Publié le 8 Juillet 2020

 

 

 Nous disons que la prière est un devoir; mais nous allons plus loin, nous disons que la prière est un besoin. 

   Dût-il faire injure à sa raison qui le presse de quitter le monde visible pour s'élever vers le monde invisible, dût-il oublier sa grande nature dans le commerce profane des créatures, et négliger le commerce sacré de la divinité, l'homme sentirait en lui-même l'aiguillon de la nécessité, et lèverait encore ses yeux, ses mains, son esprit et son coeur vers le ciel. 

   Admirable disposition de la Providence qui place le besoin à côté du devoir, qui fait du devoir un besoin, afin que le besoin garantisse l'accomplissement du devoir. 

   Dieu veut que nous recourions à sa paternelle libéralité. Il ne nous refusera rien, mais à la condition que nous lui demanderons tout; et lorsque nous nous étonnerons d'avoir le coeur et les mains vides, il nous faudra entendre ces douces et graves paroles : Jusqu'ici vous n'avez rien demandé : Usque modo non petistis quidquam; demandez et vous recevrez: Petite et accipietis. 

    Demander pour recevoir, voilà la loi.

   Dieu nous l'impose parce qu'il se doit à lui-même de traiter ses créatures proportionnellement à leurs facultés. Il n'attend pas que les êtres inférieurs qui ne peuvent ni connaître, ni exprimer leurs besoins , lui adresse une prière; il les prévient, se penche vers eux, et leur dit à chaque instant : Je suis votre père. Il n'est pas entendu, il n'est pas compris; mais son infatigable bienveillance interprète chaque mouvement, chaque mouvement est pour lui comme un désir auquel il répond par un bienfait. A l'astre glorieux qui roule sur les cordes silencieuses de son écliptique, à l'atome obscur qui gravite dans l'ombre, à l'arbre qui fait chanter son feuillage sonore, à la toute petite fleur qui tend sa corolle au soleil, au géant qui remplit le désert de ses cris, au ciron qui va se noyer dans une goutte de rosée, il envoie incessamment sa féconde bénédiction. Il est vraiment père, et le vrai père n'oublie pas un fils idiot qui ne peut ni le connaître , ni lui demander son assistance. Mais au sommet de la nature, nous voici. D'un côté, besogneux comme le reste du monde; d'un autre côté , riches de lumières pour voir ce qui nous manque, connaître la source de tout bien et comprendre notre dépendance. 

   N'est-il pas juste que tout cela soit exprimé par un acte d'humble soumission, dont le propre est d'établir une religieuse correspondance entre nos besoins et la libéralité divine? Cet acte, c'est la prière de demande. Dieu le réclame par cette loi inscrite dans la charte de son gouvernement :" Demandez et vous recevrez: Petite et accipietis". Et en même temps qu'il le réclame, il en garantit l'accomplissement par un mouvement profond, spontané, universel, irrésistible, le mouvement de l'instinct; car tout être intelligent qui peut voir, comprendre, sentir son indigence, a l'instinct de la demande, de la supplication, de la prière. Appelons-en à notre expérience.

   Que fait l'enfant trop faible encore pour étendre la main, et attirer à soi les premiers biens dont son instinct lui révèle la nécessité? Il demande, il prie, les yeux levés vers sa mère, et, s'il ne peut la séduire par ses caresses et ses baisers, il la fléchit par l'importunité de ses cris et de ses larmes. Que fait le pauvre, lorsque le besoin , plus fort que la honte, le jette dans la rue qu'il traversait naguère avec la sainte fierté du travailleur? Il tend la main, il supplie, il conjure, et si l'amour de Dieu qu'il invoque n'a pas assez d'énergie pour attirer vers lui nos coeurs égoïstes, il demande au nom des calamités que sa colère nous prépare, et cherche à arracher l'aumône de nos mains lâches et tremblantes. Que faisons-nous, nous-mêmes. Pauvres à l'égard de ceux de nos semblables qui peuvent donner et répandre sur notre vie quelque chose de leur gloire et de leurs faveurs, nous prions , nous demandons. Nous demandons l'amour des coeurs, l'appui des robustes, des secours, des encouragements , des consolations; nous demandons des choses bonnes et honnêtes, nous demandons , hélas ! des choses honteuses et viles; nous demandons noblement, nous demandons jusqu'à l'oubli de toute pudeur et de tout sentiment généreux.

   Prenons donc conscience de nous-mêmes, et nous reconnaîtrons combien sont multipliés nos besoins et profonde misère, surtout si nous les comparons à la plénitude divine; par conséquent, combien il est nécessaire que nous dirigions vers Dieu le mouvement instinctif qui nous porte à demander.    

 

   Qu'est-ce que l'homme ?

   - Un être vivant de la vie du corps et de la vie de l'esprit. - Eh bien , dans son corps, comme dans son esprit; dans ce  qu'il a de plus vil, comme dans ce qu'il a de plus noble, l'homme est un pauvre, un grand pauvre. Son corps si merveilleusement organisé ne peut subsister par lui-même; il est obligé d'emprunter autour de lui ce qui le protège contre les forces ennemies de son bien-être et de son intégrité.

   Il est vrai  que la nature se prête assez docilement encore à ses exigences; mais il est vrai aussi qu'au-dessus des lois de la nature , règne une force souveraine qui, par de mystérieux ralentissements de son concours, ou par de justes permissions, peut nous rappeler sa présence et trahir ainsi nos désirs et nos espérances. Il est vrai qu'un travail intelligent et opiniâtre peut féconder les terres stériles, et tirer des entrailles de la matière les trésors qu'elle recèle; mais il est vrai aussi que le travail n'a de puissance, de fermeté et de constance qu'autant que l'organisme fonctionne régulièrement et que la santé répond à la bonne volonté. Et la santé, richesse des travailleurs, est à la merci des plus vulgaires accidents. 

   Il est vrai que les favoris de la fortune peuvent se croire affranchis des besoins qui tourmentent la masse des plus petites gens; mais il est vrai aussi qu'aucune puissance de ce monde ne peut les mettre pour toujours à l'abri des surprises et des coups de l'adversité, et que, s'ils étaient sages, ils chercheraient plus haut que ce monde, une garantie et une protection contre les éventualités d'avenir qui les menacent de plus près, peut-être , qu'ils ne pensent. 

   Il est donc vrai que nous ne devons jamais oublier, jamais cesser d'invoquer cette puissance supérieure qui dispose de toutes les lois de la nature, de toutes les fonctions de notre organisme, de tous les évènements de l'avenir; jamais cesser de recourir à Dieu; car cette puissance c'est Dieu.

   

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

 

   Saint Thomas a dit de la prière " qu'elle est le propre de la créature raisonnable. "

   Il nous semble bien que le monde subit jusque dans ses plus hautes profondeurs la religieuse impression de la majesté de Dieu, et se tient sous sa main dans la respectueuse attitude de la prière. Le Prophète royal adresse à l'univers de solennelles provocations :" Que toute la terre vous adore, ô Seigneur , et chante vos louanges: Omnis terra adoret te et psallat tibi".  On dirait qu'il est impatient de voir tout ce qui est, tout ce qui se meut, tout ce qui vit, tout ce qui respire, tressaillir sous le feu des regards divins, et d'entendre sortir des entrailles de la nature, un hymne grandiose et sublime comme l'oeuvre de Dieu. 

   De son côté, l'Eglise invite la lumière et les ténèbres, les vents et les tempêtes, les frimas et les neiges, les pluies et la rosée, les fleuves et les mers, les montagnes et les vallées, les arbres de la plaine et des collines , les bêtes sauvages et les animaux des champs, toutes les créatures , à bénir le Seigneur. 

   Mais en réalité , aucune créature ne chante, ne bénit, n'adore, ne rend grâces, ne prie que par la bouche sacerdotale de l'homme, dont c'est la condition et le devoir d'exercer, au nom du monde, l'auguste office d'une représentation universelle et de rendre à Dieu la gloire qui lui est due. 

   En effet, ni par leur obéissance passive à la loi qui les régit, ni par la rectitude de leurs mouvements, ni par l'harmonie de leurs rapports, ni par l'accord de leurs voix, les créatures inintelligentes ne peuvent glorifier Dieu comme il veut être glorifié; car elles n'ont ni la conscience de leurs actes, ni la connaissance de leurs destinées, ni la faculté d'agir librement. Ce qu'elles font, Dieu l'accomplit en elles avec une inflexible rigueur, lui seul a conscience de ce qu'il opère, et connaissance du terme suprême de ses opérations. Or, rien de tout cela ne suffit à la gloire extérieure de Dieu; car la gloire, dit saint Thomas, suppose une connaissance claire d'où procède la louange. Une connaissance claire de l'être glorifié, la conscience de l'acte qui glorifie, et, pour que cet acte soit revêtu de la splendeur du mérite, une force originale et personnelle qui soit libre de la produire. Voilà la gloire telle que la comprend instinctivement l'humanité. Instinctivement tout homme qui veut être glorieux désire les hommages d'un être intelligent et libre. Et si les Alexandre, les Scipion, les César, tous les grands capitaines du monde, n'avaient eu pour spectateurs et acteurs de leurs triomphes que les chevaux, les armes , et les étendards des vaincus, les arbres des routes et les monuments des capitales, la terre entière et même tous les astres du firmament, s'ils n'avaient entendu les peuples célébrer leur vaillance et chanter leurs hauts faits, ils seraient mort de dépit sur leurs trophées. 

   Or, ce que sent instinctivement l'homme revêtu de la majesté sanglante du vainqueur, Dieu le doit vouloir, lui qui est revêtu de la majesté sans tache du créateur et du bienfaiteur. Et parce que l'homme est capable de le connaître, non pas sans obscurité, mais assez clairement pour être convaincu de sa grandeur et de sa libéralité infinies, puisque l'homme possède en propre le domaine de ses actes, c'est à l'homme que Dieu s'adresse et demande, pour sa gloire, une prière d'adoration et d'action de grâces. Aussi les anciens, dans leur langage naïf et concis , avaient-ils excellemment appelé l'homme un animal religieux. 

   L'homme est obligé à la prière pour son compte personnel, en raison de sa nature; il est obligé encore pour le monde entier, en raison de sa dignité. Ne pouvant glorifier Dieu par un acte intelligent et libre, les créatures ont besoin d'être représentées dans l'accomplissement de ce grand devoir; l'homme est leur prêtre. Sa nature est une récapitulation de toutes les perfections de l'univers, un centre vivant où les bienfaits de Dieu se donnent rendez-vous, un petit monde. Dans ce petit monde, le grand monde subit l'impression réfléchie de la majesté divine, reconnaît la libéralité de son auteur et les attentions de la Providence, s'élève vers Dieu , adore et rend grâces. L'homme , en un mot, fait prier l'univers. Ce beau mot d'univers, dont nous nous servons pour désigner l'ensemble des êtres, leurs relations et leur harmonieuse tendance vers le centre divin, ne peut être justifié qu'autant que l'homme 

 En donnant un langage à toute créature

Prête pour adorer sa voix à la nature.

(Lamartine)

   Comme l'artiste dont les mains rapides s'abattent, marchent, volent , se croisent sur le clavier à l'aide duquel il exprime ses conceptions savantes, la poésie de ses rêves, la fièvre de ses sentiments, l'homme s'empare de l'orgue immense de la création. Sous l'action mécanique des lois, cet instrument sublime ne fait entendre que des sons monotones qui expirent aux portes des demeures éternelles ; sous l'action de l'âme humaine, son chant s'anime et devient une harmonie de pensée et d'amour qui pénètre les cieux et mêle aux cantiques des anges ses religieux hosannah. 

   Après avoir invité la nature à louer Dieu, le Psalmiste avait raison d'ajouter :" Dirigatur , Domine, oratio mea sicut incensum in conspectu tuo". Que ma prière, ô Seigneur, s'élève vers vous comme un flot d'encens. ps. CXL

   Semblables à des urnes gigantesques, la terre et les astres se balanceraient en vain dans les espaces; Dieu détournerait son regard comme d'un spectacle indigne de sa très sainte majesté, s'il ne voyait sortir de ces encensoirs, toujours en mouvement, le parfum de nos adorations et de nos actions de grâces. 

   L'homme étant le prêtre de la création, nous devons conclure que sa prière, lors même qu'elle se borne à adorer Dieu et à le remercier de ses bienfaits, joue un rôle important dans le gouvernement divin. Elle se produit en vertu d'une loi éternelle et immuable à l'accomplissement de laquelle l'existence de la nature entière est, en quelque sorte, suspendue. 

   Rien ne subsiste dans le monde, rien ne se meut, rien ne vit, rien ne progresse, rien ne tend à la perfection qu'en vertu de l'action providentielle de Dieu; mais l'action providentielle de Dieu ne persévère qu'en vertu du mouvement religieux par lequel la créature retourne à son principe, et lui offre à cueillir, dans son oeuvre même le seul bien qui soit digne de lui: le bien de sa gloire. Supprimons ce bien, la créature n'a plus de fin, et Dieu peut lui dire ce qu'il disait jadis à son peuple :" Tu m'abandonnes, je vais t'abandonner aussi. " Populus iste derelinquit me... et derelinuquam eum . (Deut, cap XXXI,16,17)

   Il est vrai qu'une seule créature raisonnable peut, par ses hommages, retenir la Providence enchaînée à son gouvernement, tant son âme est supérieure au reste du monde. Mais il est vrai aussi que si, par impossible, toutes les âmes à la fois cessaient de prier, Dieu laisserait tomber de ses mains royales les rênes de l'univers, et, en un clin d'oeil , tout être s'évanouirait. 

   Songeons à cela: lorsque, spectateurs immobiles des merveilles du monde, nous arrêtons par une résistance impie les admirables élans de notre âme vers Dieu, nous ne sommes plus à notre place, nous devenons inutiles, que dis-je ? nous devenons nuisibles, car nous conspirons contre nous-mêmes et contre la nature entière. Au contraire, lorsque notre âme , par l'adoration et l'action de grâces monte vers le Père des Cieux, nous devenons , en le glorifiant, les coopérateurs glorieux de son gouvernement. 

   Pénétrés de ces considérations, rentrant en nous-mêmes, élevons notre âme vers Dieu et disons-lui :"

 - O mon Dieu ! mon Maître ! mon Père! mon bienfaiteur ! Beauté infinie ! Bonté sans rivage ! Ne vous ai-je pas trop longtemps méconnu et oublié ? Vous étiez près de moi, vous m'appeliez et je passais des jours entiers sans rien vous dire. Ce n'était pas malice de ma part, mais négligence et préoccupation des choses, qui, pourtant n'ont de prix que parce que vous me les avez données.

   Trop longtemps je fus coupable et ingrat; pardonnez-moi, ô mon Dieu! Désormais, je ne passerai pas un seul jour de ma vie sans vous dire: O unique beauté digne de nos hommages, je vous adore ! O bonté libérale et magnifique, je vous remercie de tous vos bienfaits ! Gloire à vous, Seigneur, dans le ciel et sur la terre ! Nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous adorons; nous vous rendons grâces pour votre plus grande gloire . Adoramus te, gratias agimus tibi, propter magniam gloriam tuam.

RP Monsabré. op 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

Rédigé par Philippe

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

 

 

Dimanche après-midi, 5 juillet, dans la basilique de San Vicente Ferrer à Valence, six frères dominicains des provinces d'Hispanie et de San Vicente Ferrer ont pris leur engagement final dans l'Ordre des Prêcheurs. 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

Rédigé par Philippe

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

dans l'exercice de ses fonctions. 

le parisien 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

 

 

en union de prières pour nos amis ukrainiens  dans la tourmente de la pandémie. + 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #videos

Repost0

Publié le 6 Juillet 2020

 

 

   Monté vers Dieu par l'intelligence et prosterné devant lui par l'adoration, l'homme n'a encore rempli que la moitié de son devoir. Il est en son âme une puissance vénérable et sacrée dirigée par la raison, mais capable aussi d'ébranler la raison quand elle est touchée; c'est la puissance affective que , dans le langage vulgaire , nous appelons le coeur. 

    Il faut que le coeur s'élève et prie. Si le coeur était absent de nos hommages, il manquerait quelque chose à la plénitude de nos rapports avec Dieu, et Dieu ne recevrait de ses créatures qu'une gloire incomplète. L'intelligence s'adresse à la Majesté infinie du Très-Haut, le coeur à son inépuisable libéralité: libéralité glorieusement manifestée par l'acte créateur, incessamment continuée par l'acte conservateur et providentiel. 

   Considérons que l'homme reçoit du monde inférieur et du monde supérieur toutes sortes de biens dont Dieu est l'auteur. Tout bien de la nature est un bien fait pour Dieu. Tout être, toute vie, toute perfection, est un bien fait à un autre être, à une autre vie, à une autre perfection . Il n'est aucune créature qui ne se donne en quelque manière à une autre créature; toutes par un mouvement généreux que leur imprime une main mystérieuse, sortent d'elles-mêmes pour entrer en d'autres, auxquelles elles doivent être utiles, la moins noble dans la plus noble, jusqu'à ce qu'elles arrivent à l'homme, cette royale créature à qui Dieu a dit :" Sois le maître, soumets à ton empire les êtres qui t'ont précédé dans l'existence. "

   En effet , l'homme est maître. Ses besoins et ses plaisirs trouvent dans tous les règnes des tributaires et des serviteurs dévoués. Il y prend en souverain et la demeure qu'il habite, et les vêtements dont il se couvre, et les ornements dont il se pare, et les aliments variés dont il se nourrit, et les parfums qu'il respire, et les remèdes qu'il applique à ses maux, et les forces qui le soulagent dans ses fatigues, et les instruments de son travail, et la matière de ses inventions. 

   Mais les biens qu'il reçoit d'en-bas , ne sont que la plus misérable partie de son patrimoine; l'homme est riche surtout, par les biens qu'il reçoit d'en haut: l'esprit, la vérité, l'amour, la liberté, le vif et persévérant désir de l'immortalité et surtout la grâce qui le rend participant autant qu'il est possible, de la nature divine; la grâce qui l'enrichit des lumières de la foi, étend l'horizon de ses espérances, enflamme son amour, surnaturalise ses actions, et le fait digne et capable de l'éternelle vision et possession de Dieu. 

   Saintes largesses! Quand on y pense, on croit entendre cette céleste parole :" O homme ! ouvre ta bouche et je la remplirai de biens; Dilata os tuum et impleba illud.

    Il résulte de là que la grande et noble nature de l'homme est comme le rendez-vous des bienfaits de Dieu. Or, ce rendez-vous ne peut pas être définitif. Il est régi par une loi supérieur qu'on peut appeler loi de retour, en vertu de laquelle tout bien communiqué revient à sa source première. Si l'homme , comme un abîme, pouvait engloutir et faire disparaître à jamais dans son sein les dons de Dieu, ce serait monstrueux, car alors le bienfait perdrait son nom en perdant son caractère. Ce ne serait plus un bienfait, mais un bien dû, un bien nécessaire, un bien arraché par la fatalité aux entrailles paternelles de Dieu, et Dieu, par le plus étrange des aveuglements se ferait un ennemi de sa propre bonté. 

   On comprend donc la nécessité d'une loi qui prévienne l'oubli du bienfait. Cette loi, la voici: Tout bien fait à un être libre doit se transformer en un acte libre, et retourner ainsi à son auteur. Quel est cet acte? Nous l'avons déjà nommé. C'est un acte simple, vulgaire, naturel , l'acte des pauvres, des deshérités, des malheureux qui ont rencontré quelque part une main secourable et un coeur généreux, c'est l'acte qui nous sert de pierre de touche pour juger les monstres que l'on appelle ingrats: la reconnaissance. 

   La reconnaissance n'est pas un fruit de l'intelligence, c'est un fruit du coeur. L'intelligence connait les bienfaits, les enveloppe de sa lumière les fait descendre radieux vers les rivages sacrés du coeur et le coeur reconnait. Il reconnait, non par un sentiment vague qui ne sait pas s'exprimer; car de même que la connaissance des perfections divines se résout pratiquement en une prière que nous appelons l'adoration, la reconnaissance des bienfaits divins se résout pratiquement en une prière que toutes les langues humaines ont appelée le remerciement, l'action de grâces. 

    Un auteur a dit de la prière qu'elle est la respiration de l'âme. Comme il y a dans toute poitrine humaine deux mouvements, l'un qui aspire l'air, l'autre qui l'expire après qu'il a vivifié le sang, il doit y avoir dans toute âme humaine deux mouvements , l'un qui aspire les dons de Dieu, l'autre qui les expire sous la forme sacrée de la  prière, de l'action de grâces. 

   La nature nous impose cette prière; d'accord avec la nature, l'Eglise nous la demande. Rendez grâces en toutes choses , nous dit-elle par la bouche de saint Paul, telle est la volonté de Dieu. ...

   Adorer Dieu, ce n'est donc pas assez, et fussions-nous prosternés jusqu'à la fin des temps devant sa perfection adorable, faisant monter vers lui le trisagion angélique, il attendrait encore l'élévation de notre coeur et la prière dont lui seul est capable: l'action de grâces. 

   Et puisque l'action de grâces n'est, en définitive, qu'un acte gracieux répondant à un acte gracieux; puisque l'acte le plus gracieux  que l'homme puisse produire, c'est de dire sincèrement à quelqu'un :" Je vous aime", Dieu notre bienfaiteur et notre père attend de nous, de l'humanité tout entière ce mot sublime et charmant que tous les coeurs tendres et généreux convoitent, ce mot qui remercie plus éloquemment que tous les discours humains :" Je vous aime. "

  Dieu attend de nous l'action de grâces, amoureuse expression de notre reconnaissance; ne la lui refusons pas; ce serait non seulement trahir notre devoir, mais encore méconnaître notre dignité. 

 

rp Monsabré. 

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 6 Juillet 2020

 

   Les cieux! le firmament! Cette voûte aux teintes douces, émaillées de lumières , comme une prairie de fleurs, aux jours où renait la vie; ces étoiles immuables qui versent sur nous leurs tranquilles et intarissables rayons; ces astres errants qui mesurent les temps et les espaces; ce soleil toujours actif et toujours puissant, centre du mouvement qui nous emporte, foyer de la lumière qui nous réjouit et de la chaleur qui fait sourdre partout la vie! 

   Le ciel, le firmament, région inexplorée de mille bienfaits: l'ordre , la mesure , le mouvement ,la lumière, la chaleur, la pluie, la rosée, les vents ! - Et la terre! où les grands monts reçoivent les neiges et portent les glaciers éternels dont la perpétuelle transpiration alimente les fleuves, les rivières , les ruisseaux, fécondes artères du globe ; la terre, où l'on entend les soupirs et les mugissements des abîmes, où l'on contemple les admirables élans de la mer; la terre, où l'on voit partout s'étendre comme un vêtement somptueux les plantes, dont les germes meurent et renaissent dans les embrassements du sol, dont les bourgeons éclatent sous les caresses de la brise, dont les fruits mûrissent sous les ardents baisers du soleil; la terre où naissent et s'agitent des myriades d'êtres animés dans lesquels la vie éclot, se multiplie et progresse jusqu'à ce qu'elle arrive à sa perfection; bref, l'ordre et l'harmonie de ce vaste univers, est- ce que tout cela ne nous parle pas de la présence, de la science, de la sagesse, de la puissance de Dieu? Est-ce que tout cela n'est pas un effet de son éternelle et infinie beauté? 

   Ah! pour peu que l'on soit attentif, on voit, on entend, on sent partout dans la nature, comme une palpitation religieuse, comme un saint frémissement qui cherche à se communiquer à l'âme et le presse d'adorer son Créateur, son roi, son Père, son Dieu ! 

   Quel témoignage! Mais les cieux, le firmament, la terre , parlent moins éloquemment que nous-mêmes ! L'homme seul est un spectacle où se révèlent, mieux que partout ailleurs, les adorables perfections de Dieu. La sublime architecture de son corps, la noblesse de son attitude, la savante et parfaite ordonnance de ses membres et de ses organes, l'infinie variété de leurs fonctions sont de si grandes merveilles, que de grossiers admirateurs se sont imaginé que l'homme pourrait finir là où finit en lui la matière. Pourquoi se sont-il arrêtés au seuil de notre belle nature? S'ils étaient entrés dans ses profondeurs, ils y auraient rencontré l'esprit qui fait vire le corps, l'âme invisible substance, intelligence lumineuse et pénétrante; immortelle patrie de la pensée, du souvenir , de l'amour et de la liberté; l'âme manifestée par l'éclat du regard, les yeux variés de la physionomie, et surtout par le grand don de la parole; l'âme véritable image de Dieu et chef d'oeuvre de sa puissance, de sa sagesse et de sa bonté. 

   Et alors, ils auraient dit avec le Psalmiste :" Vos oeuvres sont admirables, ô mon Dieu, et mon âme ne peut mieux les connaître qu'en elle-même". 

   Chrétiens, choisis par Dieu et marqués d'un caractère sacré, pour être des adorateurs en esprit et en vérité, ne sommes-nous pas plus coupables que les païens si nous traversons tous les âges de la vie sans élever nos coeurs vers Dieu, vers cet auguste visiteur qui a daigné soulever les portes de nos tentes voyageuses, et habiter avec nous dans cette vallée d'exil? Jésus réclame; Jésus proteste; il nous jetterait à la face ses reproches et ses anathèmes s'il n'aimait mieux être miséricordieux et nous appeler par ses gémissements. 

   O hommes! ô chrétiens ! ne disons plus :" Dieu se cache. Où est-il que nous l'adorions?" Il est partout, et partout il se manifeste et nous appelle. Il est dans la nature; il est en nous; il est dans l'Eucharistie. Prosternons-nous donc, prions, adorons : Adoremus et procidamus ante Deum . Que les louanges de notre âme montent vers lui, comme la fumée religieuse de l'encens. Ainsi nous accomplirons le premier et le plus grand de nos devoirs. 

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Philippe

Publié dans #spiritualité

Repost0

Publié le 6 Juillet 2020

Rédigé par Philippe

Publié dans #divers

Repost0