côtés. C'était un étranger, nommé Simon, venu de Cyrène avec ses deux fils Alexandre et Rufus - païen au dire de plusieurs, ou tout au plus prosélyte. Il n'avait pris aucune part aux folies qui avaient déshonnoré cette matinée, et, quand il vit tomber Jésus, il ne put retenir un mouvement de commisération, peut-être même une protestation contre la rudesse des gardes. C'en fut assez pour le désigner à leurs sévices: on lui mit la main sur l'épaule, et on le requit de porter la croix de son client de rencontre. S'y refusa-t-il d'abord? Nous n'en savons rien et nous aimons mieux croire qu'il obéit de bonne grâce: c'était du reste ce qu'il avait de mieux à faire, ne pouvant résister sans danger.

 

Les Romains avaient l'habitude de ces réquisitions arbitraires: :" Si un soldat t'impose une corvée, dit Arrien, garde-toi bien de résister ou simplement de murmurer. Tu recevrais des coups et on t'enlèverait ton âne par-dessus le marché.

 

 

Il prit donc la croix sur son épaule et suivit Jésus dont la marche devint plus facile et plus rapide, sur un terrain plus égal et dans un air moins étouffé. Il y avait là, en effet, une sorte de carrefour, où le soleil d'avril jetait ses rayons attiédis par la brume, mais d'autant plus bienfaisants au martyr; dans ses veines épuisées et refroidies cette chaleur ramenait un peu de vie, et devant ses yeux voilés de sang la lumière ravivait les formes et les couleurs. C'est ainsi qu'il put reconnaître, à quelques pas de là, dans un groupe d'amis trop peu nombreux, sa mère soutenue par Madeleine et le disciple bien-aimé.

 


 


Voir les commentaires

Rédigé par r.p. Ollivier OP

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 13 Avril 2014

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/90/Estudio_de_Cristo_(1883)._Joaquin_Sorolla.jpg/220px-Estudio_de_Cristo_(1883)._Joaquin_Sorolla.jpg

 

" J'ai regardé tout autour de moi et n'ai vu personne qui vint à mon aide: j'ai cherché et n'ai point trouvé de soutien."

 

 

 

http://stalbansdc.org/wp-content/uploads/2013/11/Palm-Sunday.jpg

 

 

ottawa-palm-sunday-vii.jpg

 

DIMANCHE des RAMEAUX

Homélie prononcée

par le Très Révérend Père Dom Jean Pateau,

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault.

(Fontgombault, le 13 avril 2014)

 

Chers Frères et Sœurs, mes très chers Fils,

 

La longue cérémonie de ce jour ouvre la porte de la Sainte Semaine et invite à entrer résolument dans la commémoration du Mystère pascal : Passion, Mort et Résurrection de Jésus.

Comment ne pas relever le contraste saisissant entre la joyeuse procession des Rameaux qui accompagne le Christ triomphant aux portes de Jérusalem, et la solitude du Seigneur mourant sur la Croix au Golgotha, rejeté de la Cité tant aimée ?


Ne sommes-nous pas de ces chrétiens de la fête, seulement de la fête, prompts à goûter les plaisirs souvent vains et stériles du monde, mais timides quand la voix du Christ se fait entendre qui dit : « Viens » ? Certes, nous avons été créés pour la béatitude. La vie au paradis terrestre, dans une certaine proximité de Dieu, était déjà un avant-goût de l’éternité promise à ceux qui, durant leur vie, auront fait le choix de Dieu. Mais n'avons-nous pas fait, souvent, un autre choix ?


Être chrétien de la fête, c’est s’étourdir pour évacuer le drame de la Croix, pour évacuer le drame du péché, le drame de mon péché.

 

C’est refuser d’entendre la voix de Jésus qui nous invite à le suivre sur le chemin du Calvaire. Évacuer le drame de la Croix, c’est imaginer n’avoir pas besoin de Sauveur en croyant pouvoir se sauver soi-même.


Plus que quiconque, Jésus a mesuré le poids du péché de l'humanité. Il ne nous demande pas de porter ce fardeau. Il ne nous demande même pas de porter tout le poids de notre péché, mais simplement de nous reconnaître pécheur.


Aurons-nous, sans attendre le jour de la rencontre avec Dieu, un regard de vérité sur notre propre vie ?

 

Est-ce que dans mes paroles, dans mes actes, je choisis d’expérimenter l’éloignement de Dieu, de mes frères ? Est-ce que je choisis de me faire étranger à l’amour ? Cet examen de conscience, qui ne doit pas s’achever dans une lamentation stérile, révélera le chantier où Dieu déjà nous attend, où il nous dit : « Viens » : le chemin de notre croix, le chemin de notre conversion.

 


La procession de ce matin nous a fait goûter la joie de la proximité avec Jésus. Poursuivons donc la route avec lui vers la Croix rédemptrice.

 

Offrons au Seigneur notre misère dans la réception personnelle du sacrement de réconciliation. Entrer au confessionnal, c’est remettre à la miséricorde de Dieu la misère de notre pauvre vie, c’est rendre fécond pour nous l’amour de Dieu pour l’homme manifesté sur la Croix.


Seul Dieu pouvait faire naître de mon péché, de ma misère, un acte d’amour. Par le mystère de la Croix, Dieu a opéré cet « admirable commerce ». Le Dieu de colère qui tonne dans les cieux, s’est fait Dieu de miséricorde.

 

Puissions-nous, hommes de colère, à l’ombre de sa Croix avec Marie, puiser dans cette miséricorde la force de nous convertir et d’aimer.


Amen.

 

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 12 Avril 2014

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 11 Avril 2014

entrada_Christs_Entry_into_Jerusalem_Hippolyte_Flandrin_184.jpg

 

Le sens de ce jour n'est pas seulement la commémoration de l'entrée de Jésus à Jérusalem. Le sens est plutôt celui-ci: nous voulons accompagner solennellement le Seigneur dans sa Passion.

 

Mais nous ne pouvons le faire que si nous sommes d'abords consacrés comme combattants et martyrs.

 

C'est ce que signifie la cérémonie des Rameaux. Nous ne l'entendrons et nous ne la célèbrerons comme il faut que si nous nous représentons vivement que le Christ est au milieu de nous, que nous sommes ses disciples et que nous lui préparons un triomphe. Nous accompagnons le Seigneur du Mont des Oliviers dans la ville sainte où il va souffrir.

 

C'est donc un drame sacré dans lequel nous ne sommes pas simplement spectateurs, mais acteurs.

 

Les personnages sont: le Christ, les disciples, les enfants. Nous devons nous représenter le Christ comme présent et le voir soit dans le symbole de la croix qui marche devant nous, soit dans la personne du prêtre; autrefois, même, on introduisait dans la procession un âne traînant un petit char dans lequel se trouvait une statue du Christ, on appelait cet âne l'ane des Rameaux.

 

Nous commençons la grande et sainte semaine. Nous pensons à la Croix et à la Résurrection qui sont inséparables. L'oeuvre rédemptrice du Christ ne se termine pas à la mort, mais se prolonge dans la victoire de sa Résurrection.

 

 

 

A tous et à toutes, une bonne fête et  semaine sainte.


 

O Christ rédempteur- Fils Eternel de Dieu, fait homme pour nous sauver au prix de votre sang,

- divin Ami que nous trouvons aux côtés de toutes les innocences pour les défendre, de toutes les faiblesses pour les soutenir, de toutes les douleurs pour les consoler, de toutes les défaillances pour les réparer,

source de toutes les joies, de tous les mérites, de tous les repentirs,

au nom de ceux que vous avez préférés ici-bas, de Marie votre mère, de Joseph votre nourricier, de Baptiste, votre précurseur, de Pierre votre vicaire, de Madeleine votre pénitente, de Marthe votre hôtesse, de Jean votre disciple bien-aimé,

- au nom de Béthléem, votre berceau et de Jérusalem où fut votre tombe,

 

Gardez-nous ou rendez-nous la science d'aimer, qui est en vous, - puisque la posséder c'est avoir non seulement le gage de la durée dans le temps, mais encore celui de la vie éternelle . "

 



 

 


Voir les commentaires

Rédigé par philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0