Publié le 17 Avril 2022

 

 

+
VIGILE DE PÂQUES

Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU

Abbé de Notre-Dame de Fontgombault

(Fontgombault, le 17 avril 2022)

 

 

Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

De façon inaccoutumée et abrupte, alors que le célébrant en chape violette porte encore les vêtements aux couleurs de la pénitence, la grande et sainte Vigile pascale s’ouvre par une oraison prononcée sur le feu nouveau :

Dieu, qui, par votre Fils qui est la pierre d’angle, avez apporté à vos fidèles le feu de votre splendeur ; sanctifiez ce feu nouveau tiré de la pierre pour notre usage ; et accordez-nous durant ces fêtes pascales d’être enflammés d’un si grand désir du ciel, que nous puissions parvenir l’âme pure aux fêtes de l’éternelle lumière.

Vivre en vérité le mystère pascal, c’est vivre un « passage » ; le passage de la mort à une vie en cohérence avec la foi que nous professons ; le passage d’une vie de foi toujours trop superficielle à une vie plus profonde de communion avec le Seigneur.

Mais pour vivre en vérité, il faut désirer. Celui qui ne désire pas, au mieux campe sur place, au pire, il recule. L’Église est donc fort lucide quand elle nous fait implorer de Dieu un cœur brûlant de désir. Déjà saint Benoît, au début du carême, avait invité ses frères « à attendre la sainte Pâque avec l’allégresse d’un désir tout spirituel. » (Règle de saint Benoît, c.49, De l’observance du Carême).

Il serait d’ailleurs bien pusillanime de n’espérer ce feu intérieur que durant les fêtes pascales. S’il est un lieu où il faut voir grand et ne pas ménager sa peine, s’il est un défi qu’il ne faut pas manquer, c’est bien celui de la rencontre face à face avec le Seigneur au jour de notre ultime passage, et qui sera pour tous, comme nous l’espérons, l’aube de la vraie vie, la vie qui n’aura pas de fin, la vie éternelle. Cette vie éternelle, saint Benoît recommande aussi à ses moines de la désirer de toute l'ardeur de leur âme (Cf. ibid., c.4, 46e instrument des bonnes œuvres).

Par la célébration du mystère pascal, nous communions à la mort et la résurrection du Christ. Le Christ, obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix, répand sur tout homme de bonne volonté l’eau qui lave et qui purifie, comme saint Paul l’enseigne aux Romains :

Si, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute- puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne (Rm 6,4-5).

Durant le temps de la Passion, nous avons cheminé aux accents du Vexilla Regis :

Aujourd’hui du grand Roi l’ étendard va marchant, Où l’Auteur de la chair vient sa chair attachant. Aujourd’hui de la Croix resplendit le mystère,
Où Dieu souffre la mort aux mortels salutaire.

Je te salue, ô Croix, seul espoir des vivants !
En ces jours douloureux de larmes s’ abreuvant, Augmente aux cœurs des bons l’immortelle justice, Et pardonne aux pécheurs leur mortelle malice...

L’étendard du Roi vainqueur s’avance encore. Qu’adviendrait- il s’il n’était pas suivi ? La Croix se dresse au sommet du Calvaire, le Christ Ressuscité s’élève triomphant du tombeau... Qui se prosternera devant lui et devant sa croix ?

Pour beaucoup d’hommes et de femmes, Dieu est devenu l’étranger. Seuls quelques souvenirs d’un passé lointain occupent les recoins d’un cœur qui demeure assoiffé. Le pressentiment de le rencontrer un jour face à face ne les effleure pourtant plus. Dieu est absent de leur présent, et ce présent qui reçoit sa noblesse de sa présence est devenu profondément désespérant. Sans lui, la vie n’a plus de sens.

L’Église en cette sainte nuit nous rappelle à l’urgence de préparer notre propre rencontre. L’histoire de l’humanité, l’histoire aussi de chacune de nos vies, sont appelées à rencontrer le Christ vainqueur de la mort et du tombeau. Nous le chanterons demain : « La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut : vivant, il règne. » (Séquence de Pâques : Victimae paschali).

Le Christ est vivant. Il règne. Telle est la clameur de victoire qui retentit. Elle ne se taira plus désormais. Les temps les plus sombres de l’histoire de l’humanité, de l’histoire aussi de nos vies, vibrent de son écho. Le présent du Dieu vainqueur vient à notre rencontre. Il est vivant. Il règne.

Au cœur du chaos primordial, la parole de Dieu a été prononcée : « Que la lumière soit. Et la lumière fut » (Gn 1,3). A nouveau, le jour de notre baptême, Dieu a prononcé sur notre vie une parole. Enfants d’une nature rebelle, nous portions le nom de fils de colère. Dieu nous a offert la réconciliation.

Aujourd’hui encore, Dieu veut faire briller sa lumière, lui donner une intensité plus vive et nous renouveler dans la foi. Ce que Dieu a créé sans nous, il veut le recréer avec nous. Si la parole de nos parents auprès des fonts baptismaux a demandé pour nous la grâce de la foi, il nous revient de demeurer fidèle à la parole de nos aïeux. Aujourd’hui en renouvelant les promesses de notre baptême, nous nous sommes placés derrière l’étendard du Christ pour rajeunir en chacun de nos cœurs un dialogue d’amour.

La parole de Dieu ne s’est pas épuisée. Dieu a encore beaucoup à nous dire, beaucoup à nous apprendre, pourvu que nous lui laissions la parole. L’élan si petit, si ténu, d’un être si faible, si pauvre, un murmure né au plus secret du cœur humain déchaînera des flots d’amour divin qui bousculeront, renverseront, purifieront. La sécheresse des cœurs rabougris s’évanouira au torrent du mystère.

Aujourd’hui s’avance le Roi de gloire, le Vainqueur du tombeau. Il s’avance vers son Père. Il s’avance vers les hommes, posant son regard sur chacune de nos vies. Auprès du tombeau de Lazare, le Seigneur s’est écrié : « Lazare, viens dehors. »

En cette nuit, le Christ nous invite à quitter nos propres tombeaux ; ceux que nous nous sommes construits et où nous avons l’illusion d’être bien, ceux qui nous oppriment et dont nous voudrions être débarrassés. Quels qu’ils soient, ils sont notre prison. Mourons à nos tombeaux pour ressusciter au Christ.

Aujourd’hui s’avance le Roi de Gloire vers sa Mère. Cette Mère qui, au soir du cruel vendredi, était toute douloureuse ; cette Mère à qui l’espérance n’a jamais manqué ; cette Mère qui se réjouit et qui prie pour nous. Qu’elle nous obtienne des cœurs enflammés de célestes désirs.

Regina cæli, laetare. Amen, Alléluia.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #homélies

Repost0

Publié le 16 Avril 2022

 

 

 

 

 

 

photo petit placide 

 

 

Le petit Placide vous souhaite de bonnes et saintes

fêtes de Pâques 2022.

 

 

Happy Easter ! 

Feliz Pascua de Resurrección ! 

Счастливой Пасхи 

Šťastné Velikonoce !

Buona Pasqua  !

 

 

​​​

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 16 Avril 2022

Rédigé par Philippe

Repost0

Publié le 15 Avril 2022

 

 

 

Chers frères et sœurs, à notre époque, en particulier après avoir traversé le siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus. Vers la fin du xix siècle, Nietzsche écrivait: “Dieu est mort! Et c’est nous qui l’avons tué!”. Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous disons.

Après les deux guerres mondiales, les lager et les goulag, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint: l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.

Et toutefois, la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d’espérance. Et cela me fait penser au fait que le Saint-Suaire se présente comme un document “photographique”, doté d’un “positif” et d’un “négatif”. Et en effet, c’est précisément le cas: le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le plus lumineux d’une espérance qui ne connaît pas de limite. Le Samedi Saint est une “terre qui n’appartient à personne” entre la mort et la résurrection, mais dans cette “terre qui n’appartient à personne” est entré l’Un, l’Unique qui l’a traversée avec les signes de sa Passion pour l’homme: “Passio Christi. Passio hominis”. Et le Saint-Suaire nous parle exactement de ce moment, il témoigne précisément de l’intervalle unique et qu’on ne peut répéter dans l’histoire de l’humanité et de l’univers, dans lequel Dieu, dans Jésus Christ, a partagé non seulement notre mort, mais également le fait que nous demeurions dans la mort. La solidarité la plus radicale.

Dans ce “temps-au-delà-du temps”, Jésus Christ “est descendu aux enfers”. Que signifie cette expression? Elle signifie que Dieu, s’étant fait homme, est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme, où n’arrive aucun rayon d’amour, où règne l’abandon total sans aucune parole de réconfort: “les enfers”. Jésus Christ, demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous guider également à la franchir avec Lui.

Nous avons tous parfois ressenti une terrible sensation d’abandon, et ce qui nous fait le plus peur dans la mort, est précisément cela, comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans l’obscurité, et seule la présence d’une personne qui nous aime peut nous rassurer.

Voilà, c’est précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint: dans le royaume de la mort a retenti la voix de Dieu. L’impensable a eu lieu: c’est-à-dire que l’Amour a pénétré “dans les enfers”: dans l’obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue également, nous pouvons écouter une voix qui nous appelle et trouver une main qui nous prend et nous conduit au dehors.

L’être humain vit pour le fait qu’il est aimé et qu’il peut aimer; et si dans l’espace de la mort également, a pénétré l’amour, alors là aussi est arrivée la vie. A l’heure de la solitude extrême, nous ne serons jamais seuls: “Passio Christi. Passio hominis”.

 

benoit XVI 

 

 

 

 

happy birthday to you !

 

+

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 15 Avril 2022

 

 

 

 

 

 

 

 

Christus factus est pro nobis

obediens usque ad mortem

mortem autem crucis.

 

+

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 15 Avril 2022

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photos petit Placide 

cum permissio fssp 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Repost0

Publié le 15 Avril 2022

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 14 Avril 2022

 

 

saint calice

 

Parmi eux se distingue le Saint Calice ou Saint Graal, qui selon la tradition est la coupe que Jésus a utilisée lors de la Dernière Cène et de l'institution de l'Eucharistie. 

Il s'agit d'un vase en agate, datant du 1er siècle, auquel une base et des anses ont été ajoutées à l'époque médiévale.

 

 

 

sudario de Oviedo 

 

 

 

 

lignum crucis . 

 

 

Une autre des reliques les plus importantes d'Espagne est le Lignum Crucis, c'est-à-dire "bûche ou bois de la croix" en latin. Selon la tradition, c'est le morceau horizontal gauche de la croix que Jésus portait. Il est conservé au monastère franciscain de Santo Toribio de Liébana, en Cantabrie (Espagne). 

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 14 Avril 2022

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 13 Avril 2022

 

 

 

 

 

"Voilà l'homme". D'un geste d'aboyeur, solennel et moqueur à la fois, Pilate nous montre le roi des Juifs, fixant ses yeux noirs sur nous spectateurs. Un regard qui nous cloue, comme si nous-mêmes, en ce moment, étions appelés à décider du sort de cet enseignant qui prêchait dans les rues et sur les places, qui aurait accompli des miracles inouïs, qui s'était proclamé fils de Dieu ... "Regardez", dit le gouverneur romain. Prendre la responsabilité que je ne peux pas et surtout ne veux pas prendre sur moi. Pilate le chercheur de vérité, mais qui au fond préfère s'en laver les mains. Pilate symbole d'une autorité qui se targue d'être juste, mais qui finit par céder aux hurlements de la foule...

Pilate, donc, vêtu à la turque, avec turban et zimarra : comme si, en tant que gouverneur romain, il s'était adapté pour servir de laquais aux nouveaux dirigeants de Jérusalem, qui au XVIIe siècle sont précisément les Ottomans. A côté de lui deux voyous qui, d'un geste scénographique (mais ici tout est déjà théâtre, représentation, drame), soulèvent soudain le tissu qui recouvre Jésus (déjà une anticipation de la feuille du Suaire), montrant moqueurs, visages tordus en grimaces obscènes, des satyres, des masques, la figure d'ivoire du Sauveur. Comme le veut le passage évangélique de Jean, la couronne d'épines a été imposée au roi des Juifs, tandis qu'il tient dans ses mains croisées la canne avec laquelle il a été frappé, un sceptre en guise de plaisanterie, les hanches cerclées du manteau de pourpre.

Oui, "Voici l'homme", s'exclame Pilate en le désignant du doigt. Et, bien qu'inconsciemment, il semble presque imiter le geste qui était du Baptiste, pour indiquer l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. L'agneau a conduit au sacrifice lors de la rédemption de la nouvelle Pâque.

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0